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Histoire de la construction - 2011-2012

lundi 31 janvier 2011

 [1]

Charpentes médiévales et modernes. Quelques études récentes

Programme
Introduction de la séance
Bibliographie

- Jean-Yves HUNOT (Service Archéologie du Département de Maine-et-Loire) : « La charpente médiévale en Anjou entre le Xe siècle et la fin du XVe siècle » [2]

L’étude des charpentes de comble, entreprise depuis maintenant une bonne quinzaine d’années au fil des chantiers d’archéologie et des restaurations, intègre plus de 180 structures antérieures à la fin du XVIIIe siècle ; période où la conception passe du charpentier au maître d’œuvre et/ou à l’ingénieur avec le développement de l’emploi du métal. Toutefois depuis 2002 nous avons concentré nos efforts sur les structures antérieures au milieu du XVe siècle. En effet, un premier bilan dressé, il y a maintenant quelques années, montrait la presque absence en Anjou de charpentes réalisées entre le milieu du XIIIe et le milieu du XVe siècle tant sur des édifices civils que religieux. Les prospections centrées sur l’habitat seigneurial de ces périodes a permis d’en découvrir quelques-unes et, parallèlement, celles sur les églises dotées de voûte gothique de style Plantagenêt en ont livré d’autres. C’est ainsi qu’à ce jour 61 structures antérieures à 1450 réparties sur 45 sites ont été étudiées. L’utilisation de la dendrochronologie sur 43 d’entre-elles permet la datation précise de ces charpentes et par conséquent celle des sites étudiés. Mais surtout ces datations fournissent des bases fiables pour retracer une évolution des techniques et des conceptions.
Les structures les plus anciennes dépourvues de triangulation vont laisser la place au cours du XIIe siècle à des charpentes à chevrons-porteurs tramées. Ces charpentes caractérisées par leur assemblage à mi-bois vont progressivement intégrer des éléments de contreventement longitudinal. Parallèlement l’emploi de l’assemblage à tenon et à mortaise souligne une meilleure compréhension de la statique des structures. La datation des bois par la dendrochronologie a permis de mieux cerner l’apparition de nouvelles formes mais aussi, à l’opposé, de certaines persistances. Le XIVe et le début du XVe siècle montrent une grande diversité qui signale les tentatives faites par nombre de charpentiers pour trouver les formes les plus stables tant à chevrons-porteurs qu’à fermes et à pannes. C’est au cours de cette période que l’on voit apparaître des formes plus régionales significatives d’influences diverses. Cela aboutit vers 1450 à un modèle dominant de charpentes à chevrons-porteurs qui va couvrir nombre de manoirs et d’églises angevines laissant quelques espaces pour plusieurs types particuliers qui rencontrent une limite à leur expansion en Anjou.

- Émilien BOUTICOURT (Doctorant Lamop, Université Paris 1) : « Restituer une charpente à partir de ses traces : la charpente du palais d’Arnaud de Via à Villeneuve-lès-Avignon » [3]

Le palais Arnaud de Via, élevé à Villeneuve-lès-Avignon au début du XIVe siècle par le neveu du pape Jean XXII, conserve les vestiges d’une travée de sa charpente d’origine. L’étude de ses différents fragments permet aujourd’hui de restituer la forme initiale du toit du palais et de le dater des années 1320-1330. Plus que les résultats d’une étude archéologique, cette présentation a pour objectif d’exposer une méthode de travail qui passe par la description et le relevé « bois à bois » des pièces de la structure et par une analyse dendrochronologique. La démarche a pour objet de tirer parti de la moindre trace de mise en œuvre ou de reprise susceptible de renseigner sur le processus de construction ou sur les modifications survenues au cours des siècles, et de dater les vestiges. Pour les toits de la région d’Avignon, les outils archéologiques et dendrochronologiques sont indispensables pour retrouver les formes de charpentes car nous n’avons souvent à faire qu’à des fragments ou à des traces. Les charpentes ont été délaissées, ruinées, voire détruites parce qu’elles n’attiraient pas les archéologues ou les architectes, freinés par l’idée tenace que l’art du charpentier ne s’était pas exprimé sur ce territoire. À partir de l’exemple du toit du palais Arnaud de Via à Villeneuve-lès-Avignon, nous souhaitons présenter une application de notre travail et souligner l’intérêt d’une étude archéologique des toits de la région.

- Anna BOATO (Professeur à la Faculté d’architecture de l’Université de Gênes) : « Planchers et toits à Gênes entre Moyen Âge et époque moderne : construction et finitions » [4]

Entre Moyen Âge et époque moderne, à Gênes comme dans le territoire de cette cité, les charpentes de planchers et de toits des habitations nobles et des édifices religieux demeuraient généralement apparentes. De telles structures, travaillées avec soin et souvent dotées d’un décor peint, ont aujourd’hui en partie disparu mais certaines d’entre elles se sont conservées, cachées sous des plafonds plus récents. Les travaux de réaménagement de ces dernières décennies ont permis de découvrir quelques-unes de ces charpentes « apparentes », sur lesquelles ont été conduites des études spécifiques, dans le but d’analyser leur mode de construction (matériaux employés, technique de montage, modalités de mise en œuvre et de définition…), de mettre en évidence les similitudes et les variantes éventuelles et, si possible, de les dater au moyen de méthodes archéologiques et archéométriques.
Dans le même temps, l’analyse des archives (en particulier des contrats de construction conservés dans le fonds des notaires à l’Archivio di Stato de Gênes) a permis de compléter les informations obtenues grâce à l’étude archéologique du bâti, l’enrichissant d’informations relatives à la terminologie technique ancienne, à la main d’œuvre impliquée dans ces travaux, aux volontés spécifiques exprimées par les commanditaires au moment du passage des contrats, aux clauses contenues dans ces mêmes contrats… Ainsi, il est aujourd’hui possible de proposer les premiers éléments d’une synthèse sur ces structures de bois particulières - à l’époque très courantes mais de nos jours peu connues et peu étudiées - qui, parce que cachées et fragiles, se trouvent particulièrement menacées et méritent de ce fait attention et protection.

« Solai e tetti genovesi tra Medioevo ed Età moderna : costruzione e finitura »
Tra Medioevo ed Età moderna, a Genova e nel territorio da essa amministrato, le carpenterie di solai e tetti delle abitazioni nobiliari e degli edifici ecclesiastici erano solitamente “a vista”. Tali strutture, accuratamente lavorate e spesso dotate di decorazioni dipinte, sono in parte scomparse, ma molte di esse si sono conservate, nascoste sotto più recenti controsoffitti.
I lavori di ristrutturazione degli ultimi decenni hanno portato alla luce un certo numero di solai e tetti “a vista”, su alcuni dei quali sono state condotte specifiche indagini, allo scopo di analizzare le loro modalità costruttive (materiali ed elementi impiegati, tecniche di montaggio, modalità di lavorazione e finitura…), di individuare somiglianze e differenze eventualmente presenti e, quando possibile, di datarle con metodi archeologici e archeometrici. L’analisi della documentazione d’archivio coeva (in particolare contratti di costruzione conservati nel Fondo Notai dell’Archivio di Stato di Genova) ha permesso di completare le conoscenze ottenute tramite le analisi di archeologia del costruito, arricchendole con ulteriori informazioni relative alla terminologia tecnica antica, alle maestranze coinvolte, alle specifiche richieste avanzate dalla committenza al momento dell’affidamento dei lavori, alle clausole contrattuali previste…
In tale modo è possibile oggi delineare un primo quadro di sintesi su queste particolari strutture lignee, all’epoca molto diffuse, ma ora poco conosciute e poco studiate, che per la loro posizione nascosta e per la loro grande fragilità, sono particolarmente a rischio e che meritano invece attenzione e tutela.

