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Accueil du site > Champs de recherche > Espaces – réseaux – communautés > Archives > Ecclésiologie et histoire de la société (400-1500) > L’« économie chrétienne » (400-1200)

L’« économie chrétienne » (400-1200)

L’accent sera mis sur l’étude de la place de l’ecclésial dans le social au Moyen Age, ce champ étant peu pris en compte dans les études ecclésiologiques souvent centrées sur une histoire des idées (doctrines et dogmes). On se propose de suivre la proposition de Georges Duby qui insistait sur la nécessité de faire à l’Église et au « religieux » toute sa place au sein du féodalisme.
Il convient ainsi de s’intéresser à la genèse et au développement de l’institution ecclésiale, qui assure son ancrage ici-bas sous la forme de biens matériels tout en transformant ces biens en quelque chose de mieux dans la perspective de l’au-delà. En ce sens, l’« économique » est adapté aux besoins du christianisme pour permettre de penser le fonctionnement de l’Église comme fabrique sociale.
Mais comment, à partir des années 390 (quand le christianisme devient religion d’État), trouver dans une utopie égalitariste des règles de fonctionnement communautaire ? Quels principes conformes à l’enseignement du Christ et de ses premiers disciples retenir pour rendre compte de la bonne marche d’une société complexe, juridiquement, culturellement, ethniquement et même religieusement plurielle ? Comment, en particulier, promouvoir l’idéal apostolique de partage général des biens dans une société aristocratique hiérarchisée ? Comment articuler soustraction des hommes et des biens (dans le cadre du monachisme et des communautés de clercs voués au célibat), circulation de la richesse, des honneurs et des fonctions nécessaires à la reproduction sociale ? Il y déjà bien longtemps que les anthropologues (spécialement Jack Goody et Maurice Godelier) ont indiqué aux médiévistes l’importance du phénomène ecclésial au cœur du fonctionnement des sociétés médiévales, mais l’étude fouillée de ce phénomène reste encore largement à réaliser.

Si « L’économie du christianisme » est un terrain relativement familier pour un antiquisant tardif ou pour l’historien de la fin du Moyen Age, ce n’est pas le cas pour les spécialistes de l’entre-deux (Ve-XIIe siècles). Or, c’est précisément le temps de l’histoire occidentale où l’ecclésial en vient à se confondre avec le social. Il convient donc de poursuivre la réflexion engagée par les quelques travaux novateurs disponibles (U. Meyer, J.-P. Devroey). Dans ce but, on reprendra méthodiquement la sédimentation des études relatives tant à la propriété ecclésiastique (É. Lesnes, É. Lormeau) qu’à la « gestion publique » (J. Durliat, É. Magnou-Nortier), mais en recourant aux cadres de réflexions et aux notions offerts par la sociologie et l’anthropologie. En collaboration avec l’équipe travaillant sur « Les élites au haut Moyen Âge », on tentera de revenir à nouveaux frais sur l’étude de la formation d’une économie chrétienne du IVe siècle jusqu’à la scolastique. Une attention spécifique sera accordée à trois moments :
- la réflexion des Pères latins (Augustin, Julien Pomère, Césaire d’Arles, Grégoire le Grand) ;
- l’apport des clercs carolingiens (spécialement dans le cadre des collections canoniques dites « systématiques », des capitulaires épiscopaux et des premiers traités sur la propriété ecclésiastique) ;
- le tournant pris par l’ecclésiologie grégorienne et la conception de l’Église comme « trésor ».
Des journées d’études régulières sont consacrées à ce thème de recherche.