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Histoire de la construction 2013-2014

Lundi 2 juin 2014

Entreprendre dans le bâtiment aux époques médiévale et moderne. Oser, risquer, gérer

Programme

Ce séminaire est issu en grande partie d’un projet initié par Sandrine Victor (Framespa), intitulé « Gérer, oser, risquer : Entreprendre dans le bâtiment au Moyen Age », qui entend explorer des axes de recherche qui stimuleront une approche économique, technique et sociale du secteur.
1. Quels sont les risques techniques pris dans ce secteur ? Quelles audaces, quels paris ont été faits par les bâtisseurs ou par les gestionnaires / commanditaires ? Ces tentatives techniques ont-elles réussi ou échoué et surtout, ont-elles induit des innovations techniques (matériaux, outillage, savoir-faire) ? Cette innovation s’étend-elle à l’administration du chantier ? En somme, le comptable innove-t-il également pour suivre au mieux les flux financiers engendrés par l’œuvre ? Dans ce cadre innovant, se protège-t-on de la faillite ou de l’échec ? Existe-t-il un système d’assurance ?
2. La fabrique est-elle une entreprise ? Le commanditaire, le maître d’œuvre, le gestionnaire sont-ils des entrepreneurs ? De ce fait, il est intéressant de s’interroger sur la prise de risque en termes d’ouverture de marchés, d’association entre artisans, de monopole. Peut-on voir des organisations horizontales ou verticales se mettre en place ? Peut-on parler de stratégie socio-professionnelle dans la course aux chantiers ?
3. Quelle est la chaine entrepreneuriale ? De l’investissement et de l’emprunt éventuel à la réussite ou à la faillite et à l’échec, quelles sont les étapes de cette aventure d’entreprendre dans le bâtiment ?
4. La fixation des prix et des tarifs des prestations ou des matériaux interroge alors. Voit-on des prix d’appel ou des prix d’« amis » : Casse-t-on les prix pour remporter un chantier ? Le gestionnaire fait-il jouer une concurrence ou un réseau ?
5. Quelle est la place des Métiers dans ce contexte ? En régulant main d’œuvre, savoir-faire et prix, jouent-ils un rôle de contrôle et de gestion du secteur ? Par stimulation ou par étouffement ? Négocient-ils, imposent-ils ? Bref, ont-ils une place supra-entreprenariale, peut-on parler de syndicat professionnel ? Et enfin, leur accès aux sphères politiques peut-il être lu comme un lobby ?
6. Enfin, quels réseaux sont induits par ces entreprises du bâtiment ? Ouvre-t-on de nouveaux axes d’échanges de matière première pour importer un nouveau produit, un nouveau savoir-faire, une nouvelle technique ? Va-t-on chercher plus loin des matériaux/outils/compétences à moindre coût ? De ce fait, et basculant dans l’histoire culturelle, ose-t-on importer de nouvelles modes, de nouveaux goûts dans un but d’abord économique ?

Résumés et présentation des auteurs

- Introduction,Sandrine VICTOR

Sandrine Victor est maître de conférences d’Histoire médiévale au Centre Universitaire Jean-François Champollion d’Albi. Elle est rattachée à l’UMR 5136 Framespa (France Méridionale Espagne) de Toulouse, et est membre associée de l’EA CRHISM (Centre de Recherches Historiques sur les Sociétés Méditerranéennes) de Perpignan. Sa thèse sur « La construction et les métiers de la construction à Gérone au XVe siècle », sous la direction de Christian Guilleré a été publiée en catalan en 2004 et en français en 2008 aux éditions Méridiennes. Après s’être interrogée sur les experts, puis sur les professionnels, elle oriente désormais ses recherches sur l’entreprise et l’entrepreneur médiéval, dans le monde du bâtiment, mais également au delà, comme le montre les journées internationales qu’elle organise à la Casa Velázquez autour des affaires des bouchers (en collaboration avec Paris VIII et l’université de Lleida) au mois de mai. C’est dans le cadre de cette réflexion qu’elle a proposé sa collaboration au Lamop sur le séminaire « Histoire de la construction », à l’origine de cette journée autour "d’entreprendre dans le bâtiment". Cette journée de séminaire sera complétée par une autre journée célébrée cette fois à Toulouse en 2015, afin de prolonger réflexions et débats.

- Fanny MADELINE ( Fondation Thiers, LAMOP), « Être entrepreneur au service du roi d’Angleterre : une mission risquée ? Le cas de Jean de Gloucester ». [1]

Résumé. Dans les rouleaux de la monarchie anglaise du milieu du XIIIe siècle, Jean de Gloucester, maçon du roi, apparaît à de nombreuses reprises pour effectuer diverses missions au service d’Henri III (1217-1270). Son rattachement au service du roi se matérialise alors par la possession de terres données par le roi, qu’il tient au titre de sergent, et dont il doit rendre compte annuellement à l’Echiquier, institution à la fois comptable et judiciaire de la monarchie anglaise. Malgré les dons qu’il reçoit en plus pour services rendus, ces revenus ne semblent pas suffire à couvrir les frais de son activité, car Jean de Gloucester apparaît rapidement dans la documentation judiciaire pour dettes. Il apparaît, entre autre, qu’une partie importante de ses dettes sont liées à des chantiers qu’il effectue au service de la royauté, comme en témoigne les comptabilités des travaux du roi à l’abbaye de Westminster, par exemple, ou celles des travaux du pont du château de Gloucester. Il meurt en 1260 en laissant sa femme et son fils dans le dénuement. En reprenant le fil chronologique des différents documents de la monarchie anglaise, il s’agira de comprendre les raisons de la faillite de ce maçon qui occupait pourtant une place importance dans l’administration des travaux du roi. Pour cela, l’enquête consistera à restituer la manière dont Jean de Gloucester a exercé ses fonctions de maçon au service de différentes institutions. On se demandera alors si l’on peut parler d’une gestion entrepreneuriale et dans quelle mesure celle-ci est à l’origine de sa faillite.

- Maxime L’HÉRITIER (Maître de conférences en histoire médiévale à l’université Paris 8), « La gestion de l’approvisionnement en fer sur les grands chantiers de construction à la fin du Moyen Âge » [2].

Résumé. Maréchal ou serrurier urbain, propriétaire de grosse forge, les forgerons fournissant les grands entreprises de construction urbaines sont souvent des acteurs extérieurs au chantier. Cette communication s’intéressera à ces acteurs particuliers, notamment à travers l’exemple des chantiers rouennais et troyens, en proposant d’évaluer la stabilité de leurs marchés avec les fabriques et d’analyser les fluctuations de prix à la livre de fer ouvrée entre le milieu du XIVe et le début du XVIe s. On distinguera en particulier la fourniture d’une petite quincaillerie habituelle (gonds, goujons, petites agrafes…) et celle de grosses barres métalliques servant de renfort de construction, dont la forge pouvait représenter un certain défi technique et donc susciter l’ouverture de nouveaux marchés et la gestion du risque d’un travail difficile à exécuter.

- Viviane FRITZ (École nationale des Chartes), « Michel Villedo et Cie. Entreprise et expertise à Paris au XVIIe siècle » [3].

Résumé. Ces recherches menées principalement à partir de deux affaires qui reviennent dans les débats des échevins et des Maîtres des œuvres jusqu’à la fin du XIXe siècle portent sur les projets du canal périphérique de Paris (années 1635-1658) et sur la perspective des ponts de Neuilly (années 1610-1670)
Quel est le rôle joué par les entrepreneurs dans les grands projets d’urbanisme de leur temps ? Dans quelle mesure cette participation leur permet-elle de conquérir et d’affirmer leur identité juridique, sociale et même culturelle ?

- Valérie NÈGRE (Maître assistante HDR, ENSA Paris La Villette), Les figures de l’entrepreneur. Inventer et représenter la technique au tournant des XVIIIe et XIXe siècles [4].