- Rémy MOUTERDE (Enseignant au Laboratoire d’Analyse des Formes, École nationale supérieure d’architecture de Lyon, doctorant au GSA) : « Le levage des charpentes à chevrons formant ferme déterminant de l’évolution d’une morphologie » [5]

Plusieurs auteurs se sont déjà penchés sur l’évolution typo-morphologique des charpentes à chevron formant ferme et ont tenté dans leur publication de donner des explications sur l’évolution de ces charpentes en fonction de leurs spécialisations et compétences d’origine : architectes en charge de monuments historiques, historiens et archéologues, dendrochronologues, spécialistes en sylviculture et économie forestière mais aussi charpentiers. Beaucoup d’explications avancées font référence à l’économie forestière de cette époque et aux difficultés d’approvisionnement. D’autres explications s’appuient sur des arguments d’ordre mécanique (comportement de la structure). Le rôle du levage, c’est-à-dire de la mise en place de ces charpentes une fois la maçonnerie achevée, n’est pour l’instant pas abordé.
- Quelles difficultés posent la mise en place des charpentes à chevrons formant ferme ?
- Quels sont les scénarios de levage envisageables pour certaines morphologies caractéristiques ?
En reconstituant certains prototypes remarquables et étudiant leur mise en place à l’aide d’un outillage ou de dispositif de levage conformes à ceux utilisés à cette époque, nous cherchons à préciser la plausibilité et les séquences opérationnelles indispensables à leur pose.
Notre contribution, permet d’aborder et de répondre à certaines questions jusque là, soit oubliées, soit seulement évoquées par Marcel Le Port sans plus de précisions. Les résultats produits, sans être déterminants, invalident cependant certaines hypothèses et, en particulier, celle d’un assemblage des fermes au niveau du sol qui précède leur mise en place au sommet des murs. L’apparition des premiers dispositifs longitudinaux mis en place dans ces structures s’explique, à nos yeux, comme une disposition facilitant le levage, plus qu’un dispositif de contreventement destiné à reprendre les sollicitations horizontales s’exerçant dans l’axe longitudinal du bâtiment. Ces premiers dispositifs, utilisant une lierne longitudinale associée à des liens ou une croix de St André, et qui relient deux fermes principales consécutives, peuvent ainsi être vus comme les premiers éléments d’une structure d’échafaudage, facilitant le travail en hauteur et permettant une mise en place simplifiée des chevrons, aussi bien pour les fermes principales que pour les secondaires, comme l’on montré les expérimentations que nous avons mené. Ce principe sera repris ultérieurement, aussi bien dans des charpentes à chevrons formant fermes que dans les charpentes à pannes et chevrons, avec l’introduction des portiques étagés.
Nous terminerons par une réflexion sur la méthodologie à mettre en place pour pratiquer avec pertinence l’archéologie expérimentale dans le cadre de travaux sur l’histoire de la construction.


[1] Charpente de la collégiale de Briançon (05), début du XVIIIe s. © Cliché Ph. Bernardi

[2] Éléments de bibliographie sur J.-Y. Hunot :
Hunot J.-Y., « Châteaubriant, charpente du “Petit Logis” du Vieux-Château », Bulletin monumental, 162-III (2004), p. 211-213.
Hunot J.-Y., « L’évolution de la charpente de comble en Anjou, XIIe-XVIIIe siècles », Revue archéologique de l’Ouest, 21 (2004), p. 225-245.
Hunot J.-Y., Guérin J., « Couvertures de tuiles creuses du XIIe siècle sous des charpentes médiévales en Anjou », Bulletin monumental, 165-3 (2007), p. 235-248.
Hunot J.-Y., Litoux E., Prigent D., « Un chantier de construction du XVe siècle : le château de Montsoreau (Maine-et-Loire). La progression des travaux à partir de l’étude des maçonneries », danns F. Blary, J.- P. Gély & J. Lorenz dir., Pierres du patrimoine européen. Économie de la pierre de l’Antiquité à la fin des Temps Modernes, Paris-Château–Thierry, 2008, p. 195–206.
Hunot J.-Y., « Charpentes de comble et de plancher : vers une meilleure datation de la construction », dans E. Litoux et E. Cron E. dir, Le château et la citadelle de Saumur, architectures du pouvoir, Paris, 2010, p. 76-83.

[3] Éléments de bibliographie sur É. Bouticourt :
É. Bouticourt et F. Guibal, « Approches dendrochronologique et archéologique des charpentes et plafonds peints médiévaux en Provence », (à paraître).
É. Bouticourt et F. Guibal, « Dendrochronologie des charpentes et plafonds peints médiévaux en région méditerranéenne », Panorama de la dendrochronologie en France, Collection EDYTEM, 11 (2010), p. 143-148.
É. Bouticourt, « Les origines médiévales d’une technique de charpente : la poutre armée », Archéologie du Midi médiéval, 26 (2008), p. 145-165.
É. Bouticourt, « Poutre armée et pan de bois », p.152-154 ; « Regards sur quelques traités de charpentes », p. 127-130 ; « Les charpentes de toit », p. 190-201 ; « La charpente de toit du “château” de Cabannes (13) », p. 219-221 ; « La charpente de la collégiale de Briançon (05) », p. 222-231 ; « Les marques d’assemblages », p. 135-137 ; « Les principaux types d’assemblages », p. 142-145, dans Forêts alpines et Charpentes de Méditerranée, Forêts alpines & charpentes de Méditerranée : exposition créée au Musée Museum Départemental, Gap, Études réunies par Ph. Bernardi, L’Argentière la Bessée, 2008.
É. Bouticourt, I. Parron, J.-F. Reynaud, H. Chopin, « Le palais épiscopal au Moyen Âge », dans De mémoires de palais : archéologie et histoire du groupe cathédral de Valence, I. Parron et J. Tardieu dir., Valence, 2006, p. 207-221.

[4] Éléments de bibliographie sur A. Boato :
A. Boato, Costruire “alla moderna”. Materiali e tecniche a Genova tra XV e XVI secolo, All’Insegna del Giglio, Florence, 2005, 166 p.
A. Boato, « Les objets et les mots, deux aspects d’une recherche sur le bâti historique génois », dans Texte et archéologie monumentale. Approches de l’architecture médiévale, Actes du Colloque international (Avignon, 30 novembre - 2 décembre 2000), Ph. Bernardi, A. Hartmann-Virnich et D.Vingtain dir., Collection “Europe médiévale”, 6, Ed. Monique Mergoil, Montagnac, 2005, p. 137-152.
A. Boato, L’archeologia in architettura. Misurazioni, stratigrafie, datazioni, restauro, Venise, 2008, 195 p.
A. Boato et A. Decri., « Tetti e solai genovesi dal XV al XVIII secolo », dans Atti del XXV Convegno "Scienza e beni culturali" Conservare e restaurare il legno. Conoscenze, esperienze, prospettive (Bressanone, 23-26 giugno 2009), Venise, 2009, p. 71-84.
Ph. Bernardi Ph., A. Boato, É. Bouticourt, T. Conejo, Decri A. et J. Domenge, « Storia di un dettaglio : il coprigiunto », dans Atti del XXV Convegno "Scienza e beni culturali"… op. cit., p. 135-150.

[5] Éléments de bibliographie sur R.Mouterde :
F. Fleury et R. Mouterde, « Réexamen des principes constructifs des charpentes anciennes, à travers un exemple du début du Moyen Age », dans Actes du colloque Lara/INSA “Les formes du patrimoine architectural”, Strasbourg, les 15 et 16 mars 2004,
F. Fleury et R. Mouterde, « Éclairage de la mécanique des structures pour l’analyse d’une évolution morphologique »,dans Actes du colloque “Les matériaux européens de l’architecture. Apport de l’archéométrie à l’archéologie du bâtiment”, Liège du 17 au 20 janvier 2005.
R. Mouterde, « The stiffening system of medieval timberwork in the cathedral of Saint Pierre de Poitiers », dans Actes du Second International Congress on Construction History, Cambridge du 29 mars au 2 avril 2006
R. Mouterde, « Charpente de l’église St Pierre de Montmartre », dans Edifice & Artifice : histoires constructives, actes du premier congrès francophone d’histoire de la construction, Paris, 2010.
R. Mouterde, « La mécanique des charpentes : le cas de la cathédrale St. Pierre à Poitiers », dans Charpentes du Grand Ouest, Brepols Publishers, à paraître en 2011.

Lundi 14 mars 2011

 [1]

Droit et construction

Programme

Introduction

- Catherine SALIOU (Université de Paris VIII), « Conflits de voisinage et droit de la construction en Palestine dans l’Antiquité tardive. À propos de deux lettres de Procope de Gaza (ep. 14 et 137 Garzya-Loenertz) » [2]

Deux lettres de Procope de Gaza, actif sous le règne d’Anastase (491-518), concernent des conflits de voisinage. Dans les deux cas, un voisin empêche un autre de mener à bien des travaux de construction qu’il a engagés. Les termes employés par Procope montrent que la procédure est celle de l’operis noui nuntiatio, bien connue par les textes jurisprudentiels classiques, et objet d’une réforme sous le règne de Zénon (474-491). L’un des litiges concerne la protection de l’éclairement naturel d’un édifice, garanti par le respect de prescriptions de distance à respecter lors d’une nouvelle construction. On s’interrogera sur l’identification de ces prescriptions à des normes juridiques connues par d’autres sources. Plus généralement, ces deux lettres permettent d’engager une réflexion sur les relations entre le droit de la construction et la typologie des rapports de voisinage, ainsi que sur les relations entre les « droits locaux » et le « droit impérial ».

