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Accueil du site > Programmes > Économie et techniques de construction > Présentations des séances > Histoire de la construction - 2010-2011

Histoire de la construction - 2010-2011

lundi 18 janvier 2010

 [1]

Le lieu du chantier

Le chantier est une notion ambivalente et paradoxale. Comme il peut être fixe ou itinérant, ouvert ou fermé, désordonné ou organisé, la diversité des actions qui s’y déroulent contribue à brouiller notre compréhension du monde de la construction. Notre propos serait de montrer que cette difficulté de saisir le chantier ne nous empêche pas d’en avoir une vision complète. En effet, le chantier est un lieu de vie, de partage à la fois de la peine (travail) comme du savoir (apprentissage), de la violence (contestation) comme de la solidarité (repas, repos). La « loge », comme la chambre au trait, autant de manifestations de l’éclatement du chantier constructif, constituent-ils des épiphénomènes médiévaux ou perdurent-ils à l’époque moderne ?

Introduction de la séance
Bibliographie

- Michaël WYSS (Unité municipale d’archéologie de Saint-Denis) et Jean-Pierre GELY (Muséum national d’Histoire naturelle de Paris et Lamop) : « L’approvisionnement en pierres de construction du chantier monastique de Saint-Denis vu par les textes, la géologie et l’archéologie du bâti (XIIe-XVe siècles) » [2]

Vers 1137, Suger décide d’agrandir la basilique carolingienne. L’approvisionnement traditionnel du chantier en pierre d’appareil qui provient de Carrières-sur-Seine (appelées anciennement Carrières Saint-Denis), apparaît certainement insuffisant et inadapté pour répondre au programme architectural envisagé. En parlant de la construction du massif occidental, Suger laisse entendre qu’il était préoccupé par la recherche de nouvelles carrières produisant des pierres de bonne qualité. En révélant un changement de la nature des pierres calcaires mises en œuvre, l’analyse géologique et archéologique confirme ce témoignage écrit. Dorénavant, le chantier de l’abbatiale se fournit dans les centres carriers situés dans les faubourgs parisiens de Saint-Marcel et de Saint-Jacques, sur la rive gauche de la Seine, ainsi qu’à Charenton-le-Pont, sur la rive droite. Ce schéma d’approvisionnement perdure tout au long du XIIIe siècle. Dès le début du XIVe siècle, la pierre de l’Oise (Saint-Leu-d’Esserent / Saint-Maximin) se substitue progressivement à la pierre de Paris sur le chantier de l’abbatiale. Cette évolution se généralise dans toute l’Île-de-France au cours du XVe siècle.

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- Juan Clemente RODRIGUEZ ESTÉVEZ (Université de Séville) : « Les chantiers de la cathédrale de Séville autour de 1500 » (La obra de la catedral de Sevilla en torno a 1500) [3]

La construction de la cathédrale gothique de Séville a commencé en 1433 et s’est poursuivie jusqu’au XVIe siècle. En 1507, on inaugura l’édifice, qui ne fut cependant définitivement achevé que dix ans plus tard, suite à l’effondrement de sa tour-lanterne en 1511.
Dans notre intervention, nous proposons une étude du chantier de la cathédrale autour de l’année 1500, alors qu’il touche à son terme. On peut alors observer un organisme parfaitement rodé, doté d’un service administratif et d’une organisation du travail solides, perfectionnés pendant des décennies et dont les ramifications se sont étendues à toute la région ; mais ce projet en perpétuelle révision, appelé à relever son dernier grand défi, prend également une nouvelle tournure.
L’édifice en construction et l’édifice construit forment les deux faces d’une réalité qui eut une extraordinaire influence sur toute l’architecture religieuse du monde hispanique

La obra gótica de la Catedral de Sevilla se inició en 1433, extendiéndose los trabajos hasta el siglo XVI. En 1507, se inauguró un edificio, que debió demorar su conclusión definitiva durante una década, por el derrumbamiento del cimborrio, producido en 1511.
En nuestra intervención, planteamos una aproximación a la obra de la catedral en torno al año 1500, cuando afrontaba su conclusión. Entonces podía observarse un organismo bien engrasado, dotado de un sólido aparato administrativo y laboral, perfeccionado durante décadas, cuyos tentáculos se extendían a toda la región. Pero, también, la aparición de nuevos aspectos asociados a un proyecto en continua revisión, llamado a resolver su último gran reto.
La obra constructiva y la obra construida forman las dos caras de una realidad, cuya influencia en la arquitectura religiosa del mundo hispánico fue excepcional.

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- Luc TAMBORERO (entrepreneur, tailleur de pierre de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France (AOCDTF), chercheur associé au laboratoire Géométrie Structure Architecture (GSA) - ENSA Paris-Malaquais, diplômé de l’EHESS) : « Du trait au chantier, les épures de la voûte d’Arles. » [4]

Le chantier de l’hôtel de ville d’Arles illustre pour la première fois en France la manière d’une nouvelle architecture et de la pratique de son métier.
Au premier matin de l’Académie Royale d’Architecture, le trait sort de la loge et s’installe sur le chantier, abstrait mais rapide, scientifique mais simple. L’architecte récupère le compas d’appareilleur et se positionne en maître du chantier comme de l’ouvrage.

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- Allan POTOFSKY (Université Paris-Diderot) :« Comment la Révolution fit irruption sur les chantiers de construction à Paris. » [5]

Cette contribution se propose d’étudier la façon dont la Révolution fit irruption dans la construction privée et publique parisienne. À l’époque de la Révolution, la fragilité du secteur du bâtiment à Paris fut d’abord sensible dans les chantiers privés. Puis, comme aujourd’hui, la crise financière et l’incertitude politique conjugués affaiblirent les marchés du logement et du travail. Mais le printemps 1791 s’accompagna de circonstances favorables à une amélioration, ce qui permit la reprise de la construction publique et privée, après la transformation des assignats en papier-monnaie. L’assignat eut donc pour conséquence inattendue d’encourager la construction. La reprise des chantiers privés entraîna celle des chantiers publics : le Palais de justice, le Louvre et le pont de la Concorde offrirent des emplois supplémentaires.

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[1] « Indiens transportant des blocs de pierre sur leur dos pour la construction d’un immeuble » c. 1927, © Tina Modotti, Coll. Ruth et Labrie Ritchie

[2] Éléments de bibliographie sur M. Wyss et J.-P. Gely :
Wyss M. (dir.), Atlas historique de Saint-Denis. Des origines au XVIIIe siècle, Paris, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1996, Documents d’Archéologie Française n° 59, 445 p., ISBN 2-7351-0618-7.
Gély J.P., « Changements remarquables de pierre d’appareil dans les édifices religieux de la France du Nord et de la Catalogne française au passage de Moyen Âge à la Renaissance », dans Lorenz J. et Gély J.-P. (dir.), Carrières et constructions IV, Paris, CTHS éd., 2004, p. 111-153.
Gély J.P. et Wyss M., « Les sarcophages de pierre de Saint-Denis, origine des roches et reconstitution des axes de diffusion », dans Saint-Denis de Ste Geneviève à Suger, Dossiers d’Archéologie, 297 (2004), Faton éd., p. 36-37.
Blary (F.), Gély (J.-P.) et Lorenz (J.) (dir.), Pierres du patrimoine européen. Economie de la pierre de l’Antiquité à la fin des temps modernes, Paris, CTHS, 2008, 482 p. ISBN 978-2-7355-0667-5
Gély J.P. et Wyss M., « Building stones in Saint-Denis from its beginning to the 18th Century », dans Written in Stone, Ashgate Publishing Ltd éd (sous-presse).

[3] Éléments de bibliographie sur J.C. Rodríguez Estévez  :
Rodríguez Estévez J. C., Cantera y Obra. las Canteras de la Sierra de San Cristobal y la Catedral de Sevilla, El Puerto de Santa María, Ayuntamiento del Puerto de Santa María. 1998, 144 p. ISBN : 84-89141-22-3.
Rodríguez Estévez J. C., Los Canteros de la Catedral de Sevilla : del Gótico al Renacimiento, Séville, Diputación Provincial de Sevilla, 1997. 470 p. ISBN : 84-7798-143-4.
Rodríguez Estévez J. C., « Los Constructores de la Catedral. La Catedral Gótica de Sevilla », dans Fundación y Fábrica de la Obra Nueva, Séville, Universidad de Sevilla. Secretariado de Publicaciones. Vol. 1. 2007, p. 147-207. ISBN : 978-84-472-10.
Rodríguez Estévez J. C., « La Mezquita. un Modelo Arquitectónico para la Comunidad Islámica », dans Espiritualidad y Convivencia en al-Andalus, Huelva, Servicio de Publicaciones de la Universidad de Huelva. 2006, p. 127-150, ISBN : 84-96373-92-4.
Rodríguez Estévez J. C., « Arte Gotico en Andalucia. Aportaciones Andaluzas a la Historia del Arte », dans Gran Enciclopedia Andaluza del Siglo XXI, Séville, Tartessos, 2000, p. 113-155.

[4] Éléments de bibliographie sur L. Tamboréro :
Tamboréro, L., « La coupe manuelle des marches en pierre de Lecce », dans L’Arte della Stereotomia. I Compagnons du Devoir e le meraviglie della costruzione in pietra, C. D’Amato Guerrieri et G. Fallacara éd., Paris, Librairie du Compagnonnage, 2005, p. 75-78.
Tamboréro, L., « The Vis saint-Gilles, symbol of compromise between practice and science », dans Proceedings of the Second International Congress on Construction History, M. Dunkeld et al. ed., Construction History Society, Cambridge, 2006, p. 3025-3040. ISBN 0-7017-0203-6.
Tamboréro, L., avec la collaboration de C. Piffaut, « D’Alexandrie à Paris : restaurer et déplacer le lapidaire monumental », CORE, n°18, juillet 2007.
Tamboréro, L., en collaboration avec R. Etlin et G. Fallacara, Plaited Stereotomy - Stone Vaults for the Modern World, Roma, ed. Aracne, 2008.
Tamboréro, L., « Le trait à la française », Archives Internationales d’Histoire des Sciences, Brepols, vol. 57, n° 159, mai 2008, p.455-466.
Tamboréro, L., « Les traités du trait », dans El Arte de la Piedra. Teoría y Práctica de la Cantería, Madrid, CEU Ediciones, 2009, p. 71-99.
Tamboréro, L., Exposition Bâtir pour le Roi au Musée Carnavalet, Avril- juin 2009 ; exposition de la maquette « La voûte de l’Hôtel de ville d’Arles, Hardouin Mansart » réalisée en 2001 comme “chef d’œuvre de Compagnon”.
Tamboréro, L., « La voûte de l’Hôtel de ville d’Arles, approche historique et technique du chantier (1673-1677) », dans Édifices et artifices. Histoires constructives, R. Carvais, A. Guillerme, V. Nègre et J. Sakarovitch (dir.), à paraître chez Picard en 2010.
Tamboréro, L., « La construction de Versailles, l’ampleur du chantier et l’innovation », dans Catalogue d’exposition Sciences et curiosités à la Cour de Versailles, B. Saule et C. Arminjon (dir.), Paris, La Réunion des Musées Nationaux, à paraitre en 2010.