Résumé. La communication examine plusieurs figures de l’entrepreneur au tournant des XVIIIe et XIXe siècle, à partir de leur activité inventive et éditoriale. Elle montre que loin d’évoluer dans l’univers cloisonné de leurs métiers et dans un monde exclusivement oral, ces praticiens, favorisés par le développement des médias, participent aux débats techniques, s’adressant aux architectes et aux ingénieurs les plus connus, comme aux savants, aux administrateurs et au public.
Les maîtres de métiers les plus habiles et les experts spécialistes de l’exécution des bâtiments répondent aux demandes de la société et de l’Etat en matière d’économie, de sécurité et de confort, en inventant de nouveaux matériaux et de nouveaux systèmes de construction présentés comme utiles au bien-être de tous et en interpellant leurs contemporains, non seulement par des performances orales et visuelles (expositions, démonstrations dans leurs ateliers), mais aussi par leurs écrits (annonces, gravures, brochures à compte d’auteur).

- Alain RAISONNIER (Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, retraité ), Q« uelques entrepreneurs de Compiègne dans les chantiers pré-haussmanniens à Paris. » [5].

Résumé. À la fin du XVIIIesiècle, grâce aux libertés nouvelles, les maçons et plâtriers de Compiègne, dont beaucoup avaient participé à la construction du Palais, ont eu l’ambition d’envoyer leurs enfants se former et travailler avec les grands architectes du moment pour construire d’autres beaux monuments : Cyr-Jean Vivenel avec Jacques-Denis Antoine, Antoine Vivenel avec Louis Visconti, Louis Milon et Pierre Sauvage avec Eugène Viollet-le-Duc, …
Leurs mémoires et les chantiers publics ou privés qu’ils ont dirigés, illustrent de multiples aspects de la vie des entreprises de charpente et de construction dans Paris ou aux environs, durant toute la période avant Haussmann : emploi et gestion des ouvriers, vie sociale, vie associative, matériaux de construction, marchés immobiliers, financement des chantiers, contentieux et responsabilités. Quelques exemples de ces chantiers illustres permettent d’éclairer la vie de ces pionniers.


- Revue de publications récentes sur l’histoire de la construction
Atelier D’Alleman, Béatrice GAILLARD, ENSA Versailles, « Qui était Antoine D’Alleman ? »


[1] Après des études d’histoire à Paris 1 et d’histoire de l’art, spécialité histoire de l’architecture à l’Ecole du Louvre, Fanny Madeline a passé l’agrégation d’histoire et effectué une thèse à Paris 1 sous la direction de Jean-Philippe Genet intitulée : « La politique de construction des Plantagenêts et la formation d’un territoire politique, 1154-1216 » soutenue en 2009. Enseignante dans le secondaire entre 2009 et 2014, elle sera à la rentrée prochaine, pensionnaire de la fondation Thiers pour 3 ans, rattachée au LAMOP.
Dans ses travaux, elle s’est intéressée à certains aspects techniques de la construction, hommes et matériaux, en rapport avec des enjeux de pouvoir. Elle a notamment publié ce thème :
- « Le don de plomb dans le patronage monastique d’Henri II Plantagenêt : usages et conditions de la production du plomb anglais dans la seconde moitié du XIIe siècle », Archéologie Médiévale, n°39, 2009, p. 31-52.
- « La pierre des chantiers royaux en Angleterre fin XIIe – début XIIIe siècle : origines et distribution », Carrières et bâtisseurs de la période préindustrielle. Europe et régions limitrophes, Actes du 134e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, J.-P. Gély et J. Lorenz (dir.), CTHS, 2011, (CTHS-Sciences, 11), p. 207-222.
- « Les formes de l’expertise dans les chantiers royaux en Angleterre aux XIIe et XIIIe siècles : des compétences techniques au service du politique », Actes du 42e congrès de la SHMESP à Oxford, Publications de la Sorbonne, Paris, 2012. (Cet article présente la genèse des figures de l’expertise dans les constructions royales en Angleterre, ses origines sociales et institutionnelles et le développement de ses missions).
- « Can material resources atone for spiritual sins ? How much did Henry II pay to gain forgiveness for Thomas Becket’s murder ? », After Becket. The Reaction of the Plantagenet World, dir. Paul Webster and Marie-Pierre Gelin, Boydell Press, à paraître en 2014.

[2] Maxime L’Héritier a réalisé une thèse sur « l’usage du fer dans l’architecture gothique » soutenue en 2007. Ses domaines de recherche touchent tant aux aspects techniques et économiques des chantiers de construction qu’à l’étude des productions métallurgiques et de leurs circulations à l’époque médiévale. Il poursuit ses travaux en collaboration avec l’Institut de Recherches sur les Archéomatériaux (CNRS UMR 5060).
Bibliographie récente :
- Disser (A.), Dillmann (Ph.), Bourgain (C.), L’Héritier (M.), Véga (E.), Bauvais (S.), Leroy (M.), « Iron reinforcements in Beauvais and Metz Cathedrals : from bloomery or finery ? The use of logistic regression for differentiating smelting processes », Journal of Archaeological Science, 42, 2014, p. 315-333.
- L’Héritier (M.), « De ratione, qua argentum ab ære separari debeat. Approche expérimentale du procédé par liquation et ressuage d’après le livre XI du De Re Metallica » dans Tereygeol (F.), dir., Comprendre les savoir-faire métallurgiques antiques et médiévaux, Paris, Errances, 2013, p. 189-210.
- L’Héritier (M.), Dillmann (Ph.), Timbert (A.), Bernardi (Ph.), « Reinforcement, consolidation or commissioner’s choice. How and why iron armatures were used in gothic construction », dans Carvais (R.), Guillerme (A.), Nègre (V.), Sakarovitch (J.), éds., Nuts & Bolts of Construction History : Culture, Technology and Society, Paris, Picard, 2012, p. 557-564.
- L’Héritier (M.), Dillmann (Ph.), « Fer ou acier ? Caractérisation des alliages ferreux utilisés dans la construction des églises gothiques au Moyen Age et à la période moderne. L’exemple de Troyes et de Rouen » , dans Dillmann (Ph.), Pérez (L.), Verna (C.), dir., L’acier en Europe avant Bessemer, Actes du colloque, Paris 2005, Toulouse, Méridiennes-FRAMESPA-CNRS/Université de Toulouse (ed.) (Histoire et Techniques), 2011, p. 263-281.
- L’Héritier (M.), Dillmann (Ph.), Benoit (P.), « Iron in the building of gothic churches : its role, origins and production using evidence from Rouen and Troyes », Historical Metallurgy, 44 (1), 2010, p. 21-35.

[3] Viviane Fritz est diplômée de l’École nationale des chartes après la soutenance d’une thèse intitulée Michel Villedo (v. 1598-1667) et Cie : entreprise et expertise à Paris. Elle prépare actuellement les concours des métiers de la conservation du patrimoine dans les spécialités Musées et Monuments historiques / Inventaire à l’École du Louvre.
Bibliographie :
- [Michel Villedo (v. 1598-1667), entrepreneur en bâtiment, mémoire de Master 2 de l’Université de Paris-IV Sorbonne, sous la dir. de MM. Claude Mignot et Guillaume Fonkenell, septembre 2012, 2 vol., 328 p.
- L’église de Pantin au XVIIe siècle et son architecte Michel Villedo, dossier réalisé pour les architectes en charge du diagnostic préalable à la restauration de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois de Pantin (Seine-Saint-Denis), novembre 2012, inédit, 45 p.
- Michel Villedo (v. 1598-1667) et Cie : entreprise et expertise à Paris, thèse pour le diplôme d’archiviste-paléographe, ENC, octobre 2013, 2 vol., 750 p. (Résumé en ligne : http://theses.enc.sorbonne.fr/2014/fritz.
- À paraître dans les Documents d’histoire parisienne (coll. dir. par Guy-Michel Leproux) : « Des fondations aux finitions : les usages du plâtre dans la construction parisienne à l’époque moderne », 16 p. ; « Recherches sur le lieu-dit de La Putrière à Montmartre », en collaboration avec M. Denis Prouvost, 10 p.

[4] Valérie Nègre, architecte du patrimoine et historienne, enseigne l’histoire de l’architecture à l’Ecole nationale supérieure d’architecture Paris la Villette. Ses recherches portent sur les interactions entre architecture, technique et société (XVIIIe-XXe siècles) et en particulier sur la littérature technique, la représentation de la construction et les savoirs artisanaux. Elle a publié plusieurs ouvrages dont L’Ornement en série. Architecture, terre cuite et carton-pierre (2006) et récemment édité avec R. Carvais, A. Guillerme, J. Sakarovitch, à l’issue de deux congrès : Édifice et artifice. Histoires constructives(Paris, Picard, 2010) et Nuts & Bolts of Construction History. Culture, Technology and Society (Paris, Picard, 2012).