- Musa SROOR (Directeur du Département d’histoire et d’archéologie, Université de Birzeit, Palestine) : « Fondations pieuses en mouvement. De la transformation du statut de propriété des biens waqfs à Jérusalem (1858-1917) » [3]

Cette étude, se fondant sur une riche documentation inédite, montre que, contrairement à l’idée selon laquelle les biens d’une fondation pieuse (waqf) sont inaliénables, de nombreux biens affectés à des waqfs de Jérusalem entre 1858 et 1917 étaient offerts, vendus, spoliés, donnés en héritage ou transformés en propriétés privées, par des voies légales ou illégales.
À partir de nombreuses sources de première main (archives conservées en Palestine, en Jordanie, en Turquie, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni), l’auteur examine les modalités selon lesquelles, dans le cadre du droit musulman et de la législation ottomane, un bien waqf pouvait changer de statut et devenir une propriété privée. Il met en lumière les stratégies et les procédures par lesquelles différents acteurs ont participé à cette transformation et montre comment, à travers divers types de contrats, les gestionnaires des waqfs, ainsi que les représentants des autorités politiques et religieuses locales, du pouvoir ottoman et des puissances étrangères, ont contribué à s’approprier les biens affectés à ces waqfs dans le cadre d’intérêts personnels ou collectifs. Durant les six dernières décennies ottomanes, le paysage foncier de Jérusalem fut ainsi profondément bouleversé.

- Anne-Sophie CONDETTE-MARQUANT (Université de Panthéon-Assas) « Le marché de construction : législation et pratique (XVIIe-XVIIIe siècles) » [4]

Au XVIIe siècle, Sully, surintendant des finances, grand voyer de France se préoccupe de reconstruire et d’aménager le royaume de France. Pour atteindre cet objectif, il encadre les marchés de construction des ouvrages publics. La raison est financière et juridique. Il faut maîtriser les dépenses royales et engager la responsabilité des entrepreneurs afin que ceux-ci ne méconnaissent pas la portée de leur engagement. Sous son influence, deux textes décisifs sont adoptés à savoir le règlement du 13 janvier 1605 et l’arrêt du Conseil du 7 février 1608. Ces deux lois du roi imposent le recours à l’adjudication pour la construction des édifices publics. Les travaux doivent désormais être obligatoirement confiés à un entrepreneur et donner lieu à un contrat précisant l’objet du contrat et le prix de celui-ci.
Au XVIIIe siècle, les administrateurs poursuivent cette dynamique et renforcent le marché par entreprise. Sous l’influence de l’administration des Ponts et Chaussées, ils définissent plus strictement les obligations et la responsabilité des entrepreneurs. Malgré les garanties indéniables présentées par l’adjudication d’un marché à un entrepreneur de bâtiments, les administrateurs souhaitent progressivement plus de souplesse dans l’attribution des contrats de construction. Le droit des marchés de construction des ouvrages publics connaît, par la pratique, une certaine évolution.

- Julien PUGET (Doctorant, UMR 6570 TELEMME, MMSH - Aix-en-Provence) : « Croissance urbaine et construction à Aix et Marseille au XVIIe siècle : normes, acteurs, et pratiques. Premières approches » [5]

Au milieu du XVIIe siècle, les villes d’Aix et de Marseille sont chacune l’objet d’une importante opération d’accroissement urbain. Ces deux agrandissements donneront alors naissance à deux nouveaux quartiers, que les contemporains nomment la « nouvelle ville ». À partir de ceux expériences extrêmement intenses en matière de construction, la présente communication vise à mettre en lumière le rôle et la place des acteurs du bâtiment lors d’un « temps » d’urbanisme plus ou moins réglé.
Aujourd’hui, le cadre général du droit des travaux publics sous l’Ancien régime est bien connu pour l’ensemble du royaume. En revanche, les modalités pratiques de mise en œuvre de ce système juridique, et ses usages, sont encore mal perçues.
Essentiellement à partir de l’exemple des maîtres maçons, cette présentation poursuit un double objectif, chacun centré sur une échelle d’analyse propre. D’une part, le but est d’observer le cadre institutionnel et juridique déployé en matière de construction publique et privée. Les relations des administrateurs avec les maîtres maçons, leurs secteurs d’intervention, et les mécanismes de surveillance et de contrôle développés, sont au cœur de notre réflexion. En s’intéressant ensuite à l’ordinaire de la ville, il conviendra de s’arrêter sur les pratiques immobilières de ces maîtres. L’exemple particulier de l’un d’entre eux, nous éclairera sur « une » des pratiques possibles du marché de la construction par l’un de ses acteurs. Moins que des résultats définitifs et figés, la présente communication vise à développer une approche insistant davantage sur l’articulation entre les échelles d’analyse, les sources, et leur traitement. À partir de documents administratifs - en particulier les délibérations du Bureau de l’Agrandissement mis en place à Marseille - et d’actes de la pratique - prix fait, transactions immobilières, cessions… etc. - ce sont avant tout les pratiques et les usages sociaux du cadre juridique en place que nous souhaitons mettre en lumière.


[1] Enluminure du livre XXXIX du Digeste de Justinien glosé par Accurse, consacré à la législation de la construction (Digestum novum cum glossa Accursii, Bologne, vers 1330, © BnF Ms Latin 14341, fol. 1)

[2] Éléments de bibliographie sur Catherine SALIOU :
Ouvrages
Les Lois des bâtiments, Bibliothèque Archéologique et Historique, tome CXVI, IFAPO, Beyrouth, 1994, 340 p.
Le Traité d’urbanisme de Julien d’Ascalon (VIe s.). Droit et architecture en Palestine au VIe s., Travaux et mémoires du centre de recherche d’histoire et civilisation de Byzance, monographies, n° 8, Paris, 1996, 160 p.
Actes du colloque Gaza dans l’Antiquité Tardive. Archéologie, rhétorique et histoire (Poitiers, 6-7 mai 2004), Salerno, 2005.
En collaboration avec P. Ballet et Nadine Dieudonné-Glad, Actes du colloque La rue dans l’Antiquité, définition, aménagement et devenir, actes du colloque de Poitiers, 7-9 septembre 2006, Rennes, 2008.
Vitruve, De l’Architecture, livre V, texte édité, traduit et commenté par C. Saliou, Collection des Universités de France, Paris, 2009.
Articles et contributions à des ouvrages collectifs
« Locus communis et mur mitoyen. Réflexions sur un passage de Vitruve (II, 8, 17) », Revue des Études Latines, 78 (2001), p. 9-15.
« Épigraphie et rapports de voisinage : communis versus priuatus » à paraître dans Dubouloz, J.., Ingold, A., Faire la preuve de la propriété en Méditerranée, Rome, Bibliothèque de l’EFR [à paraître].
« Les quatre fils de Polémocratès, archéologie et textes », Doura-Europos, Études, 1990, dans Syria, 69 (1992), p. 65-100.
« La maison urbaine en Syrie d’après la documentation juridique », dans La maison dans la Syrie antique, du troisième millénaire aux débuts de l’Islam, Pratiques et représentations de l’espace domestique, Actes du colloque international de Damas, 27 au 30 juin 1992, Beyrouth, 1997, p. 313-327.
« The Byzantine house (400-912) : rules and representations », dans Material Culture and Well-Being in Byzantium (400-1453), Grünbart, M., Kislinger, E., Muthesius, A., Stathakopoulos, D. dir., Wien, 2007, p. 199-206.