[5] Éléments de bibliographie sur Allan Potofsky :
Potofsky, A., « The Construction of Paris and the Crisis of the Ancien Régime : The People and the Police of the Parisian Building Sites, 1750-1789 », French Historical Studies, vol. 27, N. 1, 2004 : p. 9-48.
Potofsky, A., « La Révolution sur les chantiers du bâtiment parisien : entre corporations et libéralisme », dans R. Monnier (dir.), A Paris sous la Révolution. Nouvelles approches de la ville, Paris, Publications de la Sorbonne, 2008. ISBN : 978-2-85944-596-6 ; EAN : 9782859445966.
Potofsky, A., « L’État révolutionnaire et la construction publique : déclin, chute, et résurrection des travaux publics à Paris, 1789-1792 ». Histoire urbaine, dossier : « Histoires de Paris, » Y. Carbonnier, éd., 2009/1 (n° 24) (avril 2009), 47-70.
Potofsky, A., Constructing Paris in the Age of Revolution, Basingstoke et New York, Palgrave Macmillan, 2009, 320 p. ISBN-10 : 0230574718 ; ISBN-13 : 978-0230574717.

lundi 22 février 2010

 [1]

Organisation du travail

Notre approche de ce vaste sujet se bornerait, dans un premier temps à envisager la question de l’outillage. Alors que l’étude des traces laissées sur la matière (pierre mais aussi bois) se développe au point de prendre la forme d’une véritable discipline, qu’en est-il de notre connaissance de l’outillage des constructeurs ? Objet de commerce et d’entretien, objet éminemment pratique mais aussi symbolique, l’outil pourra être évoqué à travers sa représentation, sa mention, sa trace mais aussi les vestiges ou les témoins que l’on en conserve.
Introduction de la séance
Bibliographie

- Nicoletta MARCONI (Architecte et professeur d’histoire de l’architecture à la faculté d’ingénierie de l’Université de Rome Tor Vergata) : « Échafaudages, techniques de construction et main d’œuvre aux XVIIIe et XIXe siècles à Rome : Nicola Zabaglia, la fabrique de Saint-Pierre et les travaux de restauration de la basilique du Vatican » (Scaffolds, building technologies and manpower between 18th and 19th century in Rome : Nicola Zabaglia, the St. Peter’s Fabbrica and restorations works in the Vatican Basilica). [2]

Cette présentation vise à éclairer la contribution apportée au progrès des machines utilisées sur les chantiers par Nicola Zabaglia, maître maçon de la fabrique de Saint-Pierre et concepteur de nombreux dispositifs mécaniques ingénieux qui furent utilisés lors des grands travaux de restauration de la basilique du Vatican et sont décrits dans la somme intitulée Castelli e Ponti, publiée à Rome en 1743.
Avec la création en 1719 de l’« École de mécanique pratique », initialement dirigée par Zabaglia, et destinée à assurer l’éducation des jeunes travailleurs de la fabrique de Saint-Pierre, l’expérience sur le terrain devient une alternative sérieuse à l’étude théorique contemporaine de la mécanique et de ses applications dans le domaine de la construction. La construction à Rome au XVIIIe siècle, très attachée à ses origines anciennes, se montre réticente à adopter les nouvelles machines popularisées par les manuels techniques et a du mal à utiliser les outils de dessin fournis par la recherche théorique.
Dans ce contexte, le travail de Zabaglia devient un instrument de propagande. Ainsi, il n’est pas surprenant que la seconde édition de Castelli e Ponti, augmentée des illustrations représentant les machines inventées par ses apprentis, ait été publiée en 1824, deux ans seulement après la promulgation du Regolamento per lo Studio Pontificio delle Arti (1822), qui comprenait les Écoles d’Architecture et de Mécanique. Par le biais de cette consécration éditoriale, on tente de donner une nouvelle autorité à une expérience de la construction de tradition ancienne ainsi qu’une nouvelle suprématie à la vieille institution vaticane.
À une époque où l’expérience pratique et la transmission orale des savoir-faire sont remis en question par les progrès constants de la science comme par la création, sur le modèle français, de l’École Royale d’Ingénierie de Rome (1817), les travaux de Zabaglia et de ses talentueux étudiants peuvent non seulement être considérés comme un modèle important permettant d’articuler l’architecture, les chantiers et la mécanique appliquée, mais aussi comme l’épilogue mélancolique d’une tradition pratique alors inexorablement condamnée à sombrer dans l’oubli.
This report highlights the contribution offered to the progress of building mechanics by Nicola Zabaglia, master mason of St. Peter’s Fabbrica and conceiver of many ingenious mechanical devices, used for the big restoration works of the Vatican’s Basilica and depicted in the compendium titled Castelli e Ponti, published in Rome in 1743.
With the School of Practical Mechanics, founded in 1719 for the education of young labourers of St. Peter’s Fabbrica and initially managed by Zabaglia, operational experience becomes a valid alternative to the coeval theoretical achievements of mechanics discipline, and to its effects on building. The Roman eighteenth-century building, being still firmly anchored to its ancient origins, is reluctant to adopt the new mechanical devices publicized by technical manuals, and finds it hard to start using the design tools defined by theoretical research.
In this context the work of Zabaglia becomes an instrument of propaganda. It’s not a case that the second edition of Castelli e Ponti, enhanced with illustrations of the devices invented by his apprentices, was published in 1824, only two years following promulgation of the Regolamento per lo Studio Pontificio delle Arti (1822), which includes the Schools of Architecture and Mechanics. Through this editorial consecration new authority is tried to be infused into a building experience of ancient memory, and new supremacy given to the centuries-old Vatican institution.
In the epoch in which empirical practice and the oral transmission of operational knowledge are called into question by the pressing progress of science as well as by institution, on the basis of the French precedent, of the Royal School of Engineering of Rome (1817), the works of Zabaglia and of his talented students may be considered, not only an influential model of cohesion among architecture, building yard and applied mechanics, but also a melancholy epilogue of an operational tradition inexorably condemned to oblivion.

- Sarah CRÉMER (Doctorante au Centre européen d’Archéométrie de l’Université de Liège et stagiaire au Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire de l’Université de Rennes 1) :
« Les savoir-faire des charpentiers. Traces et autres marques ». [3]

Les charpentes historiques sont depuis quelques décennies l’objet d’études archéologiques et dendrochronologiques. Si le produit fini est désormais relativement connu, les étapes précédant cet état le sont beaucoup moins. Pourtant chaque phase de travail jalonnant la transformation de la grume en pièces de charpente laisse des traces spécifiques sur le bois, traces que l’on peut encore retrouver in situ. Identifiées, elles nous renseignent sur les techniques et les outils employés par les charpentiers.

- Yannick PATIENT (Directeur de la Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière et responsable de l’Institut de la Transmission pour l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France) : « Outils et pensée : les outils de façonnage à main dans les métiers de la construction aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles »

Le Power Point de la communication de Yannick Patient est disponible.

- Jean-Michel MATHONIERE (Centre d’étude des compagnonnages) : « La dimension symbolique de l’outil dans les compagnonnages : le cas du “blason” des Compagnons tailleurs de pierre ». [4]

Si on s’accorde à considérer les compagnonnages de l’époque moderne comme étant les héritiers directs des « bâtisseurs de cathédrales », il est important à signaler que sur un plan strictement documentaire, en France, on ne possède de traces fiables et analysables de ces organisations que tardivement. Pour ce qui est des tailleurs de pierre, les plus emblématiques de la tradition compagnonnique avec les charpentiers, c’est seulement à partir de la seconde moitié du XVIe siècle que divers éléments permettent de peu à peu cerner les contours de leurs organisations et ce n’est qu’à partir du milieu du XVIIIe que la documentation devient suffisamment abondante pour en comprendre à peu près les rouages.
S’agissant de groupes où la production d’archives explicites a été exceptionnelle, tant à cause de l’importance du secret que d’une faible alphabétisation, les emblèmes (et l’iconographie en général) offrent aux chercheurs un matériau particulièrement intéressant à exploiter.
Ainsi, l’emblème de chaque association compagnonnique, son « blason » en quelque sorte, est fondé sur une mise en scène de certains outils du métier ou des instruments de la géométrie.
Le décryptage des emblèmes employés par les compagnons tailleurs de pierre sous l’Ancien Régime fournit de précieuses données quant à leur univers intellectuel et spirituel, et à ses racines médiévales.


[1] « Nicolas de Larmessin (1640-1725) », gravure © Musée Carnavalet, Paris

[2] Éléments de bibliographie de l’intervenant N. Marconi :
Marconi N., Edificando Roma barocca. Macchine, apparati, maestranze e cantieri tra XVI e XVIII secolo, Città di Castello, Edimond, 2004.
Marconi N., The baroque Roman building yard : technology and building machines in the Reverenda Fabbrica of St. Peter’s (16th-18th centuries), dans Proceedings of the First International Congress on Construction History, S. Huerta ed., Madrid 2003, p. 1357-1367.
Marconi N., « Tradition and technological innovation on Roman building sites from the 16th to the 18th Century : construction machines, building practice and the diffusion of technical knowledge », dans Practice and Science in Early Modern Italian Building. Toward an Epistemic History of Architecture, H. Schlimme éd., Milano, Electa, 2006, p. 137-152.
Marconi N., « Machine and Symbol : between Tradition in the Execution and Technical Progress. The erection of the Marian Column in Piazza Santa Maria Maggiore in Rome (1613-1614) », dans Proceedings of the Second International Congress on Construction History, M. Dunkeld éd., London, CHS, 2006, vol. 2, p. 2077-209.
Marconi N., « Uno ex operariis et manualibus. Il contributo di Nicola Zabaglia (1664-1750) all’arte di formar macchine e ponti tra XVII e XIX secolo », dans Magnificenze Vaticane. Tesori inediti dalla Fabbrica di San Pietro, A.M.Pergolizzi éd., Roma 2008, p. 163-166.
Marconi N.,« Technicians and master builders for restoration of the dome of St. Peter’s in Vatican in the 18th Century : the contribution of Nicola Zabaglia (1664-1750) », dans Proceedings of Third International Congress on Construction History, 20-24 May 2009,Cottbus, Germany, vol. 2, p. 991-1000.