[5] Alain Raisonnier était professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI). Il enseignait la biochimie et la génétique au CHU Pitié-Salpêtrière et était coordonnateur de la Fédération de Génétique de cet hôpital. Depuis sa retraite, il se passionne pour l’histoire. Une conférence sur l’entrepreneur Compiégnois Antoine Vivenel sera publiée dans le tome 65 des « Mémoires de la Fédération des Sociétés de Paris et d’Île de France » vers la fin de la présente année.

Lundi 24 mars 2014

Filmer la construction des voutes

Programme

- Introduction, Philippe BERNARDI

Résumés et présentation des auteurs

- Florian RENUCCI (Maître d’œuvre de Guédelon), « La construction d’une voûte d’ogive à Guédelon (Treigny, Yonne) ».

Résumé. Construire un château aujourd’hui sur un modèle du XIIIe siècle et à la manière du XIIIe siècle est un pari pour le moins audacieux : les archives de chantier sont rares pour cette époque et le peu qui nous a été transmis (chroniques, chartes, comptes de construction…) ne révèle pas grand-chose sur les hommes, ni sur les techniques. Par chance, lés édifices du Moyen Age, eux, sont très bavards, pour qui sait entendre et examiner.
Suite à une étude archéologique réalisée sur son château de Saint-Fargeau, Michel Guyot eut l’idée de bâtir un château médiévale avec toutes les méthodes déployées à l’époque. Maryline Martin se charge du projet : trouver un lieu, convaincre les administrations, trouver les partenaires, obtenir les autorisations nécessaires, recruter les premiers ouvriers… Le terrain est trouvé en forêt de Guédelon. Jacques Moulin, architecte des Monuments historiques en dessine les plans. Le site regorge de matières premières nécessaires à la construction. Le permis est déposé en 1997 et le chantier ouvre au public un an plus tard. Il est prévu qu’il dure jusqu’en 2025. Florian Renucci en est le maître d’œuvre. Le chantier d’archéologie expérimentale se développe avec 65 salariés dont environ 35 sont à pied d’œuvre aidés par une main d’œuvre temporaire de près de 650 amateurs par an. Il s’adjoint un comité scientifique composé d’archéologues, d’architectes et d’historiens.
Une voûte d’ogives est prévue dans la salle basse de la tour maîtresse de la chapelle. Elle est réalisée au cours des 13e et 14e saisons du chantier. Comprendre la fonction technique et symbolique de l’ouvrage, pour proposer des plans d’exécution obéissant aux cahiers des charges archéologiques, tel est le défi que Florian relève et que nous découvrons à travers ce document filmé unique.


- Camilla MILETO et Fernando VEGAS (Architects and professors at the Universitat Politècnica of València (Spain)), « The Catalan Vault (14th-21st c.) : 700 years of history » [1] .

Résumé. Apart from some primitive precedents found in the architecture of Al-Andalus, the Catalan vault that we still use nowadays for building purposes, is documented from 14th century on in some religious and residential buildings of the city and province of Valencia. This intelligent combined use of ceramic tiles and gypsum that allowed building vaults at a great speed and at a reasonable price without using centering was employed during the following centuries both for domestic uses (stairways and jack arch floors) and public uses (vaults and domes of religious and monumental buildings). In this historic process we can point out some figures like the Aragonian architect Juan Jose Nadal, outstanding not only for his own buildings but also for having inspired the work of the Valencian architect Rafael Guastavino, who improved the technique by using cement mortar and exported it to the USA and a dozen of other countries, where he and his son built more than 1.000 monumental buildings. The success and full validity of this technique in the 21st century, that still witnesses its use both for restoration and new architecture, show that the efficiency, economy and fireproof virtues of the Catalan vault have not diminished with time and continue to be competitive in front of the reinforced concrete.


- Caroline BODOLEC (Chargée de recherches CNRS, Centre d’Étude sur la Chine Moderne et Contemporaine, UMR 8173 Chine, Corée, Japon) et Elodie BROSSEAU (Sinologue), « Yaodong. Petit traité de construction. Documentaire - 89’ – 2012 » [2].

Prix du Patrimoine culturel immatériel. Festival du Film ethnographique Jean Rouch (2012)
©AnimaViva Productions / EHESS-CNRS/
Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine / Nov. 2012 Animaviva Productions - Gilles Boustani, Sylvie Carlier (contact@animaviva-prod.com)
En Chine, dans la région du Shaanbei, les yaodong , habitats voûtés d’origine troglodytes, sont aujourd’hui construits en pierre adossées aux flancs des montagnes. Leur construction s’opère sans plan d’architecte, selon un savoir-faire transmis oralement. Sur les chantiers ou en franchissant les portes, la réalisatrice nous emmène à la rencontre des artisans et des habitants. A l’écoute de leurs petites ou grandes histoires et, tout en partageant leurs rituels, peu à peu, par petites touches, se constitue le puzzle d’un instantané de la « culture yaodong » d’aujourd’hui.
Note d’intention de Caroline Bodolec
Je suis le processus de construction d’un yaodong tout en découvrant les habitants d’une région en plein cœur de la Chine. De par l’attention qu’ils portent à sa construction, du savoir-faire qu’ils perpétuent au travers d’elle et les rituels qui l’accompagnent, se dévoile peu à peu un mode de vie.
Tout comme les yaodong en terre (forme troglodyte du yaodong) peuvent paraître invisible à l’œil nu pour celui qui ne fait que traverser ces montagnes, leur culture et leur mode de vie sont tout autant discrets et pourtant, enracinés dans l’ancestrale tradition chinoise, là où les villes les ont étouffées. Le rapport au monde, à la terre, aux hommes, semble dans cette région encore un moment protégé de “la machine à développer ” qui s’impose partout en Chine pour faire face notamment au logement d’une population incommensurable (30 millions de tours devraient être construites d’ici 20 ans).
J’empreinte aussi le regard d’un artiste de la région qui décrit le mode de vie passé, ses œuvres sensibles reflets de sa culture, ses émotions quand il parle de la vie dans les yaodong ; et, j’utilise d’autres œuvres de sa composition pour jalonner les étapes de la construction ; je suis les maîtres de fengshui (géomancie), lien social et trait d’union avec l’ancienne culture.
Je parcours ces montagnes, tout en faisant un “sur place” sur les chantiers pour associer l’intelligence de cette construction à un état d’esprit. Je suis au milieu d’eux, eux qui vivent en prise directe avec l’environnement de cette terre de loess singulière.
L’intention est de faire apparaître leur sensibilité par le biais de nos échanges spontanés tout en suivant toutes les étapes de la construction, de la technique à la pratique des rituels, mais sans que jamais cela ne soit fait de façon professorale ou experte. Dans ma position de femme étrangère, accompagnée d’un ami de la région, je vis près d’eux qui m’ouvrent généreusement leur porte. Ne comprenant pas toujours très bien leur langue locale, bien différente du mandarin que j’utilise pour me faire comprendre, ils s’appliquent à répondre à l’intérêt que je leur porte.
En alternant ainsi les images qui suivent le processus de la construction du gros oeuvre et celles des rencontres avec les acteurs de cette construction, tout autant habitants du yaodong - en traversant les saisons - je souhaite reconstituer un Petit traité de construction, à ma façon.
La fabrication du film
Elodie Brosseau, sinologue et réalisatrice, a travaillé un an et demi au montage d’une exposition dans la ville chinoise, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, qui s’est tenue en 2008 à Paris. C’est à cette occasion que naît l’idée de collaborer avec Caroline Bodolec, chargée de recherche au CNRS, pour faire un film ensemble sur son terrain d’étude qu’elle observe depuis 17 ans. Elle est la conseillère scientifique du film. Documentée de ses recherches, la réalisatrice part seule dans le Shaanbei pour réaliser ce film, retrouvant, Feng Fen, le fils aîné de la « seconde famille » chinoise de l’ethnologue qui l’assiste sur le tournage. Feng Fen et son père sont d’ardents défenseurs de la culture yaodong en Chine et soutiennent la réalisation du film sur place. La chef-monteuse, Hélène Attali, collabore à un travail de montage très attentif à l’intention du film afin de mettre en valeur toute la sensibilité des personnages et du savoir-faire lié à cette construction, où s’entremêlent processus technique et portraits furtifs pour créer un temps particulier, faisant de différents chantiers, un unique et, des différents visages, un portrait. Enfin, Jean-Damien Charrière, créateur d’effets spéciaux et infographiste, répond ici par un habillage sobre, authentique et sensible, à la proposition faite de composer un singulier « Petit traité de construction » sur le sujet d’un patrimoine architectural savant et populaire.
Cette collaboration originale contribue à l’aboutissement d’un film qui fraie une voie nouvelle à ce documentaire qui nous semble pouvoir toucher le grand public.
Le Contexte
Le film est tourné dans le nord de la province du Shaanxi, le Shaanbei, une région de hautes plaines à perte de vue, dans la « boucle » du Fleuve Jaune. C’est dans cette province, toute proche de sa capitale, Xi’An, la première capitale impériale, qu’a été découverte au début des années 70, la tombe du premier empereur de Chine, connue du monde entier. C’est là aussi qu’a été tourné Terre Jaune, l’un des tous premiers films de la 5ème génération des réalisateurs chinois, Chen Kaige à la réalisation et Zhang Yimou à la caméra en 1987. Le district de Yanchuan, lieu de mon tournage, est aussi à une heure et demi de route de Yan’An, là où Mao Ze Dong a terminé sa longue Marche et, c’est justement dans cet habitat troglodyte que Mao a mûri ses réflexions, qui allait donner naissance à la République Populaire de Chine en 1949.
Le yaodong
Le yaodong, dans sa forme architecturale voûtée et la maîtrise de sa construction telles qu’on les connaît aujourd’hui, date de 300 à 400 ans. C’est un habitat d’origine troglodyte. Ces caractéristiques sont simples : une pièce oblongue de 9 mètres de profondeur, une hauteur sous un plafond voûté de 3 mètres de hauteur. Et, il est doté d’un kang (un grand lit familiale construit en dur relié à un fourneau, unique source de chaleur). Sa façade, en treillis de bois dessinant une porte et des ouvertures de fenêtres, à flanc de montagne. Ces troglodytes s’effondrant au bout d’une cinquantaine d’années, les habitants construisent aujourd’hui encore des yaodong non plus en terre et creusés, mais adossés à la montagne et en utilisant la pierre de la région pour sa construction, toujours selon un même plan et en gardant les mêmes caractéristiques précieuses mais d’apparence simples. La technique de construction, elle-même, est cependant savante et précise.
Un savoir-faire traditionnel
Les yaodong se construisent sans plan d’architecte, mais grâce à un savoir-faire traditionnel transmis de génération en génération par les maîtres tailleurs de pierre, les maîtres menuisiers ; et tous, manœuvres habitants paysans et maîtres de fengshui perpétuent ensemble la transmission de cette tradition.
Les rituels
Des rituels ponctuent le processus de la construction et sont la preuve d’une culture encore bien vivante. Ils peuvent être faits par les maîtres tailleurs de pierre, ou par les maîtres de fengshui (géomancie). Ils sont importants et tous orientés vers le Dieu du sol. A travers cette pratique, on découvre les croyances populaires, la tradition, la superstition parfois.
Mode de vie et convivialité
Malgré la modernité qui fait son apparition dans les villes, sous ce climat continental, ils continuent d’être très appréciés pour diverses raisons et particulièrement comme dit l’adage parce qu’il y fait doux l’hiver et frais l’été. Mais c’est aussi un vrai lieu de convivialité où chacun s’invite à s’asseoir sur le kang et discuter de la vie, s’informer des dernières nouvelles des uns et des autres, des mariages, des funérailles, fêtes traditionnelles du calendrier lunaire, etc.