[3] Éléments de bibliographie sur Musa Sroor :
« Jerusalem’s Islamic Archives : Sources for the question of the waqf in the Ottoman period », Jerusalem Quarterly,22-23 ( 2005), p. 80-87.
« La transformation des biens waqfs en propriété privée à Jérusalem, 1858- 1917 », Arab Historical Review for Ottoman Studies, 36 (novembre 2007), p. 251-285.
« La transformation des biens waqfs en propriété privée (Jérusalémite et étrangère) à Jérusalem », dans Temps et espaces en Palestine : flux et résistances identitaires, sous la direction de Roger Heacock, Beyrouth, Institut français du Proche-Orient, 2008, p. 97-129.
« Les juges et la privatisation des biens waqfs à Jérusalem au XIXe siècle », Mélanges en l’honneur du Prof. Suraiya Faroqhi, série 9, Mélanges n°13, Tunis, Publication de la Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique et l’Information, janvier 2009, p. 317-329.
« L’Immigration des juifs à Jérusalem et leurs waqfs entre 1800 et 1914 : Objectifs charitables ou politiques ? , Al- Mawaqif. Revue des études et des Recherches sur la Société et l’Histoire, 4 (décembre / janvier 2009).
« La métamorphose des institutions de waqfs de Saladin à Jérusalem dans la période ottomane », Revue d’Histoire Maghrébine, 139 (juillet 2010), p.79-111.
Fondations pieuses en mouvement. De la transformation des statuts de propriété des biens waqfs à Jérusalem 1858-1917, Damas, Aix-en- Provence, IREMAM et IFPO, 2010, 461p.

[4] Éléments de bibliographie sur Anne-Sophie Condette-Marquant :
« Les intendants de province et le marché des grains : considérations adressées à l’abbé Terray », dans Concurrence et marché II : droit et institution du moyen âge à nos jours. Actes du colloque des 10 et 11 décembre 2009 (à paraître).
« Le contentieux administratif au XVIIIe siècle : entre pratique et réglementation d’État », dans Modèle français, enjeux politiques et élaboration des grands textes de procédure en Europe. Actes du colloque de Rennes du 9-10 novembre 2006, Paris, 2007.
« De la gestion aux sacrifices : le difficile équilibre du budget des Ponts et Chaussées », dans Les modalités de paiement de l’État moderne. Adaptation et blocage d’un système comptable. Actes de la journée d’étude du 3 décembre 2004, Paris, 2007
« Réflexions sur un couple célèbre : service public et travaux publics dans la généralité d’Amiens au XVIIIe siècle », dans Histoire et service public, G.J. Guglielmi dir., Paris, 2004.
- Bâtir une généralité. Le droit des travaux publics dans la généralité d’Amiens au XVIIIe siècle, Paris, 2001.

[5] Éléments de bibliographie sur Anne-Sophie Condette-Marquant :
« Formes juridiques de la propriété et transformations urbaines à Marseille (mi XVIIe - début XVIIIe siècle) : le cas de l’agrandissement de 1666 », Mémoire de Master 2 Recherche « Histoire des mondes méditerranéens, européens et africains », sous la direction du Professeur Brigitte Marin, Université de Provence, 2009-2010.
« Le Terrianisme, une doctrine sociale de la fin du XIXe siècle. Entre déprolétarisation et encadrement des populations ouvrières », Mémoire de Master 1 Histoire du Droit, sous la direction du Professeur E. Gasparini, Université Paul Cézanne, 2008-2009.

Lundi 4 avril 2011

 [1]

Économie et construction

Programme
- Jean-Pierre SOSSON (Professeur émérite de l’Université catholique de Louvain) : « Travaux publics, politiques et gestions économiques. À propos de quelques villes des anciens Pays-Bas méridionaux (XIVe-XVe siècles) » [2]

Travaux publics, politiques et gestions économiques, le thème a peu ou pas retenu l’attention des médiévistes. Certes, l’importance des moyens financiers mis en œuvre tout autant que le poids de la conjoncture et le niveau des richesses accumulées sur l’avancement des travaux ont été bien mis en lumière à propos, par exemple, des chantiers des cathédrales. De même, les effets éventuellement négatifs, - par raréfaction des investissements productifs -, des sommes englouties sur les économies urbaines ont été soulignés par R. S. Lopez dans un article célèbre. Pour l’essentiel cependant, l’étude des « travaux publics » en tant que symptômes ou manifestations de politiques et de gestions économiques rationnelles demeure un champ en friche, au moins pour le Moyen Âge. Il n’est peut-être pas dès lors sans intérêt, en prenant appui sur quelques exemples, de se poser deux questions : quelles politiques économiques ? Avec quels moyens ?

- Michela BARBOT (Université L. Bocconi, Milan) : « Chaque maison a-t-elle son prix ? La formation et l’évolution des prix immobiliers à Milan entre 1560 et 1660 » [3]

Comme une série d’importantes recherches l’a très bien montré, les mécanismes de formation des prix immobiliers restent encore un véritable mystère à découvrir. Cela est vrai aussi pour les immeubles de l’Ancien Régime, dont l’hétérogénéité architecturale et la pluralité de modes d’exploitation rendent l’histoire sérielle très peu adéquate lorsqu’il s’agit d’appréhender leur valeur. Dans la recherche que nous présentons, nous avons choisi d’inverser le regard par rapport aux enquêtes traditionnelles d’histoire des prix. Au lieu d’établir des séries longues et homogènes, nous avons entrepris de comprendre quels éléments déterminaient, en amont, la formation des valeurs des immeubles. L’examen d’environ 300 expertises architecturales nous a permis de dresser le répertoire des facteurs opératoires dans la fixation des prix des immeubles milanais entre 1560 et 1660. Une fois retracés ces facteurs, nous avons pu mesurer leur poids statistique, ainsi qu’appréhender leur évolution dans le temps, à l’aide d’une technique d’analyse multi variée appelée « méthode des prix hédoniques ».

- Sandrine VICTOR (Université d’Albi, FRAMESPA) : « La charge financière des fabriques cathédrales. Exemple de Gérone à la fin du Moyen Âge » [4]

« Financer la cathédrale » : tel était le défi lancé aux fabriques des grands chantiers gothiques. Mais au-delà du problème des fonds et de la fluidité des mouvements de caisse, les procurateurs devaient faire face à une série de dépenses, incompressibles ou non, dont dépendait la réussite architecturale de leur temple. Il convient donc de s’attarder sur la typologie des postes de dépenses de la fabrique, l’évolution de ces postes et les incidences ou répercutions sur l’avancée des travaux. Grâce à des sources de première main, la comptabilité de la fabrique de la cathédrale de Gérone entre 1348 et 1500, nous pourrons nous interroger sur ces différents aspects et tenter une analyse de viabilité économique d’une telle entreprise.

- Manuel VAQUERO PIÑEIROaquero Piñeiro (Université de Pérouse) : « La construction et l’économie préindustrielle : une relation complexe » [5]

L’objectif est de développer une série de réflexions dans une perspective historique sur la relation entre l’activité de construction et le contexte économique. Si à la fin du XIXe siècle l’industrie de la construction est devenue une partie importante de l’économie de chaque pays, avant la révolution industrielle, cette interaction est plus difficile à étudier. Pour le Moyen Âge et l’époque moderne, il est moins facile d’avoir une vision globale des choses. Néanmoins, l’abondance de comptes de construction des bâtiments offre la possibilité de connaître non seulement la main-d’œuvre, la fourniture de matériaux, les niveaux de salaire, les sources de financement, mais aussi de voir comment le bâtiment est en synergie avec d’autres secteurs productifs et constitue en fait un terrain fertile pour l’introduction d’innovations dans l’organisation des facteurs de production.


[1] Guillaume Crétin, Chroniques française, Bnf, Ms français 2820, fol. 115v, 1er quart du XVIe siècle, la construction de Saint Jacques de Compostelle

[2] Éléments de bibliographie sur J.-P. Sosson :
« Travaux publics et politiques économiques. L’exemple de quelques villes des anciens Pays-Bas (XIVe-XVe s.) », dans Studia historica oeconomica. Liber amicorum H. Van der Wee, éd. E. Aerts, Br. Henau, P. Janssens et R. Van Uytven, Louvain, 1993, p. 239-257.
« Le bâtiment : sources et historiographie, acquis et perspectives de recherches (Moyen Âge, débuts des Temps modernes) », dans L’edilizia prima della Rivoluzione industriale secc. XIII-XVIII, Atti della Trentaseiesima Settimana di Studi, 26-30 aprile 2004, S. Cavaciocchi éd. , Florence, 2005, p. 49-107 (Istituto internazionale di Storia economica "F. Datini". Prato. Serie II. Atti delle Settimane di Studi e altri Convegni, 36).
« Politiques économiques et innovation. L’exemple des infrastructures (Brabant, Flandre, fin XIIe-XVe siècles », dans Tradition, Innovation, Invention. Fortschrittsverweigerung und Fortsschrittsbewusstsein im Mittelater, H.-J. Schmidt éd., Berlin-New York, 2005, p. 143-159 (Scrinium Friburgense. Veröffentlichungen des Mediävistischen Instituts der Universität Freiburg Schweiz, 18).

