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Accueil du site > Programmes > Compétition dans les sociétés du haut Moyen Âge

Compétition dans les sociétés du haut Moyen Âge

Responsable : Régine Le Jan
En collaboration avec Laurent Jégou et Stéphane Gioanni.
Conventions : avec Paris-Ouest, Limoges, Paris Est, Padoue, Institut Français d’histoire en Allemagne, Tübingen, Hambourg.
Thème : Histoire et anthropologie des sociétés du haut moyen âge
La compétition pour les richesses est une thématique commune avec l’équipe « Économie et Société médiévale » dirigée par Laurent Feller et l’équipe « Église, corps social » dirigée par Dominique Iogna-Prat.
Ce programme bénéficie du soutien du programme Alliance : Competition in medieval society (500-1300) entre l’Université de Columbia (Adam Kosto) et l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne.
Un site européen, géré par Sylvie Joye

COMPÉTITION DANS LES SOCIÉTÉS DU HAUT MOYEN ÂGE (VIe- XIe SIÈCLES)

Il s’agit d’analyser les modalités de la compétition et d’en préciser le caractère plus ou moins agonistique. Il faut donc se pencher sur les pratiques sociales développées par les élites du haut Moyen Âge pour s’élever dans la hiérarchie et faire reconnaître leurs positions. On s’intéresse à tous les éléments qui entrent dans la compétition, aux liens d’amitié/inimitié qui structurent les groupes en compétition, ainsi qu’aux rituels. Par ailleurs, l’accent est mis sur l’interférence possible entre crises, renforcement de la compétition et instabilité sociale. Le VIe et le Xe siècles feront certainement l’objet d’une étude comparative.

- Compétition, médiation et mobilité dans les sociétés
du haut Moyen Âge occidental (VIe-XIe siècle)

Responsables : Régine Le Jan et François Bougard

Le thème « Compétition, médiation et mobilité dans les sociétés du haut Moyen Âge occidental (VIe-XIe siècle) » permet d’approfondir la thématique étudiée dans le cadre du précédent quadriennal. En effet, les interférences entre questionnements anthropologiques, leçons sociologiques et recherches historiques sont maintenant assez nombreuses pour qu’un projet de recherche soit lancé sur le thème des échanges sociaux dans les sociétés du haut Moyen Âge. La rencontre organisée par l’UMR 5594 à Auxerre en janvier 2006 sur « Don et sciences sociales » a montré l’urgence pour les historiens médiévistes de prendre en compte l’ensemble des travaux en sciences sociales qui se sont multipliés durant les deux dernières décennies, afin de mieux définir les caractères des sociétés médiévales. En effet, s’il est facile de mettre en lumière des phénomènes de réciprocité et d’échange dans les sociétés du haut Moyen Âge, celles-ci sont aussi des sociétés compétitives, où l’échange implique la redéfinition des positions dans la hiérarchie. La compétition implique des formes d’échanges agonistiques et de médiation pour rétablir l’équilibre quand celui-ci se rompt. La compétition enfin est le moteur de la mobilité sociale.
La compétition pour les richesses et pour le pouvoir touche en effet l’ensemble des acteurs sociaux ; atteint toutes les formes de production, de distribution et redistribution ; concerne les relations avec l’au-delà, retranscrites en termes de circulation des biens ; implique de nombreux intermédiaires, médiateurs et associés
On étudiera donc les formes d’échanges compétitifs, à la lumière des leçons de l’anthropologie et de la sociologie et en partant d’un concept clarificateur, celui de médiation. Par définition, les élites entrent dans le jeu de la médiation ou de l’intercession, puisque les membres de l’élite sont médiateurs dans la hiérarchie et que l’on fait appel à eux pour rétablir la paix. La médiation n’intervient pas seulement dans les processus de règlement des conflits, mais aussi dans la production des rapports politico-religieux qui donnent sens aux rapports sociaux.
Les thèmes d’intérêt sont :
- les formes de la médiation,
- les catégories de médiateurs,
- le genre des médiateurs