[1] Camilla Mileto and Fernando Vegas are architects and professors at the Universitat Politècnica of València (Spain), where they teach architectural conservation both in graduate and postgraduate courses. They have been guest lecturers in the universities of Venice and Palermo (Italy), Cordoba (Argentina) and the University of Pennsylvania (Philadelphia, USA). They are directors of the journal Loggia and have extensively published on architectural conservation. They have received several international awards for their research, projects and built work on architectural conservation. They have made several studies, projects and interventions for the preservation of the Alhambra of Grenade, among other monuments in Spain.
Main Works
- Restoration Project of the Tower of Bofilla, Valencia, 2009-2010
- Restoration Project of the Tower of Càlig (Castellón), 2005-2010
- Restoration Project of the Church of Linares de Mora (Teruel), 2009-
- Restoration Project of Tronchón historical square (Teruel), 2009-
- Restoration Project of the Pretorium and ramparts, Zenobia, Syria, 2007-2010
- Restoration of the Barber’s Room at the Alhambra, Granada, Spain, 2004-2009
- Architectural Stratigraphic Study of Little Kitchen Room, Lion’s Court, the Alhambra, Granada, Spain, 2004
- Architectural Stratigraphic Study of Western/Eastern Upper Galleries, Myrtles’ Court, the Alhambra, Granada, Spain, 2002/2006
- Restoration of the Church of S. Pedro at Benifassá, Castellón, Spain, 2000-2006
- Restoration Project of the Belltower the Church Santa María de la Asunción of Vistabella del Maestrazgo, Castellón, Spain, 2002-2006
- Master plan for Monzón Castle, Huesca, Spain, 2007-2009
- Master plan for the historical center of Chelva, Valencia, Spain, 2008-2010
- Proyecto de restauración de la Mansión de la Madrina, Valencia 2004-2010
- Proyecto de restauración de partes de la Fortaleza de la Mola (Menorca), 2011-
- Restoration of the Posada del Arte, Torrebaja, Valencia 2003-2010
Awards
- 1st European Union Prize for Cultural Heritage (Europa Nostra 2004)
- National Research Prize Concepción Arenal 2004, Spain, with J.L. Montero
- Mention HWH West Award for Best Paper by a Young Researcher en 10th Canadian Masonry Symposium, 2004
- 2006 Award for the best book given by COACV
- Medal Europa Nostra 2008
- 1st European Union Prize for Cultural Heritage (Europa Nostra 2011)
- 1st International Award Domus Restauro e Conservazione 2012
- Europa Nostra Mention Award 2013 for the restoration of Bofilla Tower
- 1st European Award AADIPA for the book Homo Faber
- Finalist European Award AADIPA for the book Aprendiendo a restaurar
Research Projects
- Integration of Traditional and new Techniques for the Protection and Conservation of Historical Built heritage in Earthquake-prone Areas (ERB IC18-CT98-0385 / DG 12 CEOR) ; EU, 2000-2002
- Non Destructive Techniques for the Preservation of Architectural Heritage (GV00-126-9) ; GV, 2001-2002, together with Prof. J.Fco. Noguera Giménez
- Development of an informatic architectural system for modelising, documenting and multimedia difunding of cultural heritage (HUM2005-03152) ; MEC, 2005-2008, together with Prof. José Luis Lerma
- Terra Incognita (Convention nº. 2006-2344), European Comission (Culture 2000), 2006-2007
- Coupoles et habitats. Une tradition constructive entre Orient et Occident (Convention n. 2007-1134/001-001), European Comission, 2007-2009, Estudio para la restauración de las viviendas-cúpula construidas en adobe, Siria
- Terra Incognita II. Architectures de terre en Europe (Convention 149188. Culture 2007), European Comission, 2009-2011
- La restauración de la arquitectura de tapia en la Península Ibérica. Criterios, técnicas, resultados y perspectivas” (BIA2010-18921).
- European Union Research Project VerSus – Vernacular Heritage Sustainable Architecture
Publications
- Vegas : La arquitectura de la Exposición Regional Valenciana de 1909 y de la Exposición Nacional de 1910, Ediciones Generales de la Construcción, 2002
- Vegas (coord.) : Mercado de Colón. Historia y restauración, Valencia, 2004
- Vegas, Mileto : Memoria construida. ADIRA, 2001
- Vegas, Mileto : “Cultural Identity and Built Heritage”, Loggia 17, 2005
- Vegas, Mileto : Renovar conservando. Manual para la restauración de la arquitectura rural del Rincón de Ademuz, M. Rincón de Ademuz, Casas Bajas 2007
- Mileto, Vegas : Homo faber. Arquitectura preindustrial del Rincón de Ademuz. Mancomunidad del Rincón de Ademuz, Casas Bajas 2008
- Vegas, F. : Valencia 1909. La arquitectura a exposición, Bancaja, Valencia 2009
- Vegas, Mileto, et al : Terra Incognita. Argumentum, Brussels 2008
- AAVV : Terra Europae, ETS, Pisa 2011
- Vegas, Mileto : Aprendiendo a restaurar, COACV, Valencia 2011
- Vegas, Mileto, Cristini : Rammed Earth Conservation, London 2012
- Vegas, Mileto : Lazos de alarife / Entrelacs de bâtisseur, OMAU, Málaga 2013