[3] Éléments de bibliographie sur M. Barbot :
« A ogni casa il suo prezzo. Le stime degli immobili della Fabbrica del Duomo di Milano fra Cinque e Settecento », dans L’économie de la construction dans l’Italie moderne, J.-F. Chauvard, L. Mocarelli dir., numéro monographique des « Mélanges de l’Ecole Française de Rome », 2007, 119/2, p. 249-260.
Le architetture della vita quotidiana. Pratiche abitative e scambi immobiliari a Milano in età moderna, Venise, Marsilio, 2008.
« Gli scambi immobiliari in ambito urbano : una prospettiva relazionale (Milano, XVI-XVII secc.) », dans Lo sguardo della storia economica sull’edilizia urbana, M. Barbot, A. Caracausi, P. Lanaro dir., numéro thématique de « Città e Storia », IV, 2009, p. 43-64.
« Quand les droits charpentent les espaces. Formes architecturales et formes de la propriété à Milan entre XVIe et XVIIIe siècles », dans Édifice & Artifice. Histoires constructives. Actes du premier congrès francophone d’histoire de la construction, Paris, 19-21 juin 2008, R. Carvais, A. Guillerme, V. Nègre et J. Sakarovitch dir., Paris, Picard, p. 1089-1098.

[4] Éléments de bibliographie sur S. Victor :
La construction et les métiers de la construction à Gérone au XVe siècle, Toulouse, éditions Méridiennes, FRAMESPA, 2008.
« Le salaire des ouvriers du bâtiment à Gérone au XVe siècle », dans Anuarios de Estudios Medievales, CSIC, 26/1, 1996, p. 365-390.
« Salaires et s« alariat au Moyen Age », LAMOP, LAMM, 2008-2009. Monographie : Les formes du salaire à Gérone » (à paraître).
« Choix architecturaux et financement : l’exemple de la cathédrale de Gérone », dans Les cités épiscopales du Midi, Ph. Nélidoff dir., Albi, 2006.
« Une comptabilité au service de l’art gothique : les cadres comptables des chantiers à la fin du Moyen Age », dans Colloque international Les comptes publics : enjeux, techniques, modèles. Vers 1500- vers 1850, Université Paris Ouest Nanterre, Paris 10-11 juin 2010 (à paraître).

[5] Éléments de bibliographie sur M. Vaquero Piñeiro :
Ivana Ait, Manuel Vaquero Piñeiro, Dai casali alla fabbrica di San Pietro. I Leni. Uomini d’affari del Rinascimento, Roma, Ministero per i beni e le attività culturali - Roma nel Rinascimento, 2000, p. 58-67, 147-220 (Pubblicazioni degli archivi di stato. Saggi 59).
Manuel Vaquero Piñeiro, « Costruttori lombardi nell’edilizia privata romana del XVI secolo », dans L’Économie de la construction dans l’Italie moderne, J.-F. Chauvard e L. Mocarelli éd., Mélanges de l’École Française de Roma. Italie et Méditerranée (MEFRIM), 119/2 (2007), p. 343-364.
« Manifatture romane nel XVIII secolo : le fornaci di laterizi della Congregazione nell’Oratorio », Mélanges de l’École Française de Roma. Italie et Méditerranée (MEFRIM), 120/1 (2008), p. 169-187.
« Borgo tra Medioevo e Rinascimento : spazio urbano e attività edilizie », dans Rome des “quartiers” : des vici aux rioni. Cadres institutionnels, pratiques sociales, et requalifications entre Antiquité et époque moderne, M. Royo, E. Hubert et A. Bérenger, Paris, De Boccard éd., 2008, p. 351-366.
« Ad usanza di cave : società per l’estrazione di pietre e materiali antichi a Roma in età moderna », dans Il reimpiego in architettura. Recupero, trasformazione, J.F. Bernard, P. Bernardi e D. Esposito éd., Roma, École Française di Rome, 2009, p. 523-529 (Collection de l’École Française de Rome, 418).
« Il cantiere “italiano” nelle città dell’Europa barocca e neoclassica fra rinnovamento e tradizionei », dans Architetti e stuccatori del lago di Lugano alla corte di Borboni di Spagna. Il fondo dei Rabaglio di Gandria dell’Archivio di Stato del Catone Ticino, sec. XVIII, C. Agliati éd., Bellinzona (CH), Edizioni dello Stato del Catone Ticino, 2010, p. 103-122.

Lundi 16 mai 2011

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Déconstruction et démontage sur les chantiers médiévaux et modernes

Programme
Indroductionde Philippe Bernardi
Bibliographie

- Daniela ESPOSITO (Professore associato di restauro architettonico, “Sapienza” Università di Roma), « La déconstruction en images » [2]

Au Moyen Âge comme à l’époque moderne, la démolition d’un bâtiment était bien souvent le point de départ d’une nouvelle entreprise architecturale. L’expression médiévale « Chasteuz abatuz est demi refez » le rappelle, soulignant que déconstruction et reconstruction peuvent n’être considérées que comme deux phases d’une simple conversion des matériaux en une autre forme. C’est la démolition ou la déconstruction qui alimentait, accidentellement ou volontairement, en matières premières nombre de chantiers urbains C’est elle qui, bien loin du vandalisme aveugle à laquelle elle est souvent réduite, qui est à la base de la pratique bien attestée du réemploi. Partielle, la déconstruction accompagnait, en outre, les campagnes de réaménagements qui représentaient une part importante de l’activité des bâtisseurs.
Cette phase des travaux n’a toutefois que très peu intéressé les historiens de la construction. Est-ce faute de sources ? Le propos de la présente intervention est de montrer que l’iconographie, loin de se limiter à stigmatiser la destruction de Jérusalem ou de la Tour de Babel, peut nous éclairer dans ce domaine. Partant d’une sélection d’images des XIII-XVIIIe siècles (miniatures, estampes, gravures et peintures conservées en Italie, entre autres, à la Bibliothèque Casanatense de Rome, la Riccardiana de Florence, la Forteguerrana de Pistoia, en France à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, la Bibliothèque Nationale de France, le Louvre, en Grande-Bretagne, la collection royale de Londres, la British Library, et à la Morgan Library and Museum à New York), nous verrons qu’elles peuvent nous renseigner sur des pratiques méconnues ; fournissant divers renseignements sur l’outillage des démolisseurs ou leurs modalités d’action.

- Riccardo SANTANGELI VALENZANI (Professeur agrégé de Méthodologie de la recherche archéologique à l’Université de Roma Tre), « La ville parasite : démontage et construction dans la Rome du haut Moyen Âge (IV-Xe siècle) » [3]

La présente contribution envisage la pratique de la réutilisation des matériaux de construction à Rome dans l’Antiquité tardive et au début de la période médiévale (entre le quatrième et dixième siècle), en mettant l’accent sur un certain nombre d’aspects. Tout d’abord, les dimensions même du phénomène mettent en évidence sa diffusion unique, qui affecte non seulement le décor architectural et les matériaux de revêtement (aspects sur lesquels a principalement porté jusqu’à présent l’attention des chercheurs), mais tous les matériaux utilisés dans la construction (briques, tuf, mortier, etc.), de sorte que nous pouvons dire que, pendant cette période, à quelques exceptions près, la ville n’a pas produit de nouveaux matériaux de construction.
Deuxièmement, nous aborderons la question de la pratique du démontage et de la récupération des matériaux d’un point de vue organisationnel, en montrant comment, dans la plupart des cas, ce phénomène n’a pas été spontané et incontrôlé, mais se présentait comme une affaire gérée et exploitée par les classes dirigeantes. Enfin, nous tenterons par quelques observations de revenir sur le débat récurrent entre une approche essentiellement fonctionnelle des réemplois et une vision plus idéologique de cette pratique.

L’intervento si pone l’obiettivo di analizzare la pratica del reimpiego di materiali da costruzione a Roma in epoca tardo antica e altomedievale (tra il IV e il X secolo), focalizzando l’attenzione su una serie di aspetti. Innanzitutto le dimensioni stesse del fenomeno, mettendone in luce l’eccezionale diffusione, che riguarda non solo la decorazione architettonica e i materiali di rivestimento (aspetti sui quali si è finora concentrata l’attenzione degli studiosi), ma tutti i materiali utilizzati nell’edilizia (mattoni, tufo, malta etc.), tanto che si può dire che, nel periodo considerato, con pochissime eccezioni, nella città non si è prodotto nessun materiale da costruzione nuovo. _ In secondo luogo si sono analizzati i dati utili a chiarire l’organizzazione della pratica dello smontaggio e del recupero dei materiali da un punto di vista organizzativo e di committenza, mostrando come nella maggior parte dei casi non si trattasse di un fenomeno spontaneo e incontrollato ma di una pratica diretta e gestita dalle classi egemoni. Infine qualche osservazione è dedicata a un dibattito ricorrente in questo ambito di studi, ovvero quello tra chi vede una funzione prevalentemente pratica e funzionale del reimpiego di materiali antichi e chi invece vi legge anche una valenza ideologica e celebrativa.