[3] Éléments de bibliographie de l’intervenant S. Crémer :
Hoffsummer P. (dir.), « Charpentes d’Europe », dans Carnets du Patrimoine , n°62, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2009.
Crémer S., « Les toits de l’Europe », dans La Lettre du Patrimoine, n°10, Namur, Institut du Patrimoine wallon, avril-mai-juin 2008.
Hoffsummer P., Eeckhout J. (dir.), « Matériaux de l’architecture et Toits de l’Europe (Materials of Architecture Heritage and Historical Roofs of Europe). Mise en œuvre d’une méthodologie partagée », dans Les Dossiers de l’IPW,n°6, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008.
Crémer S., « Sur les traces des charpentiers d’autrefois », dans La Lettre du Patrimoine, n°5, Namur, Institut du Patrimoine wallon, janvier-février-mars 2007.
Crémer S., Girardclos O., Perrault Ch., Datation par la dendrochronologie, Abbaye de Theuley-les-Vars à Vars (70), CEDRE, Besançon, septembre 2005.

[4] Éléments de bibliographie de J.-M. Mathonière :
Bastard L. et Mathonière J.-M., Travail et honneur. Les Compagnons Passants tailleurs de pierre en Avignon aux XVIIIe et XIXe siècles, Dieulefit, 1996, 396 p.
Mathonière J.-M., Le serpent compatissant. Iconographie et symbolique du blason des Compagnons tailleurs de pierre, Dieulefit, 2001, 122 p.
Mathonière J.-M. (éd.), La Tranquilité de Caux. Le chansonnier et le tour de France (1837-1842) de Jean-Jacques Laurès, dit « La Tranquillité de Caux », Compagnon Passant tailleur de pierre, Dieulefit, 2005, 64 p
Mathonière J.-M., « Agricol Perdiguier, premier historien du compagnonnage français », Provence Historique, LVI, fasc. 226, 2006, p. 353-360.

lundi 15 mars 2010

 [1]

Les fondations

Séance coordonnée par la « Sapienza » Università di Roma, Dipartimento di storia dell’Architettura, restauro e conservazione dei beni architettonici

Cette séance portera sur la question des fondations abordées tant du point de vue du rituel que du point de vue technique. L’acte de fonder un édifice est, en effet, une des phases constructives les plus chargées symboliquement, ce dont attestent, par exemple, la cérémonie de la pose de la première pierre, comme l’usage récurrent de réemplois en fondations. C’est également une opération technique essentielle et délicate qui a préoccupé la plupart des constructeurs, pour laquelle de multiples solutions ont été recherchées et trouvées mais sur laquelle peu de travaux historiques ont été conduits jusqu’à ce jour.
Introduction de la séance

-  Daniela ESPOSITO : Introduction

- Maria Grazia D’AMELIO (Architecte, professeur d’histoire de l’architecture à la faculté d’Ingénierie de l’Université de Rome Tor Vergata) : « Fonder à Rome après le Concile de Trente : cérémonials, comptes de terrassement, chroniques et expertises » (Fondare a Roma dopo il Concilio di Trento : cerimoniali, diari di scavo, cronache e perizie). [2]

En ouverture du roman Il ponte sulla Drina, Ivo Andrić rappelle la légende de la fondation du pont qui avait suscité l’offrande à l’esprit du fleuve de deux enfants, murés vivants dans la pile centrale, pour apaiser la fureur destructive du courant. Il s’agit-là de la transposition littéraire d’un rite archaïque qui met en évidente l’importance anthropologique de l’acte de fonder, au point que l’on envisage - comme geste propitiatoire - le sacrifice ultime, humain (auquel se substituèrent au cours des siècles celui d’un animal et le dépôt d’objets de valeur dans les tranchées de fondation). Dans la tradition judéo-chrétienne, cette tradition est à nouveau perceptible dans les textes sacrés, à travers l’assimilation récurrente entre l’édifice spirituel de la foi et la construction matérielle d’un temple ou d’une église. Quelle occasion peut être plus appropriée pour rendre matérielles et visibles ces fascinantes allégories lexicales sinon l’acte de fonder un édifice sacré et, plus largement, toute bâtiment ? En fait, fonder est une action tout à la fois chargée de symbolisme et imprégnée d’une technique opérative, fruit d’un savoir séculaire. Cela explique que la cérémonie ait déjà été codifiée dans les premiers libri pontificali médiévaux et perfectionnée dans ceux qui suivirent le Concile de Trente. La pratique constructive est, elle, consignée dans les traités d’architecture et dûment déclinée en fonction des conditions géographiques.
Partant de fonds iconographiques et documentaire encore inexplorés (rôles et chroniques, comptabilités de chantiers et expertises), notre intervention entend restituer les modalités de fondation d’un édifice : des contrats d’adjudication à l’implantation, au rite de pose de la première pierre, aux techniques d’étaiement des tranchées, à l’exécution des maçonneries - souvent éloignée des prescriptions des traités - et jusqu’à leur métrage et aux contentieux qui fréquemment en découlent.

In apertura del romanzo “Il ponte sulla Drina”, Ivo Andrić narra la leggenda della fondazione del ponte che avrebbe richiesto l’offerta allo spirito del fiume di due fanciulli murati vivi nella pila centrale per sopire la furia distruttiva della corrente ; si tratta della riproposizione letteraria di un rito arcaico che evidenzia l’importanza antropologica dell’atto del fondare, a tal punto tanto da prevedere -quale gesto propiziatorio- il sacrificio estremo, quello umano (nei secoli poi sostituito dall’uccisione di animali e dalla deposizione di oggetti preziosi negli scavi di fondazione). Nella tradizione ebreica-cristiana la consuetudine rifluisce nei testi sacri, nei quali è ricorrente la similitudine tra l’edificio spirituale della fede e la costruzione materiale di un tempio o di una chiesa. Quale occasione può essere più efficace per rendere materiali e visibili queste affascinanti allegorie lessicali se non l’atto del fondare un edificio sacro e, in senso lato, tutta l’architettura ? Infatti, fondare è un’azione al contempo carica di simbolismi e pregna di una tecnica operativa che si avvale di una conoscenza sapienziale secolare : per questo la cerimonia è codificata già nei primi Libri Pontificali di epoca medievale e perfezionata in quelli post-tridentini e la pratica costruttiva è registrata nei trattati di architettura poi debitamente declinata nelle differenti condizioni geografiche.
Sulla base delle fonti iconografiche e documentarie ancora inesplorate (diari e cronache, contabilità delle fabbriche e perizie) l’intervento intende ricostruire la fondazione di un edificio, dai contratti d’appalto allo spiccato della pianta, al rito della posa della prima pietra, alle tecniche di armatura del cavo, all’esecuzioni delle fondazioni spesso non aderenti alle prescrizioni della trattatistica fino alle misure dei lavori e ai contenziosi che spesso ne derivavano.

- Giovanna BIANCHI (Archéologue, enseignante en archéologie médiévale et en archéologie du bâti à l’Université de Sienne) : « Fonder des châteaux, et églises et des monastères en campagne dans la Toscane méridionale entre IXe et le XIIIe siècle. » (Fondare castelli, chiese e monasteri nella campagna della Toscana meridionale tra IX e XIII secolo).  [3]

Le territoire envisagé dépend d’une entité géographique relativement réduite, située au sud-ouest de la Toscane et dénommée les Colline Metallifere (Monts Métallifères), aujourd’hui dépendante des provinces de Pise, Livourne et Grosseto. Le choix de cette zone a été déterminé par la possibilité de profiter d’une grande quantité de données fournies par une activité de recherche intense en archéologie médiévale qui, depuis le milieu des années 80 du siècle dernier jusqu’à ce jour, a conduit à la fouille de 14 sites, à des prospections de surface sur le territoire de 10 communes et à l’analyse des élévations conservées dans une douzaine de centres historiques mineurs. De telles investigations permettent à présent de suivre les principales évolutions que connut l’activité constructive entre le IXe et le XIVe siècle, et de développer d’importantes thématiques historiques comme la formation des villages du haut Moyen Âge, la naissance et l’essor des châteaux et des seigneuries qui s’y rattachaient ou l’étude des pouvoirs religieux épiscopaux et monastiques.
L’étude proposée se fonde sur l’analyse de nombreux cas mis au jour par les travaux archéologiques mentionnés ci-dessus, à l’intérieur d’un territoire pour lequel n’existe aucune source écrite susceptible de renseigner sur l’organisation des chantiers. Le but d’une telle étude est, dans un premier temps, de proposer une typologie des fondations, tout d’abord divisée entre architecture civile et religieuse, avec l’objectif de mettre en évidence les différences et les similitudes entre ces deux grands groupes.
La classification des fondations permettra, dans un second temps, des observations sur l’organisation des chantiers et sur les processus constructifs, de façon à restituer les divers contextes techniques qui se succédèrent entre haut et bas Moyen Âge, en relation avec les différents types de commanditaires et leurs relatives capacités financières ou volontés d’autoreprésentation.