[2] Elodie Brosseau / auteure-réalisatrice/sinologue
Filmographie
- Auteure-réalisatrice de courts-métrages documentaire Angle mort, 2008 , 13’- Prod. Ateliers Varan Je ne vous dérange pas ? 10’ – 2010 – Prod. Créative camera (Les deux films abordent selon différents traitements la question des Centres de Rétentions administratifs en France)
- Un premier film de long métrage documentaire : Yaodong, Petit traité de construction Écrit avec Caroline Bodolec, Conseillère scientifique- prod-EHESS-Elodie Brosseau - 2012 (Sélectionné au Festival du Film ethnographique Jean Rouch-2012 et au Festival du film indépendant de Pékin 2012)
- Deux projets de films de long métrage en cours d’écriture (tournages en Chine) Titre provisoire : Des taoïstes étrangers en Chine (2011-…) Titre provisoire : Il était une fois un réalisateur de documentaire indépendant chinois au cœur de Pékin - (2012-…)
Expériences professionnelles
Un profil « transversal » qui se focalise sur la Chine (culture et langue), les médias (radio, TV, presse) et le cinéma (production) jusqu’au passage à la réalisation de films documentaires. Ses expériences professionnelles sont très différentes : cela va de missions culturelles (travail d’assistant scientifique et iconographique auprès des commissaires d’une exposition intitulée dans la ville chinoise à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, d’assistanat pour le Festival du Cinéma chinois de Paris,…), de missions touristiques (accompagnements à travers la Chine), d’interprétariat (notamment la traduction de nombreux films en lien avec la Chine), de l’accompagnement de projets en Chine (marchés de la radio, de programmes télévisuels, comme du thé, des cacahouètes) à, l’écriture (réalisation d’une émission « spéciale Pub » sur la Chine M6TV, piges sur le cinéma et la culture chinoise,…). Dès les années 90, parallèlement à ses études, elle n’a eu de cesse de vouloir travailler avec la Chine. Les opportunités de travail pour les étrangers étaient rares et c’est ce qui explique son parcours atypique qui a évolué avec le développement économique et les opportunités du pays.
Ses expériences là-bas lui ont permis entre autre d’expérimenter les plateaux de tournage en saisissant des opportunités de rôles pour des feuilletons chinois (1996, 2000), mais, c’est à partir de 2001, avec une première expérience en tant que coach du premier rôle féminin chinois d’un film de long métrage français, qu’elle expérimente le cinéma pur. C’est alors une vraie révélation et toute cette passion du cinéma va faire ressurgir en elle le désir longtemps enfoui de fabriquer des films et de passer à la réalisation de films documentaires (motivée par ailleurs par l’envie de faire partager sa passion pour le peuple chinois et sa culture ancestrale). Elle suit en 2008 une formation aux Ateliers Varan, puis une résidence d’écriture (Altermedia) ;
Elle vit actuellement en Chine et continue de perfectionner à la fois le chinois et les différents champs du cinéma, à l’Académie du Cinéma de Pékin.
Caroline Bodolec / co-auteure - conseillère Scientifique/Chercheur CNRS
Lauréate du prix de thèse de l’Association Française d’Études Chinoises.
Elle a notamment publié :
- L’architecture en voûte chinoise : un patrimoine méconnu, éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 2005, 315 p.
- « La brique crue moulée en Chine : panorama historique et usages contemporains », dans Chazelles Claire-Anne de, Klein Alain, Pousthomis Nelly éd., Les cultures constructives de la brique crues, Echanges transdisciplinaires sur les constructions en terre crue, volume 3, Gap, Editions de l’Espérou, 2011, pp. 139-150.
- « Houses as Local Culture Identity : The Case of Yanchuan District, Shaanxi », dans Lehner Erich, Harrer Alexandra, Sint Hildegard éd., Along the Great Wall. Architecture and Identity in China and Mongolia, Vienne, IVA-ICRA, 2010, pp. 223-232.
- « Ershiyi shijie de yaodong : Shaanbei Yanchuan xian gongjiang chuantong jianzao jishu de xuexi yu chuancheng » [Construire des yaodong au XXIe siècle : Formation et transmissions des savoirs chez les artisans du district de Yanchuan], dans Christian Lamouroux dir., Jishu, zhishi yu zhongguo jin xiandai xingye de shanbian [Transformations de l’artisanat, des savoirs et des métiers de la Chine moderne et contemporaine], Pékin, Guojia tushuguan chubanshe, 2010, pp 3 - 19.
- « Miaofeng (1540-1613), moine bouddhiste et architecte dans la Chine impériale », dans Carvais R., Guillerme A., Nègre V., Sakarovitch J. dir., Édifice et artifice. Histoires constructives, Paris, Picard, 2 vol., 2010, pp. 699-707.
- « La transmission des techniques architecturales chinoises par l’écrit : aspects d’une réalité complexe », dans Garric Jean-Philippe, Nègre Valérie, Thomine-Berrada Alice éd., La construction savante. Les avatars de la littérature technique, Paris, Picard, 2008, pp. 81-88.

Lundi 20 janvier 2014

 [1]

Le plâtre, matériau de construction

Programme

- Introduction, Philippe BERNARDI et Robert CARVAIS

Résumés et présentation des auteurs

- Yvan LAFARGE, (archéologue et historien des techniques, est responsable d’opération, assistant qualifié de conservation du patrimoine au Bureau du patrimoine archéologique, Département de la Seine-Saint-Denis, DCPSL/SPC), « Le plâtre, archéologie d’un matériau de construction en Ile-de-France ». [2]

Résumé. La prééminence du plâtre dans la construction en région parisienne depuis le Moyen Age se caractérise par la variété d’utilisation de ce matériau dans tous les contextes sociaux. Les usages de ce matériau sont récurrents depuis l’Antiquité dans les différentes phases de la construction, premier et second œuvre. Toutefois la connaissance encore partielle de ces usages aux époques les plus hautes suggèrent des interrogations sur l’approche et la compréhension des vestiges archéologiques. En revanche, les continuités techniques sont extrêmement fortes depuis l’époque médiévale. A partir de cette époque, les usages de ce matériau sont à la fois diversifiés dans leurs différentes déclinaisons (construction, sculpture, décors…) et dans les contextes d’utilisations (on le retrouve dans l’habitat rural ou aristocratique). L’examen de la morphologie du bâti spécifiquement construit en plâtre permet de s’interroger sur les évolutions de forme du bâti.
Si on ne sait rien des modes de production du plâtre les plus anciens, un fait marquant est son industrialisation tardive ; étrange parallèle, les modes de mise en œuvre sont marqués par de très fortes permanences techniques. L’utilisation du plâtre depuis l’Antiquité est toutefois marquée par des ruptures techniques qui empêchent de considérer ce matériau dans la longue durée d’un strict point évolutionniste. Ainsi, l’objectif est d’identifier dans une perspective diachronique l’ensemble des chaînes techniques de la production à la mise en œuvre du plâtre, afin d’en caractériser les ruptures par l’innovation. Grâce à ce décryptage, on met en lumière un système économique mêlant exploitation « minière » du plâtre à l’exploitation du même matériau basée sur des cycles de récupération. Les approches, variées et complémentaires et des comparaisons croisées ainsi que la validation d’hypothèses par l’archéologie expérimentale permettent de mieux comprendre ces phénomènes.


- Jonathan BOREL (prépare actuellement un Master à l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble), « Les gypseries de Sainte Tulle ».