- Daniela ROSSI ,Laura GASSEAU, Pia Federica CHIOCCI et Rossella ZACCAGNINI, « Monuments comme carrières : un chantier de démantèlement dans la banlieue de Rome » [4]

Notre communication a pour but de présenter les traces laissées par la « déconstruction » médiévale sur un lieu de sépultures, dans la banlieue de Rome, le long de l’ancienne rue Flaminia, entre celle-ci et le Tibre. La partie de nécropole mise au jour comprenait, outre quelques enclos funéraires datant de la première époque impériale, trois mausolées monumentaux recouverts de marbre et de travertin, dont deux se présentent avec un tambour cylindrique et un autre, propriété du sénateur de Brescia - M.Nonio Macrino- ayant la forme d’un temple.
Les gros blocs issus de l’effondrement de ces bâtiments apparaissent encore aujourd’hui sous forme de groupes monumentaux décomposés, mais d’accès facile et offrent des renseignements utiles pour la compréhension des différents processus de démontage.
Cette déconstruction commence probablement au VI siècle après J.-C. pour se poursuivre ensuite par étapes, suivant des manières et avec des buts différents. L’endroit a été figé par une dernière et définitive inondation du Tibre vers la fin du XVIe siècle qui a abouti à l’abandon de la rue elle-même.

- Maria Grazia D’AMELIO (Professeur Assistant de Histoire de l’Architecture, Département de Génie Civil), « Démontage et dissection de l’architecture à Rome (XVI-XVIIIe siècles) » [5]

En principe, pour un architecte parler de la démolition de l’architecture est toujours difficile, presque un blasphème, un péché contre nature. À Rome, cependant, le regret pour la perte de monuments tellement exemplaires, qui ont été perpétués dans des anthologies de dessins et d’estampes est mitigée par le fait que l’Ancien a été profondément transformé par la construction de la ville de la Renaissance et du Baroque.
En effet, la plupart des monuments de la Rome antique ont été « cannibalisés » pour en extraire du métal, des briques, de la pierre de taille, mais aussi pour récupérer des éléments architecturaux qui, comme un phénix, ont eu une nouvelle vie dans les immeubles et dans les églises de Rome. Dans le lexique commun, les termes déconstruction et démontage indiquent l’opération « contraire » à la construction. En architecture, cependant, pour déconstruire et démonter un bâtiment on ne procède pas simplement d’une manière contraire à l’acte de bâtir, c’est-à-dire du haut en bas, en commençant avec l’enlèvement de la couverture et de la trame en bois du toit, etc. Pour déconstruire, l’opération est bien plus complexe car les premières manoeuvres de soustraction des éléments constructifs de l’organisme architectural compromettent déjà la statique, en mettant en danger les ouvriers et l’intégrité même des matériaux à récupérer. Bien plus complexe est le démontage des monuments où il faut utiliser des techniques spécifiques, dont les principes sont déjà décrits par Vitruve. Comment c’est le chantier de la déconstruction dans les XVIe et XVIIIe siècles ? Quels sont les outils et les machines pour démanteler, enlever, défaire, déraciner les éléments structuraux des bâtiments ?
Cette étude vise à répondre à ces questions, en s’appuyant sur le corpus documentaire et iconographique qui est, en très peu de cas, généreux d’informations.

In teoria, per un architetto parlare della demolizione dell’architettura è sempre difficile, quasi si trattasse di un atto blasfemo, un peccato contro natura.
A Roma, tuttavia, il rimpianto per la perdita di monumenti tanto esemplari da essere perpetuati da un florilegio di disegni e di stampe è mitigato solo dal pensiero che l’Antico è stato metabolizzato dalla costruzione della città rinascimentale e barocca.
Infatti, la gran parte dei monumenti della Roma antica è stata cannabalizzata per ricavare metallo, laterizi, pietra da taglio, ma anche per recuperare elementi architettonici che, come un’araba fenice, hanno avuto nuova vita nei palazzi e nelle chiese di Roma.
Nel lessico condiviso, con i termini decostruzione e smontaggio si indica l’operazione “contraria” alla costruzione. In architettura, però, per decostruire e smontare un edificio non si procede semplicemente al contrario rispetto all’atto del costruire, vale a dire dall’alto verso in basso, iniziando con la rimozione del manto di copertura e dell’ordito ligneo del tetto, eccetera. Per decostruire l’operatività messa in campo è molto più complessa poiché già le prime manovre di sottrazione degli elementi costruttivi dall’organismo architettonico ne compromettono la statica, mettendo in pericolo le maestranze e l’integrità stessa dei materiali da recuperare. Ancora più complesso è lo smontaggio di manufatti monumentali per i quali è necessario allestire peculiari tecniche, i cui principi sono descritti già da Vitruvio.
Come è organizzato il cantiere per la decostruzione nei secoli XVI-XVIII ? Quali strumenti e quali macchine sono impiegati per smontare, rimuovere, disfare, svellere gli elementi costruttivi degli edifici ? Questo contributo tenterà di rispondere a queste domande, avvalendosi di un corpus documentario e iconografico solo in pochissimi casi generoso di informazioni.


[1] La Rhétorique, Cicéron, Musée Condé, Chantilly, France : Ms 590, fol 13, (vers 1282)

[2] Éléments de bibliographie sur D. Esposito :
Tecniche costruttive murarie medievali. Murature a tufelli in area romana, Rome, 1998 ;
Tecniche costruttive dell’edilizia storica. Conoscere per conservare, a cura di Donatella Fiorani e Daniela Esposito, Roma, Viella, 2005 ;
Architettura e costruzione dei casali nella Campagna Romana fra XII e XIV secolo, Rome, 2005 ;
Il Reimpiego in architettura. Recupero, riciclo e uso. Atti del Colloquio internazionale, Roma, 8-10 novembre 2007, Bernard J.-F., Bernardi Ph., Esposito D. et Dillmann Ph., Foulquier L., Mancini R. éd., Rome, 2008 ;
- Realidad de la arquitectura y técnicas constructivas de los muros medievales en Roma y en Lazio (Italia).Reflexiones sobre la recuperación del opus caementicium romano, Actas del Sesto Congreso Nacional de Historia de la Construcción, I, Valencia, 2009, p. 415-424.

[3] Éléments de bibliographie sur R. Santangeli Valenzani :
Suburbium – Il Suburbio di Roma dalla crisi del sistema delle ville a Gregorio Magno. (Atti del Convegno 16-18 marzo 2000), P. Pergola, R. Santangeli Valenzani,R. Volpe éd., Roma (Collection de l’École Française de Rome), 2003 ;
R. Meneghini, R. Santangeli Valenzani, Roma nell’altomedioevo - Topografia e urbanistica della città dal V al X secolo, Roma (Istituto Poligrafico dello Stato), 2004 ;
R. Meneghini , R. Santangeli Valenzani, I Fori Imperiali – Gli scavi del Comune di Roma 1991 – 2007, Roma (Viviani Editore), 2007 ;
« L’insediamento aristocratico a Roma nel IX-X secolo », dans Rome des Quartiers : des Vici aux Rioni. Cadres institutionnels, pratiques sociales et requalifications entre Antquité et époque moderne (Actes du colloque International de la Sorbonne – 20-21 mai 2005), M. Royo, E. Hubert, A. Bérenger éd.,Paris 2008, p. 229-245
R. Santangeli Valenzani, Edilizia residenziale in Italia nell’altomedioevo, Roma , 2011 (Carocci Editore).