Il territorio preso in esame è relativo ad un comprensorio geografico non molto ampio, posto a sud-ovest della Toscana e denominato Colline Metallifere, attualmente situato all’interno delle province di Pisa, Livorno e Grosseto. La scelta di quest’area è legata alla possibilità di usufruire di una notevole quantità di dati desumibili da intense attività di ricerca dell’insegnamento di Archeologia Medievale che, dalla metà degli anni Ottanta dello scorso secolo ad oggi, hanno compreso lo scavo in 14 siti, ricerche di superficie all’interno di 10 comprensori comunali e l’analisi degli elevati in 12 centri storici minori. Tali ricerche consentono oggi di seguire una diacronia dei principali eventi costruttivi compresa tra il IX ed il XIV secolo, parallela allo sviluppo di importanti tematiche storiche quali la formazione dei villaggi altomedievali, la nascita e lo sviluppo dei castelli e delle relative signorie, l’analisi dei poteri religiosi vescovili e monastici.
Lo studio si baserà sull’indagine diretta dei molti casi emersi durante le indagini archeologiche sopra menzionate, all’interno di un territorio per il quale non esistono al momento fonti scritte di qualunque tipo in grado di illuminare l’organizzazione di cantiere. Il fine di tale studio sarà quello di elaborare, in prima istanza, una classificazione dei tipi di fondazione che verrà inizialmente suddivisa per architetture civili e religiose, con l’obiettivo di individuare differenze o eventuali similitudini tra i due macro gruppi.
La classificazione delle fondazioni consentirà, in seconda istanza, di elaborare delle riflessioni connesse all’organizzazione di cantiere e alle procedure costruttive in modo da ricostruire i diversi ambienti tecnici succedutisi tra alto e basso Medioevo, anche in relazione ai differenti tipi di committenza e alle relative capacità economiche e volontà di autorappresentazione.

- Daniela ESPOSITO (Architecte, professeur à la faculté d’architecture de “Valle Giulia”, “Sapienza”, Université de Rome) : « Bene fundata est. Quelques observations sur les fondations médiévales dans la région de Rome : conception, technologie, réalisations » (Bene fundata est. Le fondazioni medievali in area romana : concezione, tecnologia, realizzazioni. Alcune osservazioni). [4]

La recherche présentée porte sur des exemples de fondations médiévales connues par des fouilles, à Rome et dans ses alentours : dans un rayon d’environ vingt à trente kilomètres autour des murs de la ville, correspondant, au bas Moyen Âge, à l’extension du districtus Urbis. En introduction à l’analyse de ces exemples, nous proposerons une brève étude des termes employés pour décrire l’acte de « fonder », en latin classique et médiéval, ainsi qu’un examen étymologique du mot « fondation ».
L’acte de fonder est déjà évoqué par Vitruve et cette description peut être complétée par d’autres témoignages, médiévaux (extraits de la Patrologie latine, de Pier de’ Crescenzi - pour les constructions rurales - ou d’autres documents romains), qui donnent de façon indirecte des informations partielles sur l’usage métaphorique et symbolique de la notion de fondation d’un édifice (cavare fundamenta) ainsi que sur les méthodes de travail en vigueur à Rome et dans sa région.
Au-delà de la référence aux sources documentaires, nous évoquerons brièvement quelques fondations du haut Moyen Âge et nous nous livrerons à une série de considérations sur des exemples concrets de fondations (entre autres : la maison avec portique du Forum de Rome, du XIIe siècle ; la Ferme de Redicicoli, du XIIIe siècle ; le portique à piliers sur le nymphaeum de la Villa des Quintili dans deux phases de construction, vers le XIIIe et le XVe siècles).
En résumé, nous envisagerons :
- la typologie des fondations médiévales (en blocs carrés de réemplois, en pierres irrégulières et, surtout, en opus caementicium, à parement visible ou coulées en tranchées, ainsi que des exemples, entre autres, de structures en contact avec la nappe phréatique, comme dans le cas du centre de Rome), et le lien existant entre le traitement de ces fondations et celui des autres parties des édifices (ce qui constitue un indice d’une conception organique de l’édification, trait commun à tous les exemples présentés pendant cette séance) ; prenant des points de comparaisons contemporains dans divers régions du Latium, autour du territoire de Rome (Tuscie et Latium méridional) ;
- les dimensions et le rapport entre l’épaisseur des fondations et celle des murs les surmontant ;
- les matériaux employés et le recours récurrent au recyclage et aux réemplois, présents aussi dans les mortiers employés pour la réalisation des fondations, des murs en élévation et les enduits.

L’ambito di ricerca riguarderà casi di fondazioni medievali rilevati in Roma e in area romana (entro un raggio di circa venti-trenta chilometri intorno alle mura della città, corrispondente, nel tardo medioevo, all’estensione del districtus Urbis).
Preliminare all’analisi dei casi di studio, sarà una breve disamina delle parole utilizzate per descrivere l’azione del “fondare” nel latino classico e medievale e un’analisi etimologica del termine “fondazione”. L’azione del fondare viene descritta già in Vitruvio ; da questo, le testimonianze medievali (Patrologia latina, Pier de’Crescenzi per le costruzioni rurali, altra documentazione riferita a casi romani) si muovono fornendo indirettamente notizie frammentarie sulla concezione metaforica e simbolica della realizzazione della fondazione di un edificio (cavare fundamenta) e sulle modalità operative in Roma e in area romana.
Oltre al riferimento alle fonti documentarie, si presentano cenni su casi altomedievali e alcune considerazioni su esempi concreti di fondazioni (fra cui : Casa con portico al Foro romano del XII secolo ; Casale di Redicicoli del XIII secolo ; portico a pilastri sul ninfeo della villa dei Quintili in due fasi costruttive, XIII e XV secolo circa). In particolare, e in sintesi, si osservano :
- la tipologia delle fondazioni medievali (in blocchi squadrati di recupero, in pietrame irregolare e, soprattutto, in opera cementizia, con paramento a faccia vista o a cavo libero e altri tipi fra cui casi in presenza di falde d’acqua come nel caso del centro di Roma), anche in rapporto con la tecnica usata per le altre parti degli edifici (indizio, questo, di una concezione organica della costruzione che accomuna tutti i casi presentati nella presente Seduta) e al confronto con casi coevi presenti in aree diverse del Lazio, intorno all’area romana (Tuscia e Lazio meridionale) ;
- le dimensioni e il rapporto tra spessore delle fondazioni e quello dei muri in elevato ;
- i materiali utilizzati e il diffuso fenomeno del riciclo e del reimpiego, presente anche nelle malte utilizzate per la realizzazione sia delle fondazioni che dei muri in elevato e degli intonaci.

- Renzo CHIOVELLI (Architecte et enseignant d’histoire de l’architecture médiévale à l’Université de la Tuscia) : « Edificare cum bonis fundamentis. Relations entre fondations et élévation dans les maçonneries “rationalisées” de la Tuscie médiévale » (Edificare cum bonis fundamentis. Relazioni tra fondazioni e alzato nelle murature razionalizzate della Tuscia medievale). [5]

Étudiant les techniques de maçonnerie spécifiques de la Tuscie médiévale, est apparue une clé de lecture régionale (« mensiochronologique ») mettant en évidence une évolution chronologique dans les dimensions des blocs employés. Cette dernière se trouve attestée également dans d’autres contextes territoriaux, surtout quand il est fait usage d’appareils réglés de pierre. En effet, après le regain d’intérêt pour les maçonneries appareillées sensible au haut Moyen Âge, une plus grande recherche de perfectionnement des chantiers constructifs se fit jour avec l’arrivée à maturité de l’art roman, passant de l’usage de blocs peu élevés et longs à un appareil de pierres de taille aux dimensions plus ou moins régulières. Mais c’est avec la reprise en main territoriale voulue par Innocent III (1198-1216) et établissant institutionnellement le territoire de Saint-Pierre en Tuscie que l’on assiste à une interprétation originale des techniques de chantier les plus modernes de l’Occident médiéval, liées à la standardisation et que fleurit, dans toute la région, l’usage de maçonneries singulières, à assises réglées - non exemptes d’effets sur le fait de construire « rationnellement » avec de bonnes fondations.
Outre une vaste recherche archivistique dans des fonds des diverses localités de la région, qui a fourni des éléments intéressants pour l’enquête, nous avons surtout cherché à interroger le monument qui s’avère être le document principal et le plus « authentique » sur lui-même. La lecture « directe » du bâti historique a été privilégiée avec une recherche de terrain, conduite de manière systématique dans toute la Tuscie, qui a permis de mettre en évidence, dans leurs particularités et leurs variantes, les influences que la technique raffinée de la maçonnerie à assises réglées a pu avoir sur la mise en œuvre des fondations.

Indagando le particolari tecniche murarie medioevali della Tuscia, è emersa una chiave di lettura regionale mensiocronologica, presente anche in altri ambiti territoriali, soprattutto nei casi in cui siano presenti apparecchiature in regolare pietra da taglio. Difatti, dopo la rinascita della muratura in opera quadrata nel corso dell’alto medioevo, compare una maggiore ricerca di perfezionamento nei cantieri edili dall’inizio del romanico maturo, passando da blocchi bassi e lunghi a un’apparecchiatura in conci di dimensioni maggiormente contenute. Ma è con il riordino territoriale voluto da Innocenzo III, che, sancendo la nascita istituzionale della provincia del Patrimonio di San Pietro in Tuscia, si assiste a un’originale interpretazione delle più moderne tecniche cantieristiche dell’Occidente medievale legate al settore della standardizzazione e fiorisce, in tutta l’area regionale, la singolare muratura a filari isometrici, non scevra di riflessi sul costruire razionalmente con buone fondazioni.
Oltre ad un’estesa ricerca archivistica nelle varie località regionali, che ha fornito interessanti contributi inediti all’indagine, si è cercato di far parlare soprattutto il monumento, quale principale e più ‘autentico’ documento di se stesso, prediligendo una lettura ‘diretta’ del costruito storico, mediante un’indagine sul campo, condotta a tappeto su tutta la Tuscia, che ha permesso d’individuare particolarità e varianti delle influenze che la raffinata tecnica muraria a filari isometrici ha avuto sulle opere fondali.


[1] Benedetto Brioscio, « Gian Galeazzo posant la première pierre de la Chartreuse de Pavie », relief du portail de l’église de la Chartreuse de Pavie (1491-1498) – Illustration tirée de P. Boucheron, Le pouvoir de bâtir. Urbanisme et politique édilitaire à Milan (XIVe-XVe siècles), Rome, 1998, pl. XXIV

[2] Éléments de bibliographie de M.G. D’Amelio :
D’Amelio M.G., « Il proprio il bello il necessario nel Colonnato di San Pietro a Roma : architettura economia cantiere », Mélanges de L’école Française de Rome. Italie Et Méditerranée, numéro thématique “L’Économie de la construction dans l’Italie moderne” , J.-F. Chauvard et L. Mocarelli, volume 119-2, p. 375-385.
D’Amelio M. G., L’obelisco marmoreo del Foro Italico a Roma. Storia, immagini e note tecniche, Rome, 2009.
D’Amelio M.G., « Building materials tools and machinery belonging to the Reverenda Fabbrica di San Pietro used for building Romae from the late 16th to the late 19th century », dans Practice and Science in Early Modern Italian Building. Towards an Epistemic History of Architecture, H. Schlimme dir., Milan, p. 125-136.
D’Amelio M.G., « Tra ossa polveri e cenere : il “fuoriasse” del baldacchino di San Pietro », Annali di architettura, Rivista del Centro Internazionale di Studi di Architettura Andrea Palladio, 17, 2005, p. 127-136.
D’Amelio M.G., « Il ruolo della Reverenda Fabbrica di San Pietro nei cantieri romani (sec. XVI-XVIII) », Römische Historische Mitteilungen des Historischen Instituts Beim Österreichischen Kulturforum in Rom, 44, 2002, p. 393-424.