La question de la mobilité sociale est essentielle puisqu’elle mesure les possibilités de changement de position dans la hiérarchie. La pertinence du concept devra être questionnée : on pourra, avec Florence Weber, lui préférer celui d’instabilité sociale.
Si l’enquête sur la représentation de la mobilité est assez vite faite, la manière de l’appréhender dans sa réalité historique pose problème. Puisque les sociétés du haut Moyen Âge ne sont pas des sociétés de castes, que les statuts y sont moins rigides qu’il n’y paraît, que des biens matériels et symboliques (terres, fonctions, objets précieux, femmes) y circulent et que la compétition qu’ils suscitent est le moteur de la mobilité, quelle est l’ampleur de cette dernière et comment la mesurer ?
La sociologie part du principe que, dans les sociétés traditionnelles, la mobilité, qui permet un réajustement permanent de la hiérarchie, est beaucoup moins forte que dans les sociétés contemporaines. Notre documentation, qui est celle des élites, ne constitue-t-elle pas un prisme tellement déformant qu’il est impossible d’apprécier réellement l’importance des renouvellements ? Par quelles méthodes mesurer la mobilité ? Selon quels critères ? Quels sont les moyens et les possibilités d’ascension sociale, en partant d’où et en allant jusqu’où ? Quels sont les risques de déclassement ?
L’ascension des individus entraîne-t-elle celle des groupes auxquels ils appartiennent ? À l’inverse, le déclassement des individus entraîne-t-il celui des familles ? Y a-t-il des facteurs qui accélèrent la mobilité dans certaines périodes ?
La mobilité (ou l’instabilité) était constante dans un haut Moyen Âge que l’on ne peut qualifier de « stagnant », il faut en conséquence :
- distinguer les moments de mobilité selon les groupes sociaux : tous ne bougent pas ensemble et à la même vitesse ;
- analyser plus spécifiquement les crises – celle du VIe siècle étant une crise générale majeure (Chris Wickham), celle de la fin du IXe siècle étant plus spécifiquement politique – et tenter une périodisation plus ample :

  • forte mobilité du VIe siècle, moment majeur, en contexte de crise sur plusieurs fronts ;
  • les VIIe-VIIIe siècles davantage caractérisés par une mobilité provoquée par la différenciation et la hiérarchisation. Le service du roi offre des possibilités d’ascension à certains ; ce que l’on pourrait qualifier d’âge d’or de la paysannerie prend alors fin ;
  • l’époque carolingienne est plutôt à la rigidité, surtout une fois terminée la phase de conquêtes, sauf dans les sociétés de frontières traditionnellement plus dynamiques (Catalogne et Saxe) ;
  • fin IXe-début Xe, la crise au niveau de l’élite accélère la mobilité au sommet, puis débouche sur l’ascension des milites etc. ; l’âge seigneurial, lui, démultiplie localement la mobilité ;

– redonner tout son poids au politique, à la fois dans la régulation de la mobilité et dans la capacité à faire sauter les verrous symboliques, spécialement celui de l’ascension à partir de la classe servile ;
– ne pas négliger le droit, qui constitue le cœur d’une des thématiques : les contrats agraires peuvent encourager ou freiner la mobilité ; en toile de fond constante, également, les pratiques successorales, qui sont un défi à relever pour les familles et stimulent la mobilité.


- Compétition, médiation et sacré
Responsables : Laurent Jegou et Stéphane Gioanni

La question des relations entre société et sacré est centrale. Sont étudiées :
- les nominations épiscopales et abbatiales, sujet qui requiert une nouvelle approche, en particulier la question du népotisme (Laurent Jégou, Laurence Leleu).
- le contrôle des monastères et des lieux de culte, question qui s’inscrit à la fois dans une économie d’échange, une compétition entre groupes familiaux et la question du contrôle de l’espace. Dans cette perspective, le rôle de la liturgie, en particulier de la liturgie itinérante, celui des reliques, qui servent à sacraliser l’espace et qui deviennent des acteurs et des enjeux de la compétition (cf. reliques amenées dans les conciles de paix ou les plaids judiciaires) sont particulièrement pris en compte. Dans ce cadre intervient le problème de l’excommunication et de l’interdit, dans leurs considérations sociales et spatiales. Ceci constitue également un thème séquent avec l’équipe Normes et société. (Laurent Jégou, Claire Tignolet).
- les évêques épistoliers médiateurs dans la christianisation de la société et de la culture et dans l’émergence de nouvelles élites (par exemple dans l’Italie du VIe siècle (Stéphane Gioanni, Cristina La Rocca), l’intercession et la médiation, avec un projet d’étude prosopographique des médiateurs et intercesseurs. Cela permettrait d’aborder le concept de distance sociale entre les acteurs de ces modes de réconciliation.

- Compétition, médiation et genre
Responsables : Sylvie Joye et Geneviève Bührer-Thierry

La question du genre a été abordée à Padoue lors de la rencontre publiée en 2008, mais le thème « Compétition » implique d’en faire un thème de recherche spécifique.
La place des femmes dans le système de l’échange social apparaît ambiguë et contradictoire. D’un côté, les femmes semblent être des acteurs passifs dans la compétition, comme le suggère le concept anthropologique d’échanges des femmes, de l’autre elles apparaissent comme des actrices qui participent au jeu social, incitant à la vengeance ou poussant à la médiation. Pour résoudre cette contradiction, on abordera la question par le biais du genre, en recherchent les formes « genrées » de la compétition et de la médiation.
Ceci conduit à poser la question des sources et des constructions mentales. Les auteurs du haut Moyen Âge construisent des représentations genrées et nos propres représentations mentales des genres forment un écran qui rend la question du genre difficile.
Ce thème fait l’objet d’études transversales.