[4] Éléments de bibliographie sur D.Rossi (Archeologa, Funzionario Direttore Archeologo presso la Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Roma) :
D.Rossi, « Castel di Guido.Monte delle Colonnacce.Villa romana », dans Archeologia e Giubileo interventi a Roma e nel Lazio nel Piano per il Grande Giubileo del 2000, pp 426-429 ;
D.Rossi, V.Iorio, « Mosaici e sectilia pavimenta dalla villa della tenuta di Castel di Guido,Monte delle Colonnacce,Roma », dans La mosaique gréco-romaine.IX° Colloque International pour l’étude de la mosaique antique. Rome 2000, éd. H.Morlier, Rome 2005, p. 137-147 ;
D.Rossi,V.Iorio, « Nuovi dati dal NordOvest di Roma », dans Suburbium II, Il Suburbio di Roma dalla fine dell’età monarchica alla nascita del sistema delle ville (V-II sec.a.C.), Rome 2009, pp 557-572 (Collection de l’École Francaise de Rome) ;
Archeologia a Massimina. Frammenti di storia del Suburbio romano da un quartiere sulla via Aurelia, éd. D.Rossi, Roma 2008 ;
D.Rossi, « Recenti ritrovamenti tra il V e il VI miglio dell’antica via Flaminia : un tratto di viabilità e l’adiacente area necropolare. 1 L’area archeologica » , Rendiconti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia, LXXXII (2009-2010), p. 109-128.
Laura Gasseau, (Architetto) :
G.Jenewein, Die architekturdecoration der Caracallathermen, Wien, 2008.
A. Campanelli éd.), La Civitella, sd, Chieti ;
I. Pasquini Barisi, M. Fagiolo, M.L. Madonna, Villa d’Este, Roma, 2003 ;
Gli affreschi di San Pietro in Valle a Ferentillo, G. Tamanti éd., Napoli, 2003 ;
J.E. Packer, Il Foro di Traiano a Roma, Roma, 2001.

P. F. Chiocci (Archeologa, Dottore di Ricerca in Topografia Antica “Sapienza” Università di Roma
P.F. Chiocci,F. Pompilio, « Osservazioni sulla centuriazione del Salento », dans CNR Beni Archeologici – Conoscenza e Tecnologie, 1,2, Metodologie di catalogazione dei beni archeologici, Lecce-Bari 1997, p. 159-175 ;
P.F. Chiocci, Le divisioni agrarie della Regio VI, Tesi di Dottorato di Ricerca in Topografia Antica, Roma 2000 ;
P.F. Chiocci, Divisioni agrarie antiche, Terracina, “Lo sguardo di Icaro”, La collezione dell’Aerofototeca Nazionale per la conoscenza del territorio, a cura di M. Guaitoli, Roma 2003, p. 459 – 460. P.F. Chiocci, Divisioni agrarie antiche, Media Valle del Liri, “Lo sguardo di Icaro”, La collezione dell’Aerofototeca Nazionale per la conoscenza del territorio, a cura di M. Guaitoli, Roma 2003, p. 460 – 464.

R. Zaccagnini ( Archeologa, Dottore di ricerca in Topografia Antica “Sapienza” Università di Roma)
R. Zaccagnini, « Il quadro topografico : l’età della romanizzazione ; La viabilità ; La definizione degli spazi della comunità : confini sacri ed amministrativi nel mondo romano », dans Luoghi e paesaggi archeologici del suburbio orientale di Roma, S. Musco, L. Petrassi, S. Pracchia éd., Roma 2001, p. 96-99, 247-251 e 261-264 ;
A. Carbonara, A. Pellegrino, R. Zaccagnini, « Necropoli di Pianabella : vecchi e nuovi ritrovamenti », dans Culto dei morti e costumi funerari romani, Internationales Kolloquium (Rom, 1-3 April 1998), Roma 2001, p. 139-148 ;
R. Zaccagnini, « La Carta Archeologica : la lettura diacronica dell’occupazione del territorio, e Catalogo delle presenze archeologiche », dans AA.VV., Nazzano e il suo territorio, Soveria Mannelli, 2002, p. 76-94 ;
R. Zaccagnini, « La Capri degli imperatori romani. Il sistema delle ville », dans Conoscere Capri. Atti del 1° ciclo di conferenze sulla storia e la natura dell’isola di Capri (Capri-Anacapri, novembre 2002-aprile 2003), E. Federico, A. Tafuri, M. Amitrano éd., Pompei, 2003, p. 41-59 ;
R. Zaccagnini, « Scavi e scoperte nel comprensorio “Parco di Roma”. Il mausoleo » ; « La via Flaminia dinanzi gli impianti RAI » ; V« asca e quadriportico. Le terrecotte architettoniche » ;« La necropoli monumentale al VII miglio. Il mausoleo. Strutture a sud del mausoleo », dans Saxa Rubra, G. Messineo éd., Roma 2007, pp. 52-57, 95, 124-131, 178-181, 189.

[5] Éléments de bibliographie sur M.G. D’Amelio :
M.G. D’Amelio, « Building materials, tools and machinery belonging to the Reverenda Fabbrica di San Pietro, used for building Romae from the late 16th to the late 19th century », dans Practice and Science in Early Modern Italian Building. Towards an Epistemic History of Architecture, H. Schlimme éd., Milano 2006, p. 125-136 ;
M.G. D’Amelio, « “Ruzza, ferraccio” e ferramenta della Fabbrica di San Pietro per le architetture di Roma Moderna », dans Il reimpiego in architettura : recupero, trasformazione, .F. Bernard, P. Bernardi e D. Esposito éd., Roma 2008, p. 395-406 ;
- M.G. D’Amelio, « Spingimento e sostentamento » dei pendii secondo Carlo Fontana (1638-1714), Third International Congress on Construction History Relationship between theory and pratice, empiricism and sciente, craft and industrialisation, Civil and structural engineering, 20-24 May 2009, Cottbus, Germany, p. 234-240.

Lundi 20 juin 2011

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Autour de quelques expertises catalanes des XIVe - XVIIe siècles. Gérone, Barcelone et Palma de Majorque

Programme
Indroduction de Joan Domenge i Mesquida (professeur à l’Université de Barcelone)

- Joan DOMENGE I MESQUIDA (professeur à l’Université de Barcelone), Magda BERNAUS (professeur au Council on International Educational Exchange) et Marc SUREDA I JUBANY (conservateur au Museu Episcopal de Vic) , « La cathédrale de Gérone : les expertises de l’œuvre gothique (1386, 1416 » [2]

Parmi les documents les plus célèbres relatifs à l’histoire de l’architecture médiévale se trouve sans doute l’expertise de la cathédrale de Gérone tenue en 1416-1417 et connue depuis le début du XIXe siècle. Son précédent de 1386, également riche d’informations, ne fut mis à la lumière qu’un siècle et demi plus tard.
Ces documents sont arrivés à nous en partie par hasard, certes, mais surtout grâce au propos, clairement manifesté par leurs acteurs, de préserver par écrit la mémoire des procès à cause de l’importance du chantier auquel ils faisaient référence. En plus, leur juste renommée n’est pas seulement due à l’intérêt et à la rareté de leurs contenus - avis techniques et esthétiques aussi bien des maîtres d’œuvre que des commanditaires, connaissances et vocabulaire architecturaux, etc.-, un fait reconnu aussi par les approches les plus récentes, mais également à la possibilité de mettre en rapport ces documents avec le déroulement d’un chantier particulièrement important et significatif : celui de la
Ce contexte, éclairé par de récentes découvertes, permet aussi de placer ces expertises-conseil exceptionnelles, motivées par deux tournants critiques dans l’histoire du monument, dans une lignée constituée aussi d’autres visites (visures) dont il ne nous reste que des traces, ou même seulement la mention. Ceci nous aide non pas seulement à comprendre certaines différences d’un document à l’autre, mais aussi à intégrer son exceptionnalité dans le développement ordinaire d’un chantier complexe comme celui d’une cathédrale du gothique méridional.


- Joan DOMENGE I MESQUIDA (professeur à l’Université de Barcelone), Magda BERNAUS (professeur au Council on International Educational Exchange) et Marc SUREDA I JUBANY (conservateur au Museu Episcopal de Vic) , « Les consultations sur l’obra nova du Palais de la Generalitat à Barcelone (1603) » [3]

Le Palais de la Generalitat de Barcelone fut élargi à partir de 1597 avec un impressionnant corps de logis rectangulaire. Pendant les six années suivantes, le projet et l’exécution de cette « œuvre neuve », projetée et érigée sous la responsabilité du maître Pere Blai, fut l’objet de trois inspections, car les commanditaires et l’autorité royale supérieure n’étaient pas du tout satisfaits par le projet et sa réalisation. Préoccupé par la possibilité que l’adjonction ne fût une tentative de fortifier le palais, le roi était le premier intéressé à avoir une opinion extérieure. Pour cela, il demanda l’avis de l’architecte royal Francisco de Mora (1597). Deux ans plus tard (1599), les commanditaires du bâtiment (les députés) faisaient appel au même expert, car ils se plaignaient de l’obscurité et de la lourdeur de l’œuvre de Blai. Les nouveaux députés élus en 1602 exigèrent une nouvelle expertise au but d’évaluer les défauts de forme, la lenteur des travaux et son haut coût. Ainsi, les maîtres Martín García de Mendoza et Montserrat Santacana donnèrent leur avis, recueilli dans un mémorial détaillé rédigé en 1603.
Les interventions proposées par ces deux maîtres sont intéressantes pour l’étude de l’introduction et de la valorisation du classicisme de la Renaissance à Barcelone. Outre leur intérêt pour l’histoire de l’art, ces documents nous permettent de réfléchir autour de questions telles que les tâches précises à réaliser par les chargés d’une expertise avant de manifester leur avis, les motivations qui amènent les commanditaires ou responsables d’un chantier à demander l’avis des experts, les critères en jeu lors de la désignation des inspecteurs, ou le poids que le corporatisme pouvait avoir dans leurs opinions.