[3] Éléments de bibliographie de G. Bianchi :
Bianchi G. et Francovich R., « Capanne e muri in pietra. Donoratico nell’alto medioevo », dans Il Medioevo nella provincia di Livorno. I risultati delle recenti indagini, Pise, 2006, p.105-116.
Bianchi G., « Tecniche costruttive e forme di potere nella Toscana sud-occidentale (secc.VIII-XIV) », Arqueologia dell’Arquitectura, 4-2005, p.47-60.
Bianchi G., « Archeologia dell’Architettura degli edifici religiosi rurali : il caso della Maremma settentrionale toscana (Italia) », Hortus Artium Medievalium, Journal of the International Research Center for Late Antiquity and Middle Ages, 14, 2008, p.49-64.
Bianchi G., « Costruire in pietra nella Toscana medievale. Tecniche murarie dei secoli VIII-inizio XII », Archeologia Medievale, XXXV, 2008, p.23-38.
Bianchi G. et Valenti M., « Dal legno alla pietra. Modi di costruzione e maestranze specializzate dall’Alto Medioevo al Romanico in Toscana », dans I magistri comacini. Mito e realtà del Medioevo lombardo, Atti del XIX Congresso Internazionale di Studio sull’Alto Medioevo, fondazione CISAM, Spoleto, 2009, p.635-670.

[4] Éléments de bibliographie de D. Esposito :
Esposito D., Tecniche costruttive murarie medievali. Murature a tufelli in area romana, Rome, 1998.
Esposito D. et Fiorani D. dir., Tecniche costruttive dell’edilizia storica. Conoscere per conservare, Rome, 2005, 232 p.
Esposito D., Architettura e costruzione dei casali nella Campagna Romana fra XII e XIV secolo, Rome, 2005, 268 p.
Bernard J.-F., Bernardi Ph. et Esposito D. avec la collaboration de Dillmann Ph., Foulquier L. et Mancini R. dir, Il Reimpiego in architettura. Recupero, riciclo e uso. Atti del Colloquio internazionale, Roma, 8-10 novembre 2007, Rome, 2008.
Esposito D., « Realidad de la arquitectura y técnicas constructivas de los muros medievales en Roma y en Lazio (Italia). Reflexiones sobre la recuperación del opus caementicium romano », dans Actas del Sesto Congreso Nacional de Historia de la Construcción, I, Valence, 2009, p. 415-424.

[5] Éléments de bibliographie de R. Chiovelli :
Chiovelli R., « Strumenti per il taglio della pietra nel Patrimonio di San Pietro in Tuscia », dans Il Lazio tra Antichità e Medioevo. Studi in memoria di Jean Coste,Z. Mari, M.T. Petrara et M. Sperandio dir., Rome, 1999, p. 199-213.
Chiovelli R., « Le tecniche costruttive del Duomo. Gli apparecchi murari », dans La cattedrale di Spoleto. Storia, arte, conservazione, G. Benazzi et G. Carbonara dir., Milan-Spoleto, 2002, p. 362-371.
Chiovelli R., « Per una storia della cultura dei materiali costruttivi medievali : il problema dell’interpretazione iconografica », dans Arnolfo di Cambio e la sua epoca. Costruire, scolpire, dipingere, decorare, Pardo V. Franchetti dir., Rome, 2006, p. 249-260.
Chiovelli R., Tecniche costruttive murarie medievali. La Tuscia, Rome, 2007.
Chiovelli R., « Tecniche murarie medievali a Sutri », dans Sutri nel medioevo. Storia, insediamento urbano e territorio (secoli X-XIV), M. Venditelli dir., Rome, 2008, p. 157-167.

lundi 3 mai 2010

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La population des bâtisseurs

Séance coordonnée par l’Universidade do Minho, Departamento de História et CITCEM – M. Arnaldo Rui Azevedo de Sousa Melo

Parmi les nombreuses questions que sous-tend ce thème, nous en retiendrons trois : la composition, le statut et le nombre. La première tenterait de nommer tous les membres qui la constituent dans leur extrême variété et de remettre chacun d’entre eux à la place qu’il mérite. Si, à propos des chantiers monumentaux, les travaux historiques ne s’intéressent souvent qu’à l’intervention d’architectes, d’ingénieurs, voire de maîtres d’œuvre, il est temps de rénover notre approche en tenant compte de la construction ordinaire qui devrait mettre en avant le rôle des maçons, charpentiers, bref des artisans et des entrepreneurs. La seconde nous mènerait à revisiter les relations que les gens du bâtiment entretiennent entre eux et avec le reste de la société de leur époque. Agissent-ils comme appartenant à un métier, à un groupe socio-professionnel, ou comme des hommes de leur temps vaquant à une de leurs occupations ? La troisième enfin devrait nous permettre d’estimer quantitativement les effectifs d’un chantier sachant que ce dernier peut mobiliser, selon les cas, des milliers de manœuvres sous la direction de quelques maîtres, comme quelques artisans sous le contrôle d’une dizaine de savants. Les réponses à ces interrogations devraient notamment tenir compte des changements de statuts que chaque individu peut revendiquer au cours de son existence.

- Valérie THEIS : Introduction générale
- Arnaldo Rui AZEVEDO DE SOUSA MELO :Introduction du cas portugais

- Manuel Luís REAL (Directeur des Archives de la ville de Porto, historien de l’Art et archéologue), « Intégration culturelle et innovation stylistique : commanditaires et constructeurs sur le chantier roman de S. Pedro de Ferreira (Portugal) » [2]

L’étude de l’église romane de S. Pedro de Ferreira, édifiée par des chanoines de Porto, met en évidence l’existence d’un chantier auquel participèrent des ouvriers originaires de régions diverses, aux identités culturelles très marquées. Ces hommes acceptèrent de travailler ensemble, produisant une œuvre d’une grande unité mais témoignant d’emprunts identitaires faits auprès de chacune de leurs communautés, tout au long du processus constructif. Outre des artistes locaux, deux équipes d´artisans ont travaillé dans le temple, dirigées respectivement par des maîtres provenant de Coimbra et de Zamora. Le recrutement de ces trois groupes de maçons peut s’expliquer non seulement par la rareté des ressources financières disponibles, mais aussi par le parcours politique et culturel de la noblesse de la région et du clergé de l´Église de Porto.

- Saúl António GOMES (Professeur à la Faculté de lettres de l’Université de Coimbra), « Les bâtisseurs du chantier gothique du monastère de Batalha (Portugal), XIV-XVIe siècles » [3]

Le monastère de Batalha fut la construction gothique la plus notable du Portugal à la fin du Moyen Âge. Au début, il s’agissait d’un projet politique commémoratif de la victoire portugaise sur les armées castillanes, à la bataille royale d’Aljubarrota, en 1385, mais il devint, après la conquête de Ceuta et la mort de la reine Phillipa de Lencastre (1415), le panthéon royal de la nouvelle dynastie d’Avis. Tous les rois du Portugal, jusqu’à la fin du XVe siècle, y furent inhumés. Les travaux de cet édifice monumental se sont prolongés pendant plus d’un siècle et ont donné lieu à la formation d’une communauté ouvrière de bâtisseurs et d’artistes (architectes, sculpteurs, vitriers, peintres, maçons, charpentiers, etc.) comme d’administrateurs dont il est possible, pour quelques uns, de restituer la biographie ainsi que le parcours social. Le chantier gothique de Bataille est vraiment un cas unique pour les historiens médiévistes portugais dans la mesure où la documentation conservée permet : de suivre de façon assez satisfaisante son évolution sur plus d’un siècle ; de connaître les élites du chantier ; d’appréhender la communauté des artisans comme un ensemble ; de saisir certaines stratégies familiales et sociales ; enfin, d’écrire l’histoire d’une population ouvrière qui occupe très peu de place dans l’historiographie médiévale de ce Portugal duquel on a pu dire qu’il se situait, pour le Moyen Âge, in confinibus mundi.

-  Maria Filomena BARROS (Professeur à l’Université de Évora) : « Bâtisseurs et artisans musulmans : du service collectif du roi à la pratique individuelle des métiers : XIIe-XVe siècles » [4]

La participation des musulmans du royaume portugais aux entreprises de construction, soit de bâtiments de prestige, soit d’édifices ordinaires, a été largement ignorée par l’historiographie traditionnelle. Pourtant, tout au long du Moyen Âge, l’un des services exigés de certaines communautés musulmanes était l’entretien des palais royaux. En outre, dans le cadre urbain du sud du pays, des musulmans sont désignés comme maçons, comme charpentiers ou comme pratiquants d’autres artisanats liés à la construction ou à la décoration intérieure, suggérant parfois une sorte de spécialisation dans le domaine du bâtiment.
Une évolution semble marquer le parcours de ces acteurs sociaux. Responsables, dans un premier temps, après la conquête chrétienne, sur des chantiers publics plutôt militaires, les bâtisseurs musulmans semblent, progressivement, se retrouver en position subordonnée, dans le cadre d’entreprises privées. Le service collectif imposé aux communautés atteste de cette subordination, tout comme les parcours individuels d’artisans qui n’accèdent jamais au titre de alarife (superviseurs de travaux).

