Structures institutionnelles et fonction sociale
Responsable : Thierry Kouamé
Les écoles cathédrales et collégiales du Xe au XIIe siècle ont rarement été étudiées pour elles mêmes. Dans les vingt dernières années, les approches novatrices sur cette question ont surtout été le fait de médiévistes étrangers, en dehors des travaux de Michel Sot sur Reims, Charles Vulliez sur Orléans ou Cédric Giraud sur Laon. La période qui va du Xe au XIIe siècle constitue pourtant une étape décisive dans l’histoire des institutions d’enseignement de l’Occident médiéval. Elle voit, à ses débuts, le délitement du pouvoir carolingien, qui avait favorisé la renaissance des études, tandis que sa fin se caractérise par l’affirmation de la monarchie pontificale et l’émergence des États plantagenêt et capétien. Entre ces deux bornes chronologiques, on assiste à la mise en place d’une organisation sociopolitique non étatique, la féodalité, qui n’a pas manqué de peser sur l’évolution des structures scolaires. Il s’agit donc de rétablir les écoles capitulaires dans leur continuité historique, depuis leurs origines carolingiennes jusqu’à leur mutation, ou non, en universités. Après une étude du cadre institutionnel dans lequel s’exerçait la fonction d’écolâtre, l’enquête va se concentrer sur les provinces ecclésiastiques de Trèves et de Cologne, à la croisée des domaines culturels germanique, italien et français. L’activité d’une école supposant l’entretien d’une bibliothèque et d’un scriptorium, ce sont tout d’abord ces indices qui seront recherchés. L’objectif visé est d’inventorier les écoles actives dans ces régions et surtout les réseaux intellectuels qui les animent. Au-delà, ces travaux préciseront l’insertion et le rôle des écoles capitulaires dans la société féodale et donc la fonction sociale de l’enseignement supérieur avant la formation d’un champ universitaire.