Résumé. Les fouilles et l’étude architecturale de la chapelle du village de Sainte-Tulle, dans les Alpes de Haute-Provence, menées par C. Michel d’Annoville et R. Fixot ont permis de découvrir plusieurs fragments en plâtre appartenant à un même ensemble décoratif. Ces éléments livrent des informations sur les techniques mises en oeuvre lors de la création puis de la pose. Le type de décor et le contexte de la découverte permettent d’attribuer cet ensemble à l’époque moderne, plus précisément au XVIIe siècle. Toutefois, il reste difficile d’interpréter cet ensemble, compte tenu du faible nombre de fragments conservés et faute d’un recueil d’exemples complets permettant les comparaisons. On ignore encore s’il s’agit de fragments d’un retable ou d’éléments constituant le décor d’un élément architectural (encadrement d’une ouverture ou autre). L’étude de ces fragments est menée dans le cadre d’un master 1, en prenant appui sur ces découvertes archéologiques et en ayant recours aux documents écrits. L’objectif est d’identifier ce décor et de l’insérer dans un contexte de production plus large, en s’interrogeant notamment sur les artisans et les commanditaires d’un tel type de création.


- Philippe LARDIN (Maître de conférences habilité en histoire médiévale à l’université de Rouen (Groupe de Recherche d’HIStoire - GRHIS), « Plâtre et plâtriers en Normandie orientale à la fin du Moyen Âge ». [3]

Résumé. Le plâtre était un matériau très utilisé dans certaines parties de la Normandie orientale à la fin du Moyen Âge. Produit à partir de gypse parisien, il était fabriqué dans les lieux de consommation, particulièrement à Rouen. Toutefois, les problèmes de transport réduisaient son emploi en dehors de la vallée de la Seine. Grâce aux comptabilités et aux statuts rouennais des plâtriers qui remontaient au milieu du XIIIe siècle, on peut constater que son utilisation était très variée depuis les parois intérieures et extérieures des habitations jusqu’aux décorations les plus fines. Il servait aussi aux couvreurs ce qui liait ces artisans aux plâtriers de manière assez complexe. Dans tous les cas, le plâtre était considéré comme indispensable et on n’hésitait à récupérer le « plâtre vieux » quand des problèmes climatiques ou politiques interrompaient l’approvisionnement en gypse. Quoi qu’il en soit, les plâtriers connaissaient une certaine aisance mais la situation n’était pas la même selon qu’ils produisaient eux-mêmes le plâtre ou qu’ils l’achetaient pour le mettre en œuvre.


- Julien SALETTE (Staffeur ; il prépare actuellement un Master à l’Université de Toulouse-Le Mirail), « Outillage et techniques du gipier provençal, l’exemple de Riez (Alpes de Haute Provence) XVIe-XVIIe siècle. Apport de la tracéologie ».

Résumé.Le matériau plâtre possède des propriétés plastiques et mécaniques qui confèrent aux mortiers des qualités spécifiques : finesse du grain et donc du détail, forte tenue mécanique, rapidité de prise… Ces propriétés favorisent la conservation de « traces » du travail du gipier (plâtrier). Le plâtre apparaît donc comme un support privilégié pour l’analyse tracéologique. L’étude des traces d’outils et de mises en œuvre permet trois types d’observations techniques. D’une part, ces traces constituent un apport d’informations sur l’outillage utilisé par le gipier. D’autre part, nous pouvons observer et analyser l’outil dans son usage : fonction, gestuelle, phase de prise de la matière… Enfin, l’ensemble de ces observations permet d’envisager la reconstitution de chaînes opératoires, ouvrant ainsi la voie à l’archéologie expérimentale.


[1] Marque du contrôleur général des plâtres de Paris, 13 août 1697 Archives nationales Z1J 206

[2] Il a soutenu le 20 mars 2013 une thèse de doctorat d’histoire (spécialité : histoire des techniques) sous le titre « Le plâtre dans la construction en Ile-de-France : techniques, morphologie et économie avant l’industrialisation », sous la direction du professeur Anne-Françoise Garçon, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

[3] Sa thèse portait sur Les Chantiers du bâtiment en Normandie orientale à la fin du Moyen Âge. Les matériaux et les hommes, et son habilitation sur Dieppe pendant la guerre de Cent Ans. Il a publié de nombreux articles sur la construction normande. Il a notamment publié, concernant la construction :
- Les chantiers du bâtiment en Normandie orientale (XIVe-XVIe siècle) : les matériaux et les hommes, Villeneuve d’Ascq, 1998.
- « Les pierres de la vallée de la Seine à la fin du Moyen Âge : l’exemple normand », dans La pierre dans le monde médiéval, 2010, p. 37-48,
- « Les travailleurs des métaux sur les chantiers du bâtiment », dans Arnaud Timbert (dir.), L’homme et la matière. L’emploi du plomb et du fer dans l’architecture gothique. Actes du colloque de Noyon, 16-17 novembre 2006, Paris, Picard, 2009, p. 89-93.
- « La municipalité de Rouen et les églises de la ville à la fin du Moyen Âge », dans Jacky Theurot et Nicole Brocard (dir.), Les églises et la ville du XIIIe siècle à la veille du concile de Trente. Actes du colloque de Besançon-Poligny des 18 et 19 novembre 2005, Besançon, Presses Universitaires de Besançon, 2008, p. 47-63.
- « L’utilisation des pierres du bassin de la Seine en Normandie orientale à la fin du Moyen Âge », dans François Blary, Jean-François Gely et Jacqueline Lorenz (dir.), Pierres du patrimoine européen, Paris, CTHS, 2008, p. 357-36.
- « Le temps de travail sur les chantiers du bâtiment normands à la fin du Moyen Âge », dans Claude Mazauric (dir.), Temps social, temps vécu, Actes du 129e Congrès des sociétés historiques et scientifiques (Besançon, 2004), Paris, CTHS, 2007, p. 147-161.
- « Le chantier de la cathédrale de Rouen à partir du premier compte de la fabrique », dans 396-1996. XVIe centenaire de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, 2005, p. 95-121.
- « Les matériaux de couverture en Normandie orientale à la fin du Moyen Âge », dans Matériau et construction en Normandie du Moyen Âge à nos jours, 2004, p. 117-150.
- « L’utilisation du bois au château de Tancarville (Seine-Maritime) au cours du XVe siècle », dans Le bois dans le château de pierre au Moyen Âge, Besançon, 2003, p. 129-149.
- « Le plâtre dans la construction courante à Rouen aux XIIIe et XIVe siècles », dans Dominique Pitte et Brian Ayers éd, La maison médiévale en Normandie et en Angleterre. Actes des tables rondes de Rouen (1998) et Norwich (1999), Rouen, Société libre d’Emulation de la Seine-Maritime, 2002, p. 95-102.
- « Les entreprises du bâtiment en Normandie orientale à la fin du Moyen Âge », dans Du projet au chantier. Maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre, Paris, 2002, p. 177-195.

Lundi 2 décembre 2013

 [1]

Comment traiter la construction ? Traités de construction ou traités d’architecture

Programme

- Introduction, Robert CARVAIS et Joël SAKAROVITCH

Résumés et présentation des auteurs

Discutant João MASCARENHAS MATEUS (Centre d’Études Sociales (CES) de l’Université de Coimbra - Portugal)

Chercheur au Centre d’Études Sociales (CES) de l’Université de Coimbra (Portugal). En 1987, il est diplômé ingénieur civil de l’Université Technique de Lisbonne (UTL), puis maître ès sciences en Architecture de la Katholieke Universiteit Leuven (Belgique) où il a travaillé comme assistant-chercheur (1993-1995). Il devient expert de la Communauté européenne pour l´évaluation de projets de Conservation architecturale et du patrimoine culturel (1993-1998). Sa thèse de doctorat qu’il soutient à l’Université La Sapienza de Rome porte sur l’utilisation de techniques traditionnelles de construction de bâtiments en maçonnerie dans la conservation architecturale. À Rome, il conçoit et dirige les travaux de conservation de l’Institut Portugais et du Collège Pontifical Portugais. Il soutient un doctorat en Génie Civil à l’UTL en 2001. Il enseigne la « Cultore della materia » à la Faculté d’Architecture Valle Giulia de l’Université La Sapienza de Rome (2002-2004) et est nommé collaborateur scientifique de la « Scuola di Specializzazione in Conservazione dei Monumenti » depuis 2002. Il est le coordinateur technique de la candidature de la Baixa Pombalina (centre-ville de Lisbonne) à la Liste du patrimoine mondial – UNESCO Word Heritage (2003-2006). Il organise en 2010 la Première Conférence sur l’Histoire de la Construction au Portugal et devient un des acteurs principaux du Premier Congrès International Luso-Brésilien d’histoire de la construction (Vitória, Espírito Santo) en 2013. [2]

- Pierre CAYE (Directeur de recherche au CNRS), « La dimension constructive de la conception architecturale chez Leon Battista Alberti »

Résumé : Dans cet exposé, trois points fondamentaux seront questionnés. Il sera d’abord montré dans quelle mesure, de façon totalement nouvelle par rapport au De architectura de Vitruve, Alberti intègre, au livre I du De re aedificatoria, les données constructives dans sa conception même du projet de sorte que les opérateurs de conception s’en trouvent radicalement changés par rapport au Vitruve. Nous examinerons ensuite la mise en place au livre III du traité d’une conception universelle de la construction qui, au moyen de l’analogie, unifie les principes constructifs aussi bien du point de vue matériel (qu’il s’agisse du bois ou de la pierre) que du point de vue morphologique (architecture plate ou architecture courbe). Enfin nous verrons dans quelle mesure l’importante question de l’ornement, dans les derniers livres du De re aedificatoria, confirme ou au contraire affaiblit ce modèle constructif fort qu’Alberti met en place dans les 3 premiers livres de son traité.