- Manuel Sílvio ALVES CONDE et Isabel SOARES DE ALBERGARIA (Professeurs à l’Université des Açores) : « Bâtisseurs et construction courante dans le Royaume du Portugal et les Îles (fin du Moyen Âge – XVIe siècle) ». [5]

Jusqu’à présent, la thématique des métiers et du travail artisanal n’a pas beaucoup attiré l’attention des médiévistes portugais. Le constat est désolant en ce qui concerne le secteur du bâtiment, presque totalement absent de notre historiographie. Il faut dire que les sources portugaises pour l’étude de ce sujet sont rares par comparaison à ce qui existe dans la plupart des autres régions de l’Europe occidentale – y compris la Péninsule Ibérique. La perte presque totale des documents qui concernent les chantiers et l’organisation professionnelle rend très difficile l’étude de ces sujets et ne permet ni l’analyse quantitative de la population des artisans du bâtiment ou des salaires, ni de saisir leur évolution.
La nature des sources disponibles nous impose des approches surtout qualitatives, par comparaison avec des informations relatives à plusieurs villes, mieux connues. Nous envisagerons les gens du bâtiment sous quatre aspects différents :
- La composition du groupe socioprofessionnel et son poids relatif dans le cadre des métiers de plusieurs villes du Royaume et des Îles ;
- L’organisation professionnelle des gens du bâtiment ;
- Les relations que la population des bâtisseurs entretient avec la société et les pouvoirs ;
- Le statut socioéconomique des maçons et des charpentiers.


[1] J. Leadbeater, The gentleman and tradesman’s compleat assistant, London, 1770 (frontispice)

[2] Éléments de bibliographie sur M. L. Real :
Real M. L., A arte românica de Coimbra. Novos dados - novas hipóteses. Porto, 1974 (dissertação de licenciatura, policopiada).
Real M. L., « SÁ, Pedro - O mosteiro de Roriz na arte românica do Douro Litoral », Santo Tirso. Boletim Cultural, 1982 (Sep. de).
Real M. L., « Inéditos de Arqueologia Portuense », Arqueologia, Porto, Grupo de Estudos Arqueológicos do Porto, 10 (Dez. 1984), p.30-43.
Real M. L., « A igreja de S. Pedro de Ferreira. Um invulgar exemplo de convergência estilística », dans Paços de Ferreira - Estudos monográficos, Paços de Ferreira, 1986.
Real M. L. et ALMEIDA M. J. P. H. de, « Influências da Galiza na arte românica portuguesa », dans Actas do Congresso da Sociedade Portuguesa de Estudos Medievais, Porto, 1990.

[3] Éléments de bibliographie sur S.A. Gomes :
Gomes S. A., « Alguns documentos para a história da Batalha e do “Mosteiro” de Stª Maria da Vitória », Cadernos da Vila Heróica, 5 (1984), p. 11-35.
Gomes S. A., O Mosteiro de Santa Maria da Vitória no Século XV, Coimbre, 1990.
Gomes S. A., « Les ouvriers du bâtiment a Batalha », Razo, Cahiers du Centre d’Études Médiévales de Nice. Nº14, « L’Artisan dans la Péninsule Ibérique », 1993, p. 33-51.
Gomes S. A., « Perspectivas Sobre os Mesteirais das Obras da Batalha no Século XV », Mare Liberum,, 7 (1994), p. 105-126.
Gomes S. A., « A Produção Artesanal », dans Nova História de Portugal, Oliveira Marques A. H. et Serrão J. dir. Vol. 3, Portugal em Definição de Fronteiras. Do Condado Portucalense à Crise do Século XIV, Maria Helena Coelho e Armando Luís de Carvalho Homem dir., Lisbonne, 1996, p. 476-486.
Gomes S. A., « Oficinas Artísticas no Bispado de Leiria nos Séculos XV a XVIII », dans Actas do VI Simpósio Luso-Espanhol de História da Arte - Oficinas Regionais, Viseu - 1991, Tomar, 1996, p. 237-330.

[4] Éléments de bibliographie sur M.F. Barros :
Barros M. F., A Comuna Muçulmana de Lisboa (sécs. XIV e XV), Lisbonne, 1998, (Coll. "Biblioteca de Estudos Árabes", 4).
Barros M. F., « Mouros da Terra e Terra de Mouros », dans Muçulmanos e Cristãos entre o Tejo e o Douro (Sécs. VIII a XIII), M.J. Barroca M. J. et I.C. Fernandes dir., Palmela, 2005, p. 167-172.
Barros M. F., « Os mouros de Santarém : a comuna e os espaços », dans Santarém e o Magreb : encontro secular (970-1578), Santarém, 2004, p. 60-67.
Barros M. F., « The identificatio of Portuguese Muslims : Problems and Methodology », dans Marín M. (dir.), Arabic-Islamic Medieval Culture, Medieval Prosopography 23 (2002) Western Michigan University, p. 203 –228.
Barros M. F., « Identidade e aculturação : o casamento islâmico no Portugal Medieval », dans Mota G. (dir.), Minorias étnicas e religiosas em Portugal. História e actualidade. Actas. Curso de Inverno 9-11 de Janeiro de 2002, Coimbre, 2003, p. 101 – 116.
Barros M. F., « Os muçulmanos portugueses e o serviço militar : contra os bons usos e costumes », dans Laços Histórico-militares luso-magrebinos. Perspectivas de Valorização. Actas do XII Colóquio de História Militar, Lisbonne, 2003, p. 295-303.

[5] Éléments de bibliographie sur M.S. Alves Conde et I. Soares de Albergaria :
Conde M. S., Tomar Medieval. O espaço e os homens, Cascais, Patrimonia, 1996. Conde M. S., « Paisagens medievais », Media Aetas, 2e série, 1-2 (2004-2006).
Conde M. S. et Afonso Vieira M., « A habitação e a arquitectura corrente do Norte Trasmontano em finais da Idade Média », dans Paisagens rurais e urbanas. Fontes, metodologias, problemáticas I, I. Gonçalves dir., Lisbonne, 2005.
Conde M. S., « Nótulas em torno da casa urbana do Ocidente Peninsular entre os fins da Idade Média e o alvorecer da Modernidade : algumas alterações estruturais e superficiais na construção corrente », dans Paisagens rurais e urbanas. Fontes, metodologias, problemáticas III, I. Gonçalves dir., Lisbonne, 2007.
Conde M. S., « Sobre a casa urbana do Centro e Sul de Portugal, nos fins da Idade Média », Arqueologia Medieval, 5, Porto, 1997, p. 243-265.
Albergaria, I.S., « Materiais e Sistemas Construtivos Tradicionais da Arquitectura Doméstica, na Ilha de São Miguel », Media Aetas, 2e série, 4, (2009-2010), p.59-91.
Albergaria, I.S., « Tipologias construtivas da arquitectura doméstica quinhentista nas cidades atlânticas : heranças medievais e inovações renascentistas », dans Actas do VI Encuentros Internacionales del Medievo Construir la ciudad en la Edad Media, Nájera, 29 de Julho 2009 (à paraître).
Albergaria, I.S., « O trabalho da pedra nas casas nobres micaelenses dos séculos XVI a XVIII : sistemas construtivos e elementos arquitectónicos desenvolvidos localmente por técnicas e profissionais ligados ao trabalho da pedra », dans Actas do II Congresso Internacional da Casa Nobre, Arcos de Valdevez, 15 Novembro de 2008 (à paraître).

lundi 31 mai 2010

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Projet et implantation

Séance coordonnée par la Katholieke Universiteit Leuven, Departement Architektuur Stedenbouw en Ruimtelijke Ordening – Mme Krista de Jonge
Plans, dessins, modèles, exemples, contrat, devis… le projet architectural a pris diverses formes auxquelles la recherche a diversement prêté attention et sur lesquelles nous souhaitons revenir. Le projet sera alors envisagé jusqu’à sa première traduction formelle sur le terrain : l’implantation. Nous souhaitons évoquer dans ce cadre les manières dont, concrètement, les limites ou les dimensions du bâtiment à édifier étaient marquées, y compris lorsque l’emplacement prévu était déjà occupé par des constructions.

- Krista DE JONGE : Introduction

- Pieter MARTENS (Dr Ingénieur-architecte, chercheur post-doc, Dépt. d’architecture, urbanisme et planning, Katholieke Universiteit Leuven) : « Le dessin d’architecture militaire au XVIe siècle : formes et fonctions, du premier projet jusqu’au chantier » [2]

Cette contribution vise à éclairer le rôle du dessin d’architecture dans le champ militaire au XVIe siècle. La plupart des plans de fortifications conservés aujourd’hui (souvent recueillis dans des atlas militaires) sont des représentations postérieures d’ouvrages existants. Nous nous concentrerons, en revanche, sur les dessins, plus rares, qui ont joué un rôle dans les phases successives de la « projettation » même des ouvrages, de la première conception jusqu’au marquage sur le terrain du projet définitif et le début du chantier. En dehors de dessins conservés, cette analyse englobera également des dessins disparus mais mentionnés, parfois décrits en détail, dans des sources écrites. Les cas étudiés se situent pour la plupart dans les anciens Pays-Bas et seront mis dans une perspective européenne. Nous prêterons attention aux diverses formes et diverses fonctions du dessin (relevé du terrain, premier projet, plan et modèle de présentation, master plan, outil de travail, rapport du progrès des travaux, instrument de contrôle). Nous entendons également éclairer dans quelle mesure le dessin d’architecture militaire au XVIe siècle reflète le développement d’une nouvelle pratique architecturale (liée à la genèse de la fortification bastionnée), et dans quelle mesure le dessin a lui-même constitué une force motrice de cette nouvelle pratique.