« Les consultes sobre “l’obra nova” del Palau de la Generalitat de Barcelona »
El Palau de la Generalitat de Barcelona fou ampliat a partir del 1597 amb un imponent cos rectangular. En els sis anys següents, el projecte i l’execució d’aquesta “obra nova”, traçada i contractada pel mestre Pere Blai, va donar lloc a tres inspeccions, ja que els promotors de l’obra i l’autoritat reial superior van mostrar una clara insatisfacció amb el projecte i la seva realització. Preocupat pel fet que l’afegit no fos un intent de fortificar el palau, el rei fou el primer interessat en cercar una opinió externa ; per això volgué conèixer el parer de l’arquitecte reial Francisco de Mora (1597). Dos anys més tard (1599), els promotors de l’edifici (els diputats) van recórrer al mateix expert, car estaven descontents amb el projecte de Pere Blai perquè el trobaven fosc i feixuc. Els nous diputats elegits l’any 1602 van exigir una nova expertise amb l’objectiu d’avaluar els defectes de forma, la lentitud dels treballs i el seu elevat cost. Així, els mestres Martín García de Mendoza y Montserrat Santacana donaren la seva opinió, recollida en un detallat memorial del 1603.
Les intervencions proposades pels mestres resulten interessants per analitzar qüestions relacionades amb la introducció i la valoració del classicisme renaixentista a Barcelona. Més enllà del seu interès historicoartístic, aquests documents ens permeten reflexionar al voltant de qüestions com ara : les tasques concretes que realitzaven els visuradors abans d’emetre una opinió, les motivacions que condueixen els responsables dels edificis a sollicitar la intervenció dels experts, els criteris que entren en joc a l’hora de seleccionar els avaluadors, o el pes que va poder tenir el “gremialisme” en l’opinió dels experts.

- Joan DOMENGE I MESQUIDA (professeur à l’Université de Barcelone), Magda BERNAUS (professeur au Council on International Educational Exchange) et Marc SUREDA I JUBANY (conservateur au Museu Episcopal de Vic) , « Expertises pro rimedio fabrice : la cathédrale de Majorque (1581-1668)  [4]

Avant même l’achèvement de la cathédrale de Majorque (vers 1600), la fabrique eut à exécuter d’importantes réparations, tant dans les parties anciennes (obra vella c’est-à-dire les quatre travées orientales, construites entre 1306 et 1460) que celles plus récentes (l’obra nova, c’est-à-dire les quatre travées occidentales, édifiées de manière rapide entre 1560 et 1580). Ces interventions furent menées à terme à la suite du diagnostic sur les maux dont souffrait l’édifice émis par les maîtres tailleurs de pierre et charpentiers les plus experts présents sur l’île. Par chance, les archives capitulaires ont conservé une quinzaine d’expertises de grand intérêt, pour la période allant de 1580 à 1740, permettant d’apprécier les difficultés présentées par la conservation d’une œuvre de cette importance.
Trois de ces visites vont nourrir notre réflexion sur les indices qui amenèrent le Chapitre à demander une inspection à des experts, sur ceux qui convoquèrent les maîtres, leur nombre et leur qualité, sur le type d’évaluation menée, sur l’unanimité ou non de leurs avis, sur les preuves matérielles desdites interventions… Notre sélection a pris en compte aussi la diversité des types de documents ayant conservé la mémoire de telles visites : l’insertion de l’expertise dans les actes du Chapitre (1581) ; la cédule signée par les maîtres, probablement au moment même où ils émirent leur avis (sine data, premier tiers du XVIIe siècle) ; et enfin, le texte enregistré par devant notaire pour conserver l’avis des maîtres ad eternam rei memoriam (1668).

« Peritajes pro rimedio fabrice : la Catedral de Mallorca »
Antes de que se concluyera la catedral de Mallorca hacia 1600, la fábrica tuvo ya que afrontar importantes reparaciones, tanto en l’obra vella (las cuatro crujías orientales, construidas entre 1306 y 1460) como en l’obra nova (las cuatro occidentales, edificadas con rapidez entre 1560 y 1580). Dichas intervenciones se llevaron a cabo después del diagnóstico de los males que padecía la obra, emitido por los maestros canteros y carpinteros más expertos que se hallaban en la isla. Afortunadamente la documentación capitular ha preservado una quincena de expertises del periodo comprendido entre 1580 y 1740 que resultan de gran interés para sospesar las dificultades de conservación de tan magna obra.
Tres de estas visuras nos van a servir para reflexionar sobre los indicios que llevaron al Capítulo a pedir una inspección de expertos, quien convocaba a los maestros, cuántos y quienes eran, qué tipo de evaluación llevaban a cabo, la unanimidad o no de sus pareceres, las evidencias materiales de dichas intervenciones, etc. Nuestra selección ha tenido en cuenta también el distinto tipo de documento que ha inmortalizado estos encuentros : la inserción de l’expertise en las actas del Capítulo (1581), la cédula directamente firmada por los maestros probablemente en el mismo momento de emitir su opinión (sine data, primer tercio del s. XVII) y, finalmente, el texto registrado en el manual del notario que se encargó de anotar el parecer de los maestros ad eternam rei memoriam (1668).


[1] La cathédrale de Gérone, cliché de J. Domengei Mesquida

[2] Eléments de bibliographie sur le sujet :
J. Villanueva, Viage Literario á las Iglesias de España, XII, Madrid, 1850.
J. Puig i Cadafalch, « El problema de la transformació de la catedral del Nord importada a Catalunya. Contribució a l’estudi de l’arquitectura gòtica meridional », Miscel lània Prat de la Riba, 1923 (vol.1).
E. Serra i Ràfols, La nau de la seu de Girona, Miscellània Puig i Cadafalch, Barcelona, 1947, p. 185-204.
C. Freigang, « Sollemnius, notabilius et proporcionabilius. Les expertises de la construction de la cathédrale de Gérone. Réflexions dur le discours architectural au Moyen Âge », dans Pierre, lumière, couleur. Études d’histoire de l’art du Moyen Âge en l’honneur d’Anne Prache, F. Joubert i D. Sandron éd., París, 1999, p. 385-393.
L’Art Gòtic a Catalunya. Arquitectura. I, A. Pladevall, dir. Barcelona, 2002.
J.M. Nolla et P. Freixas, La Catedral de Girona. L’Obra de la Seu, catalogue d’exposition, Girone, 2003.
M. Sureda, « Ut corpus sit conformis novo capiti (1347). El pas de la capçalera a la nau en la construcció de la catedral gòtica de Girona », Studium Medievale, III (2010), p. 271-304.

[3] Eléments de bibliographie sur le sujet :
A. Muntada et E. Varela, « Entorn del projecte de “l’obra nova” del Palau de la Generalitat. El Memorial de 1603 », Locus Amoenus, 2 (1996), p. 141-153.
J. M. Rovira, Renacimiento y arquitectura. El palacio de la Generalitat, Barcelone, 1998.
M. Carbonell i Buades, El Palau de la Generalitat, del Gòtic al primer Renaixement, Barcelone, 2003. _ M. Carbonell i Buades, El Palau de la Generalitat a l’època del Renaixement, Barcelona, 2004.

[4] Eléments de bibliographie sur le sujet :
G. M. de Jovellanos, Descripción de la catedral de Palma, Palma, 1959 [c. 1807-08]
J. Domenge i Mesquida, L’obra de la seu. El procés de construcció de la catedral de Mallorca en el tres-cents, Palma, 1997.

J. Domenge i Mesquida et A. Conejo, Establecimiento y datación de las diferentes reparaciones y reformas constructivas de la catedral a lo largo de la historia (1575-1775). Palma, 2004 [informe inédito].