Pierre Caye, directeur de recherche au CNRS, mène ses recherches sur le De architectura de Vitruve et sur la théorie architecturale à l’âge humaniste et classique. Il s’agit de mesurer l’importance de la discipline architecturale non seulement dans la constitution de la théorie de l’art du XVème jusqu’au début du XIXème siècle, mais, plus généralement encore, dans l’élaboration d’un paradigme inédit de la technique, distant à la fois du monde des artisans et de celui des ingénieurs, paradigme qui certes annonce par maints traits (culture du projet, emploi des mathématiques, etc.) la technique des Modernes mais en entretenant avec la nature un rapport radicalement distinct de l’approche démiurgique que propose cette dernière. Recherche qui, à travers la perspective technique ainsi revisitée, permet de questionner différemment les rapports de l’homme au pouvoir et à son horizon métaphysique. [3]

- Luc TAMBORERO (Compagnon tailleur de pierre, doctorant au laboratoire GSA), « La stéréotomie des ingénieurs, cours et traités de Philippe de la Hire ».

Résumé : Dans cet exposé, trois points fondamentaux seront questionnés. Il sera d’abord montré dans quelle mesure, de façon totalement nouvelle par rapport au De architectura de Vitruve, Alberti intègre, au livre I du De re aedificatoria, les données constructives dans sa conception même du projet de sorte que les opérateurs de conception s’en trouvent radicalement changés par rapport au Vitruve. Nous examinerons ensuite la mise en place au livre III du traité d’une conception universelle de la construction qui, au moyen de l’analogie, unifie les principes constructifs aussi bien du point de vue matériel (qu’il s’agisse du bois ou de la pierre) que du point de vue morphologique (architecture plate ou architecture courbe). Enfin nous verrons dans quelle mesure l’importante question de l’ornement, dans les derniers livres du De re aedificatoria, confirme ou au contraire affaiblit ce modèle constructif fort qu’Alberti met en place dans les 3 premiers livres de son traité.

Luc Tamborero est tailleur de pierre de l’Association ouvrière des Compagnon du Devoir du Tour de France (AOCDTF) et entrepreneur. Il travaille sur les applications géométriques dans la construction ; il termine actuellement sa thèse, au laboratoire GSA , sur les traités de stéréotomie de Philibert de l’Orme à Philippe de La Hire. [4]

- Alberto GRIMOLDI (Professeur au Politecnico de Milan, Dipartimento Di Architettura E Studi Urbani), « La construction à la française et sa diffusion en Europe par les éditions du « Cours… » de Charles Augustin d’Aviler ».

Résumé : Bettina Köhler a bien expliqué le contexte éditorial dans lequel paraît en 1691 le « Cours d’architecture, qui comprend les Ordres de Vignole… » d’Augustin Charles D’Aviler et nous a donné les clés de son succès, consacré par ses nombreuses éditions jusqu’en 1760, dont elle illustre les variations. Le livre s’adresse « aux Ouvriers » ; c’est-à-dire qu’il est dédié aux praticiens, architectes et entrepreneurs : Daviler lui aussi, comme l’a démontré Thierry Verdier, a beaucoup bâti. Il actualise et adapte Vignole aux habitudes et aux besoins des commanditaires français, ainsi qu’il l’avait déjà fait pour le sixième livre de L’idea de Scamozzi (1685), toujours sur les ordres architecturaux. Dans ce cas, la paternité était attribuée à l’architecte italien, même si le texte français est un abrégé réadapté plus qu’une traduction. Si les éditions italiennes de Vignole, de la fin du XVIème siècle, s’étaient enrichies de planches et de sujets pour augmenter leur diffusion, l’édition de 1710 du Cours se présente, par les rajouts de Leblond, comme une véritable synthèse de l’art de bâtir telle qu’on la conçoit en France. Le Muet avait accolé à ses traductions de Vignole et de Palladio sa « Manière de bâtir pour toute sorte de personnes » (1642) ; Leblond développe le thème du plan et du rapport entre distribution et parcelle dans un chapitre entier qui exalte l’art « moderne » et « français » de la distribution et le complète, au niveau du détail constructif, par le chapitre sur les « compartiments de menuiserie », qui comprend aussi les châssis à verres. Mais déjà Daviler avait consacré les derniers chapitres aux matériaux et à la coupe des pierres, pour donner un aperçu général du savoir architectural, que le dictionnaire achevait.
Cette vision d’ensemble, avec toutes ses limites, explique sa présence fréquente dans les bibliothèques de l’Italie du Nord (et de l’Europe entière) où les commanditaires pouvaient se rapprocher des modèles français par la tradition italienne, pouvant ainsi mieux saisir les différences, sans trop se soucier du débat théorique, ni posséder de notions techniques approfondies.
C’est néanmoins la culture constructive qu’il est intéressant d’examiner de très près, car elle est esquissée d’un point de vue contemporain, et, d’un autre côté, elle contribue à en fixer l’image dans le reste de « l’Europe cultivée ».
Références bibliographiques récentes :
- Bettina Köhler, Die Architektur ist die Kunst, gut zu bauen. Charles Augustin D’Avilers « Cours d’Architecture qui comprend les Ordres de Vignole », Berlin, gta/Gebr.Mann Verlag, 1997.
- Thierry Verdier, Augustin Charles D’Aviler, architecte du Roi en Languedoc, Presses du Languedoc, Montpellier, 2003.
Id., « Entre collage de citations et références professionnelles le "Dictionnaire d’architecture" d’Augustin Charles d’Aviler », dans Le livre et l’architecte, textes réunis par Jean-Philippe Garric, Émilie d’Orgeix et Estelle Thibault Wavre, Bruxelles, Mardaga, 2011, pp. 187 -201.

Alberto Grimoldi est Professeur ordinaire de restauration architecturale au Politecnico de Milan, Dipartimento Di Architettura E Studi Urbani, et Directeur de l’Ecole de Spécialisation en Sauvegarde du patrimoine bâti. Il a privilégié dans ses travaux l’histoire des techniques constructives du XVIe au XVIIIe siècle et l’histoire de la sauvegarde architecturale. [5]

- Nicoletta MARCONI (Professeur à l’Università di Roma Tor Vergata – Facoltà di Ingegneria Storia dell’Architettura), « Le Castelli e Ponti di maestro Nicola Zabaglia dans les éditions de 1743 et 1824 : un manuel pour la pratique de la construction et de la restauration en architecture »