- Elyne OLIVIER-VALENGIN (Consultante auprès des architectes du Patrimoine) : « Le dessin d’architecture au service d’une ambition : Simon Vollant à l’ombre de Vauban » [3]

Les Affaires Générales des Archives municipales de Lille recèlent un fonds original, dont l’étude prend tout son sens dans ce séminaire dont le thème porte sur le dessin d’architecture, hâtivement présenté comme le « portefeuille de Vauban », deux de ces croquis ont d’ailleurs été exposés à la Cité de l’Architecture à Paris lors du Tricentenaire de la mort de Vauban. En réalité, ces dessins sont les uniques témoignages iconographiques de l’activité d’un ingénieur du Roi lillois, Simon Vollant (1662-1696), entre 1668 et 1689. Ce personnage marqua de son empreinte l’architecture et l’urbanisme lillois de la seconde moitié du XVIIe siècle. De plus, il constitue un exemple remarquable d’ascension sociale par le biais du corps des ingénieurs des fortifications. Issu d’une lignée de maîtres-maçons lillois, il sut se rendre indispensable auprès de Vauban et gagner la sympathie et l’appui indéfectible de Louvois qui appuya son anoblissement. Il fut considéré comme la véritable cheville ouvrière des chantiers de Lille. Fort de son entregent et de ses capacités techniques, il gravit les échelons : de doyen du corps des maîtres-maçons lillois, il devint Argentier de la ville. A sa mort, il occupait les fonctions de « directeur » des fortifications d’une partie de la Flandre wallonne.
Nous avions découvert ce fonds en 1998 lors du travail préparatoire pour l’exposition Lille au XVIIe siècle. Cet ensemble de dessins inédits fut considéré comme non exposable sans doute en raison de son aspect brut, technique (relevés de terrain, notes de frais, esquisses) et disparate (commandes privées et publiques, dessins de plans de villes, dessins théoriques, portraits physiognomoniques). Consciente de l’intérêt de cette documentation, nous avions entrepris un travail de recherche sur la paternité de ces dessins. Ce sera l’objet de notre première partie.
Loin de se limiter à retracer le parcours archivistique de ce fonds, notre étude vise à comprendre la démarche de cet ingénieur militaire. Ces dessins, projets et relevés revêtent un caractère fondamental pou l’histoire urbaine de la ville de Lille mais aussi pour la connaissance de la carrière de Simon Vollant. Ils sont généralement les uniques témoignages iconographiques de son activité et des chantiers de fortifications de Lille entre 1668 et 1689, date des premiers plans conservés au Service Historique de l’Armée de Terre et au département des Estampes de la Bibliothèque Nationale de France. Ils permettent de connaître les étapes de l’élaboration des fortifications et de l’agrandissement de la ville de Lille : de l’observation du site au tracé, de la théorie au calcul, du relevé au projet (projet de casernes, jardin du Gouverneur etc.). La confrontation avec les archives manuscrites et les édifices ou ouvrages subsistants nous permettront d’analyser le passage de la conception à la réalisation du projet.
L’étude de ce fonds est donc une nécessité pour comprendre la genèse des transformations urbaines de Lille telles qu’elles apparaissent dans la nouvelle physionomie du paysage urbain des années 1668 à 1690.
Enfin, cette étude permettra d’élargir le champ d’activité connu de cet ingénieur militaire y compris sur le plan géographique mais aussi de mettre en valeur sa maîtrise de l’hydraulique au service de l’art des jardins, domaine jusqu’alors pas défriché.

- Astrid LANG (Historienne de l’art, chercheur en doctorat à l’Université de Cologne, Kunsthistorisches Institut, Baugeschichte) : The Architectural Drawings of Hermann Vischer the Younger : An adaptation of foreign architectural forms to a well-established technique of construction (Les dessins d’architecture de Hermann Vischer le jeune : l’adaptation des formes architecturales étrangères à une technique de construction bien assise). [4]

Dans les années 1515-1516, Hermann Vischer le jeune entreprit un voyage à travers l’Italie. À la fin de celui-ci, il retourna chez lui à Nuremberg avec une collection de projets et de dessins représentant plusieurs bâtiments de la Renaissance italienne parmi les plus récents, quelques architectures antiques et aussi des études sur la Cathédrale de Bamberg et la tombe de Sebaldus qui avait été quasiment achevée par l’atelier familial de Vischer pendant l’absence de Hermann. La première impression que nous laissent ces dessins est de présenter des études professionnelles des plus fidèles et des plus parfaites, mais lorsque l’on regarde la proportion, comme la plupart des détails, des éléments des bâtiments montrent qu’Hermann Vischer le jeune entretenait un rapport particulier avec l’architecture décrite.
Une analyse des lignes de construction présentées par chacun des dessins montre que Vischer utilisa une série limitée de formules géométriques pour créer les proportions de ses architectures. Il transforma volontairement la plupart des traits de l’architecture étrangère pour ramener une collection de projets de formes architecturales italiennes combinées avec sa technique personnelle de dessin (basée sur la géométrie) qu’il avait dû probablement acquérir dans un atelier de sa ville de Nuremberg ou proche de celle-ci. Avec cette combinaison entre des formes architecturales étrangères et une technique de construction bien assise, basée sur une longue tradition de pratique constructive des ateliers du Nord, les dessins de Hermann Vischer le jeune montrent un projet orienté vers le maître d’ouvrage. Anticipant des difficultés éventuelles lors de l’exécution de ses projets sur le chantier, il essaya de persuader préalablement les membres de son atelier, comme aussi, bien entendu, les futurs mécènes, de l’intérêt des innovations italiennes en les transférant dans la tradition locale des métiers du bâtiment. La propre appréciation par Vischer de sa tradition locale de la construction et de la conception doit bien sûr être analysée dans ce contexte.

In the years 1515 and 1516, Hermann Vischer the Younger travelled through Italy and returned from his trip to his hometown Nuremberg with a collection of drafts and drawings showing various of the most recent Italian renaissance buildings, some antique architecture and also studies of the Bamberg Cathedral and the Sebaldus tomb, which had been almost finished by the Vischer familiy workshop during Hermann’s absence. The first impression of the drawings is one of very accurately and thoroughly crafted surveys, but when it comes to proportion and also some major details of the buildings’ components, Hermann Vischer the Younger’s report of the status quo of the depicted architecture seems rather imprecise. However, an analysis of the construction lines, which are part of every single one of the sheets, shows that Vischer consistently used a limited set of various geometrical strategies to create the proportions of the surveyed architecture. He obviously willingly changed major aspects of the foreign architecture to bring home a collection of drafts consisting of Italian architectural forms combined with Vischer’s geometry-based drafting technique, which he most probably had acquired in a workshop in or near his hometown Nuremberg.
With this combination of foreign architectural forms and a well-established technique of construction based on a long lasting tradition of building experience in northern workshops, the drawings of Hermann Vischer the Younger show a receiver-oriented design. Anticipating possible difficulties in implementing his designs on the building site, he in advance tried to persuade the members of his workshop and also of course future patrons of the Italian innovations by translating them to the local tradition of building craft. Vischer’s own appreciation of his local tradition in building and designing can also of course not be underestimated in this context.

- Merlijn HURX (Historien de l’architecture, PhD researcher Technical University of Delft, Faculteit Bouwkunde) : The Metinghe for the Maison du Roi in Brussels and the Abbey of Tongerlo : contract supervision in the early sixteenth century in the Low Countries (Le Metinghe pour la Maison du roi à Bruxelles et l’abbaye de Tongerlo : contrôle des contrats dans les Pays Bas au début du XVIe siècle.) [5]

En 1431, le duc de Bourgogne décréta que dans le Duché de Brabant tous les travaux importants de construction de son administration devraient être mis en adjudication. Cette volonté de laisser fonctionner le système sous contrat était déjà courante en Hollande au XIVe siècle, quand l’important marché de la construction privée commença à se développer. Les ateliers installés près des carrières de Bruxelles – qui pouvaient développer une production préfabriquée allant de pierres de parement en série à des kits complet de bâtiment – furent particulièrement favorisées par cette formule. Seules quelques constructions telles Notre-Dame à Anvers et la Cathédrale d’Utrecht furent érigées en régie directe. La cour, comme l’Église et les villes préféraient, en effet, compter sur les entreprises privées plutôt que d’établir leurs propres sociétés de construction.
L’efficacité et la concurrence des prix étaient les causes évidentes du succès du système. Les entrepreneurs étaient invités à être présents aux enchères, pendant lesquelles ils étaient tentés de proposer leur plus faible offre par un système astucieux de bonus. De plus, le maître d’ouvrage pouvait pratiquer avec un petit groupe de travailleurs qu’il contrôlait et n’avait pas besoin de louer des ouvriers spécialisés et hautement qualifiés tout au long de l’année.
La conception des parties commerciales du contrat requérait une procédure rationnelle de projet et d’expertise. Pour faire connaître le travail et le transcrire sous forme contractuelle, des projets bien conçus à l’avance étaient nécessaires ; incluant un ensemble de dessins, un cahier des charges et des gabarits de tailleurs de pierre. Quand le travail était terminé, la construction était inspectée par des experts en bâtiment qui dressaient des rapports contenant les mesures de la bâtisse achevée.
Dans ce papier, nous analyserons deux de ces rares rapports d’expertise qui ont survécus afin de démontrer que concevoir et construire au bas Moyen Âge n’étaient pas seulement l’apanage de l’esprit du maître bâtisseur (in mente conceptum), mais requéraient aussi une procédure bien réglée dans la mesure où travailler avec les entrepreneurs laissait peu de place à l’improvisation.

In 1431 the Duke of Burgundy ordained that in the Duchy of Brabant all the large and heavy building works in his service should be put into tender. This practice of letting work out to contract was already common in the Netherlands in the fourteenth century, when a highly developed private building market started to emerge. Of particular interest, were the workshops near the quarries around Brussels, which could deliver prefabricated products ranging from small quantities of dressing stone to complete building kits. Only few buildings like Our Lady in Antwerp and Utrecht Cathedral were erected by direct labour. The court, as well as the church and the cities preferred to rely on private firms, instead of establishing their own large building companies.
Efficiency and price competition were obvious reasons for the success of letting work out. Contractors were invited to attend biddings, where they where tempted to make their lowest offer by an intelligent system of bonuses. Furthermore, the patron could do with a small controlling body and did not need to hire specialised and highly skilled workers all year round.
The involvement of commercial parties requested a rationalised procedure for design and surveying. To communicate the work and to lay it down in contract well thought-out designs were needed beforehand, which included a package of drawings, building specifications, and stonecutter’s templates. When the work was finished, the construction was inspected by building experts, who made detailed reports with measurements of the actual building.
In this paper two rare surviving reports are discussed to demonstrate that planning and building in the late-middle ages was not an process which only took place in the mind of the building master (
in mente conceptum), but instead required a systematic way of proceeding, since working with contractors left little room for improvisation.


