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Accueil du site > Champs de recherche > Techniques - technologies > Histoire des techniques et des arts > Productions et échanges

Productions et échanges

Responsable : Philippe Bernardi ; en collaboration avec Quitterie Cazes, Laurent Feller, Julien Demade, Emmanuel Grélois, Emmanuel Huertas et Maëlle Ramage.


Philippe Bernardi développe un programme sur la « Production et les échanges au Moyen Âge ». Celui-ci, axé sur le monde méditerranéen au bas Moyen Âge, concerne principalement la construction et prend le chantier comme point d’application de sa réflexion propre. Au centre de son interrogation se trouvent des questions concernant l’organisation de la production d’une part, la production et le marché d’autre part. Ces questions rejoignent, par le biais de l’histoire des techniques, la problématique de la « Circulation des richesses », ainsi que celle de la « Culture des commanditaires ».
Le programme « Histoire de la construction » au moyen d’un séminaire structure et articule ce thème pour les années prochaines.


- L’organisation de la production :
Avec l’étude des structures de production se pose, en premier la question de l’entreprise médiévale. Sous quelles formes se présentent les unités de production chargées de réaliser le travail ? Quels sont leurs effectifs ? Quels liens unissent les membres d’une même équipe ? Quel degré de complexité peuvent atteindre certaines structures ? Peut-on dégager une évolution nette : le passage d’un type d’unité à un autre ?…
Certains personnages dominent à l’évidence l’ensemble de la chaîne de production (de la fourniture des matériaux à leur mise en œuvre) et peuvent réaliser les travaux eux-mêmes, n’assurer qu’une partie de la prestation ou sous-traiter l’ensemble. C’est, en effet, la fin du Moyen Âge qui voit se développer un « nouvel intermédiaire » auquel le commanditaire délègue la conduite de ses plus gros travaux : l’entrepreneur. Et c’est à ce moment, comme le souligne Hélène Vérin, qu’apparaissent les termes d’entreprise et d’entrepreneur, le dernier s’appliquant, en général, en premier lieu à l’architecte et au maître-maçon. L’entrepreneur introduit alors avec ses sous-traitants de nouveaux rapports de marché et de dépendance qui se surajoutent à ceux reconnus traditionnellement au sein de la hiérarchie professionnelle entre maître, compagnon, apprenti et manœuvre.
La taille, le fonctionnement, la composition, les combinaisons possibles et l’évolution des unités de production médiévales nous échappent encore pour une grande part, et avec eux un pan important de l’histoire du travail. La grande mobilité des personnes s’exprime également dans leur rapport au monde du travail, rendant l’appréhension du statut professionnel des individus relativement délicate, car un même individu peut tour à tour ou conjointement exercer plusieurs activités, dans des secteurs fort divers. Il conviendrait de s’interroger sur cette pluri-activité, sur ce qu’elle induit comme rapport au travail et sur ses conséquences dans la diffusion de certaines pratiques au sein de la société. Il faudrait, ce faisant, considérer la portée exacte du qualificatif professionnel dont on peut se demander s’il est (vraiment ? uniquement ?…) « professionnel ».


-  Production et marché :
L’étude se concentrera sur les liens entre production et marché, principalement en ce qui concerne les matières premières, la technologie et l’évaluation des produits. Chacun de ces sujets a déjà fait l’objet de multiples publications mais quelques voies d’approche originales sont encore à explorer. En ce qui concerne les matières premières, une attention particulière sera portée à deux sources d’approvisionnement généralement évoquées très rapidement et dont l’importance demeure à apprécier : la récupération et l’autoproduction. Entre appropriation symbolique et vandalisme, le remploi ou la récupération n’a pas trouvé sa place dans une histoire économique et technique de la production. Ce type de pratique est généralement considéré comme marginal ou, au mieux, secondaire par rapport à l’approvisionnement en matériaux « neufs ». Nous en trouvons aussi la trace dans le fait que l’analyse de la plupart des produits passe impérativement par l’étude de leur genèse, liant implicitement l’usage ou l’échange à la production. La plupart des constructions encore en élévation, de même qu’une lecture attentive des textes conservés, montrent cependant que l’on « empruntait » beaucoup aux époques antérieures.
La voie ouverte par les divers colloques et publications de ces dernières années sur l’innovation place ce phénomène au cœur de la réflexion scientifique sur les techniques. On analysera cette nécessité dont l’innovation serait la fille, c’est-à-dire les motivations personnelles et sociales des individus ou des groupes qui l’introduisent. La réflexion portera, par ailleurs, sur ce que l’on pourrait qualifier de potentiel, ou de culture technique d’une société, sur la gamme des possibilités offertes en tous lieux aux commanditaires et aux techniciens pour moduler leurs réalisations en fonction de multiples critères (esthétiques, financiers…). Tenter de cerner ces modulations et leurs causes devrait, à terme, permettre d’appréhender avec plus de finesse le subtil jeu de représentation sociale dont l’architecture est l’un des média.
La recherche proposée sur l’évaluation des produits rejoint une étude des prix et des salaires partiellement entreprise au sein du Lamop. L’approche, dans ce domaine, portera plus particulièrement sur des questions métrologiques, et notamment sur les modes de mesure ou d’évaluation employés. Face à une lecture trop littérale ou rationaliste des données chiffrées exprimées dans les sources médiévales, il est important de chercher à apprécier, tout d’abord, la part de négociation ou d’arrangement en amont du recours à une unité de mesure quelconque. Car l’on s’est bien souvent contenté d’appliquer mécaniquement une simple opération de conversion, sans se préoccuper de ce que représentaient, pour les hommes du Moyen Âge, les unités indiquées, ou plutôt sans se préoccuper de la démarche qui conduit à exprimer la valeur d’une construction quelconque sous la forme d’un certain nombre d’unités de longueur ou de surface, sans s’interroger sur le rapport entretenu entre une expression comptable et la réalité physique de l’élément évalué.