Résumé : De la reconstruction de la basilique vaticane (1506) à la chute de l’état pontifical (1870), la Fabrique de Saint-Pierre a représenté l’un des modèles les plus influents en matière de construction pour l’époque moderne. L’extraordinaire efficacité atteinte dans l’organisation de la main d’œuvre et dans le perfectionnement des techniques constructives s’y conjugue à l’évolution des machines et des échafaudages employés pour la construction et la restauration.
Avec le début des travaux de restauration dans la basilique de Saint-Pierre à la fin du XVIIe siècle, la planification des échafaudages, fixes ou mobiles, devint une activité centrale du chantier du Vatican, grâce, notamment, à l’œuvre de Nicola Zabaglia, ingénieux « maître pontonnier » (mastro pontiere) capable de superviser les interventions d’entretien ordinaire ou extraordinaire dans les plus brefs délais et avec un succès assuré. La contribution de Zabaglia à la pratique constructive et à la restauration est fameuse depuis la publication du volume intitulé Castelli e Ponti di maestro Nicola Zabaglia, publié en 1743. Le volume marque le passage du traité au manuel d’architecture, se présentant comme une nouveauté radicale dans le domaine de la littérature technique. Il s’agit en effet d’un manuel précurseur qui, conservant la structure du traité, devient un instrument efficace de réaffirmation de la suprématie papale, et pas seulement en matière de construction.
La fortune critique du Castelli e Ponti est incontestée et durable ; la seconde édition, publiée en 1824 avec l’ajout de quelques planches, ne s’est pas ressentie des autres publications contemporaines telles que l’Architettura pratica de Giuseppe Valadier (1828-32) ou les manuels de Jean-Baptiste Rondelet (1802-17) et Nicola Cavalieri San Bertolo (1826-27), lesquels confirmèrent l’importance des inventions de Zabaglia et conseillèrent l’adoption de Castelli et Ponti par les écoles d’ingénieurs. Si, en effet, l’application de nouveaux systèmes de calcul et la plus grande familiarité aux méthodes scientifiques marquent un écart culturel avec les siècles précédents et la graduelle affirmation de l’ingénierie mécanique, au début du XIXe siècle s’affirma la nécessité d’établir de nouveaux modes d’enseignement pour tous les secteurs de la formation, y compris ceux de la formation professionnelle et artisanale. Ceux-ci furent réorganisés sur le modèle des Académies européennes et, surtout, des écoles des Arts et Métiers françaises. La Fabrique de Saint-Pierre elle-même créa une école pour ses « artisans », appelée Studio Pontificio delle Arti, à laquelle fut confiée la transmission de la tradition opérative et en premier lieu dans le secteur de la construction, mis en valeur dans l’œuvre de Zabaglia.
Cette contribution entend mettre en lumière les caractères et l’importance scientifique de cette extraordinaire publication in folio, ses rapports avec les traités de construction contemporains (italiens et, plus largement, européens) et avec la pratique opérative de son temps, ainsi que son influence sur la pratique de la restauration architectonique aux XVIIIe et XIXe siècles et les applications qui peuvent encore être les siennes aujourd’hui.

Nicoletta Marconi est architecte et professeur d’histoire de l’architecture à la faculté d’ingénierie de l’Université de Rome Tor Vergata. [6]

- Revue de publications récentes sur l’histoire de la construction :
Compte rendu de Philippe de La Hire, Entre architecture et sciences, Picard, 2013
Les sources du Traité d’Architecture de d’Alleman : la bibliographie du traité d’architecture

- AG de l’Association Française d’Histoire de la Construction (AFHC)


[1] Daniele Barbaro tenant dans sa main la première traduction en langue vulgaire du De Architectura de Vitruve dont les planches sont dessinées par Palladio

[2] Il a notamment publié :
(2011), (ed.) A História da Construção em Portugal - Alinhamentos e Fundações (L’Histoire de la Construction au Portugal – Alignements et Fondations). Coimbra : CES – Almedina, ISBN 978-972-40-4452-1.
(2002), Técnicas Tradicionais de Construção de Alvenarias. A literatura técnica de 1750 a 1900 e o seu contributo para a conservação de edifícios históricos (techniques traditionels de construction de maçonneries. La literature technique entre 1750 et 1900 et sa contribution pour la conservation de bâtiments historiques), Lisbonne : Livros Horizonte ISBN 972-24-1234-5.

[3] Il a publié de nombreux ouvrages et articles et notamment en référence avec le séminaire :
Le savoir de Palladio : architecture, métaphysique et politique dans la Venise du Cinquecento, Paris, Klincksieck, 1995. (Prix Eugène Carrière de l’Académie française)
Empire et décor. Le vitruvianisme et la question de la technique à l’âge humaniste et classique, avec 6 dessins de Didier Laroque, Paris, J. Vrin, 1999.
Leon Battista Alberti, L’art d’édifier, présentation, traduction et notes de P. Caye et F. Choay, Paris, Le Seuil, 2004 (2e édition en préparation).

[4] Il a notamment publié :
« L’art du trait géométrique à la française entre la pierre et le bois », dans Verso una progettazione stereotomica,, G. Fallacara éd., Rome, Aracne, 2007, pp. 65–85.
« Les traités du trait », dans El Arte de la Piedra. Teoría y Practica de la Cantería, Madrid, CEU Ediciones, 2009, pp. 71–99.
« Comparaison des traits de coupe des pierres et de charpente », dans Encyclopédie des métiers : la maçonnerie et la taille de pierre,. Paris, Presses du Compagnonnage, 2011, pp. 149 – 164.
« Curves Mastery at the Royal Academy of Architecture : The Case of Jules Hardouin-Mansart », dans Nuts and Bolts of Construction History. Culture, Technology and Society, R. Carvais, V. Nègre, A. Guillerme, and J. Sakarovitch éd.., Paris : Picard, 2012 , pp. 243–248.
« Le traité de la coupe des pierres », dans Philippe de La Hire, 1640-1718. Entre architecture et sciences, A. Becchi, H. Rousteau-Chambon, J. Sakarovitch dir., Paris : Picard, 2013.

[5] Il a publié de nombreux ouvrages et articles et notamment, en référence avec le séminaire :
« The spread of the XVIIth century vaults in Cremona. The case study of Magio Grasselli Palace », (avec A. Landi), dans Jerzy Jasienko, Structural analysis of historical constructions, Breslau, DWE, 2012, p.1136-1144.
« La Restauration de la Renaissance : sauvegarde et projet dans la Lombardie Autrichienne (1748-1848) », dans F.Lemerle et Y. Pauwels, Le XIXe siècle et l’architecture, Paris, Picard, 2010, p. 163-180.
« La diffusion de la littérature sur la stéréotomie dans l’Italie du Nord de la première moitié du XVIIIe siècle et ses traces bâties », dans R. Carvais, A. Guillerme, V. Nègre et J. Sakarovitch éd., Edifice et artifice. Histoires constructives, Paris, Picard, 2010, p. 196-206.

[6] Elle a publié de nombreux ouvrages et articles et notamment, en référence avec le séminaire :
Edificando Roma barocca. Macchine, apparati, maestranze e cantieri tra XVI e XVIII secolo, Città di Castello, Edimond, 2004.
Tradition and technological innovation on Roman building sites from the 16th to the 18th Century : construction machines, building practice and the diffusion of technical knowledge, in Practice and Science in Early Modern Italian Building. Toward an Epistemic History of Architecture, H. Schlimme éd., Milan, Electa, 2006, p. 137-152.
« Machine and Symbol : between Tradition in the Execution and Technical Progress. The erection of the Marian Column in Piazza Santa Maria Maggiore in Rome (1613-1614) », dans Proceedings of the Second International Congress on Construction History, M. Dunkeld éd., Londres, CHS, 2006, vol. 2, p. 2077-2093. _« The baroque Roman building yard : technology and building machines », dans Reverenda Fabbrica of St. Peter’s (16th-18th centuries), Proceedings of the First International Congress on Construction History, S. Huerta éd., Madrid, 2003, p. 1357-1367.
« Uno ex operariis et manualibus. Il contributo di Nicola Zabaglia (1664-1750) all’arte di formar macchine e ponti tra XVII e XIX secolo »,dans Magnificenze Vaticane. Tesori inediti dalla Fabbrica di San Pietro, A.M.Pergolizzi éd., Rome, 2008, p. 163-166.
« Technicians and master builders for restoration of the dome of St. Peter’s in Vatican in the 18th Century : the contribution of Nicola Zabaglia (1664-1750 »), dans Proceedings of Third International Congress on Construction History, 20-24 May 2009,Cottbus, Berlin, vol. 2, 2009, p. 991-1000.
« Innovation and Tradition in the Reconstruction of the Basilica of St. Paul Outside the Walls in Rome [1825-1928] : Technologies, Procedures, Protagonists », dans Nuts & Bolts of Construction Hitory, R. Carvais, A. Guillerme, V. Nègre et J. Sakarovitch éd., Paris, Picard, 2012, vol. 2, p. 181-189.