[1] Simon Vollant (Archives municipales de la Ville de Lille) – photo E. Olivier-Valengin

[2] Éléments de bibliographie de P. Martens :
Martens P., « An early sixteenth-century drawing of two bulwarks at Arras », Fort. The international journal of fortification and military architecture, 27 (1999), p. 67-92.
Martens P., « Construction and Destruction of Military Architecture in the Mid-16th-Century Low Countries : Some Observations on Labour Force », dans Proceedings of The Second International Congress on Construction History (Queens’ College, Cambridge University, 29th March-2nd April 2006), M. Dunkeld, et al., éd., Cambridge, 2006, vol. 2, p. 2111-2123.
Martens P., « Pierre-Ernest de Mansfeld et les ingénieurs militaires : la défense du territoire », dans Un prince de la Renaissance. Pierre-Ernest de Mansfeld (1517-1604). II, Essais et catalogue, J.-L. Mousset, K. De Jonge, éd., Luxembourg, Musée national d’histoire et d’art, 2007, p. 97-112.
Martens P., « La destruction de Thérouanne et d’Hesdin par Charles Quint en 1553 », dans La forteresse à l’épreuve du temps. Destruction, dissolution, dénaturation, XIe-XXe siècle,G. Blieck, Ph. Contamine, et al., éd., Paris, CTHS, 2007, p. 63-117.
Martens P., « La défense des Pays-Bas et l’architecture militaire pendant la régence de Marie de Hongrie (1531−1555) », dans Marie de Hongrie. Politique et culture sous la Renaissance aux Pays-Bas, B. Federinov, G. Docquier, éd., Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, 2008, p. 90-105.

[3] Éléments de bibliographie de E. Olivier-Valengin :
Olivier-Valengin E., « Hommes de technique et hommes de savoir : les experts jurés et l’expertise des bâtiments à Lille XVIe-fin XVIIIe siècles) », Premier congrès de l’Histoire de la Construction, Paris, 2008, à paraître, mai 2010.
Olivier-Valengin E., « Le Beau dans la ville de Lille : l’espace public et l’espace privé XVIe-XVIIIe siècles », dans Le Beau dans la ville, sous la direction de Ph. Chassaigne, Colloque, Tours, 23-24 novembre 2007, à paraître.
Olivier-Valengin E., « Notices : Hôtel de Wambrechies / Maison de la Bible d’Or », dans Catalogue de l’exposition Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil, V.Sanger et I. Warmoes dir., Paris, Somogy, 2008.
Participation au Fascicule du Visiteur, Exposition Places fortes, Lille, Musée de l’Hospice Comtesse - Archives départementales du Nord, 2008.
Olivier-Valengin E., « L’émergence d’une élite d’entrepreneurs au sein de la corporation des maîtres maçons : des politiques familiales d’enrichissement à la reconnaissance sociale », dans Le peuple des villes dans l’Europe du Nord-Ouest (Fin du Moyen Age – 1945), Lille III, 2002, pp. 213-230.
Olivier-Valengin E., « La peinture dans les hôtels particuliers de Lille : un décor en constante évolution », dans La peinture en province Moyen-Age- XXème siècle. Colloque tenu à l’Université de Rennes 2, avril 2001,, J.-P. Lethuillier dir., Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002, pp. 163-177.
Olivier-Valengin E., « L’architecture des hôtels particuliers 1667-1715 », dans Lille au XVIIe siècle, Paris, R.M.N., 2000, pp. 88-98.

[4] Éléments de bibliographie de A. Lang :
LANG, Astrid, Die frühneuzeitliche Architekturzeichnung als Medium intra- und interkultureller Kommunikation : Entwurfs- und Repräsentationskonventionen nördlich der Alpen und ihre Bedeutung für den Kulturtransfer um 1500 am Beispiel der Architekturzeichnungen von Hermann Vischer d. J. Diss. Cologne, (à paraître).

[5] Éléments de bibliographie de M. Hurx :
VAN ESSEN G. et. HURX M, « Design and construction in the cities of Holland, Part I. Supraregional and municipal systems : the construction of large city churches and the earliest public works (14th – 16th centuries) », OverHolland, 8 (2009), p. 3-30.
HURX M., « Architecten en gildedwang ; vernieuwingen in de ontwerppraktijk in de vijftiende en zestiende eeuw ? », Bulletin van de Koninklijke Nederlandse Oudheidkundige Bond, 108 (2009), p. 1-18.
HURX M., « Middeleeuwse ’prefab’ in de Nederlanden ? De Hollandse kerken van de Antwerpse loodsmeester Evert Spoorwater », Bulletin van de Koninklijke Nederlandse Oudheidkundige Bond, 106 (2007), p. 112-134.
HURX M., « Bartolomeo Ammannati and the College of San Giovannino in Florence : Adapting Architecture to Jesuit Needs », Journal of the Society of Architectural Historians, 68/3 (sept. 2009), p. 338-357.

lundi 21 juin 2010

 [1]

Regards sur l’histoire de la construction en Asie et Premières conclusions sur la Controverse de Bédoin

Séance coordonnée par Philippe Bernardi et Robert Carvais
Pour conclure cette première année de séminaire sur « l’Histoire de la construction », nous proposons d’ouvrir cette dernière séance à une aire géographique nouvelle pour nous. L’idée est, au-delà de l’intérêt premier des données présentées, de nous permettre d’échanger avec les acteurs d’une recherche faite dans un cadre, avec des sources ou avec une culture historique qui ne sont pas nécessairement identiques aux nôtres. Nous souhaitons ainsi, dans une optique comparatiste, donner la parole à une recherche contemporaine, vive, dont nous croisons rarement la production.
Nous avons souhaité également présenter les premiers résultats des différents travaux menés en prolongement du « chantier » de la Controverse de Bédoin. Au delà de leur intérêt monographique, ces regards croisés sur la construction problématique d’une église dans les premières décennies du XVIIIe siècle nous ont paru pouvoir susciter la réflexion sur les différents modes d’approche possible d’un chantier et de ses acteurs.
Le thème « Construction et économie », initialement envisagé pour cette journée sera abordé au cours de l’année prochaine.

Matinée

- Sandrine Gill (Enseignant-chercheur en Histoire de l’art et archéologie à l’Université Paris IV, CREOPS), « Stupas et temples bouddhiques de l’Inde ancienne : de la construction à la reconstruction » [2]

Dès les premiers établissements bouddhiques, datés du IIIe siècle avant J.-C., la tradition constructive des monuments de culte obéit à des contraintes à la fois rituelles et économiques qui en soulignent la singularité. Qu’il s’agisse des stupas, monuments pleins aux symboles multiples, des premiers temples excavés ou de l’organisation spatiale des sites, un certain nombre de traits semblent récurrents : construction par étapes, densité, accumulation, adaptation, réemploi. Des recherches archéologiques récentes, corroborées par des sources textuelles, permettent de mettre en lumière des aspects de la construction des monuments qui n’avaient pas été perçus lors des grandes découvertes archéologiques du XIXe siècle.

- Anne-Claire JURAMIE (Enseignant-chercheur en Histoire de l’art et Archéologie à l’Université Paris IV, CREOPS), « Conservation, restauration ou reconstruction ? Le cas d’un temple en bois dans l’Himalaya indien (Sungra, district du Kinnaur, Himachal Pradesh) » [3]

La notion d’authenticité de la forme architecturale peut être appréhendée différemment entre l’Occident et le continent asiatique, ce que nous montre le cas d’un temple en bois, situé dans le village de Sungra au Kinnaur, district d’Himachal Pradesh au nord de l’Inde. Ce temple, dont la fondation semble remonter à une date ancienne, a été entièrement démonté puis reconstruit entre 2004 et 2005.
Mais comment se conçoit la mémoire des lieux dans ces vallées de l’Himalaya indien ? Quant à la reconstruction proprement dite : y a-t-il eu conservation parfaite de la forme originale ? Et que peut entraîner le remplacement complet du monument d’origine par une copie ? Concernant enfin l’iconographie elle-même, disposée sur les murs extérieurs de l’édifice, il semble en revanche que le programme ait été complètement modifié.
En ouvrant le champ de recherche vers d’autres vallées himalayennes indiennes proches, la reconstruction à l’identique n’apparaît pas toujours être de rigueur. De même, en regardant plus loin encore, en direction des temples en bois du Népal ou du Japon, les solutions diffèrent également.

Après-midi

- Revue de publications récentes sur l’histoire de la construction

- Regards croisés sur un chantier et ses architectes : la construction de l’église de Bédoin


[1] Sanchi : structures votives restaurées entre le stūpa n°1 et le stūpa n°3 (à l’arrière plan) (© S.Gill)

[2] Éléments de bibliographie de S. Gill :
S. Gill, Phantasmic anatomy of the Statues of Mathura, Munshiram Manoharlal, Delhi 2000, I-XXVIII +112 p., 154 croquis.
S. Gill, « New researches on Paharpur Buddhist monastery (North Bengal) », dans The Temple in South Asia, ed. Adam Hardy, vol. 2 of the Proceedings of the 18th Conference of the European Association of South Asian Archaeologists, J.-Y. Breuil collab., London 2005, London 2007, p. 127-138 (The British Association for South Asian Studies, the British Academy).
S. Gill, « Spatial organisation of Paharpur Buddhist establishment », dans Sacred Landscapes in Asia. Shared Traditions, Multiple Histories, Manohar/India International Centre, H.P. Ray éd., Delhi, 2007, p.169-198 .
S. Gill, « Two notes on Chronology and Style : Evidence from Mahasthan. A note on the Mahasthan double-faced Buddha. A Surya stone plaque from Mahasthan », dans Archaeology of Eastern India : New Perspectives, Centre for Archaeological Studies and Training, Eastern India, G. Sengupta et S. Panja éd..Kolkata, 2002, p. 41-65.
S. Gill, « Le discours des portails. Procédés de création dans la sculpture des portails du stupa majeur de Sanchi », Arts Asiatiques, 55 (2000), p. 32-54.

[3] Éléments de bibliographie de A.-C. Juramie :
A.-C. Juramie et K. Meahl, « Comparative studies and dating questions between Nepalese sculpture and painting : the case of Nepalese Buddhist Ritual Crowns », dans Proceedings of the 17th International Conference of the European Association of South Asian Archaeologists (Bonn, 7-11 juil. 03), Aachen, Ed. Linden Soft, 2005, p. 461-470.
A.-C. Juramie, « Bijoux du Népal », Arts et Cultures , revue du Musée Barbier Mueller, 2009, p. 147-161.
A.-C. Juramie, « L’Iconographie du temple royal de Cangu Narayana (vallée de Kathmandu) », Arts Asiatiques, 58 (décembre 2003), p. 34-59.
A.-C. Juramie, « L’Architecture religieuse de la vallée de Kathmandu », p. 28-37, « Les Palais de la vallée », p. 38-39, « Les Avatars de Visnu dans la vallée de Kathmandu », p. 58-63, Dossiers d’Archéologie « Le Népal, au pays de Kathmandu », 293 (mai 2004).
A.-C. Juramie, Architecture et iconographie des temples de Vishnu dans la Vallée de Kathmandu, Népal, Lille, 2003.